[17b,4] Τοῖς δ´ Αἰγυπτιακοῖς καὶ ταῦτα προσθετέον ὅσα
 ἰδιάζοντα, οἷον ὁ Αἰγύπτιος λεγόμενος κύαμος ἐξ οὗ
 τὸ κιβώριον, καὶ ἡ βύβλος· ἐνταῦθα γὰρ καὶ παρ´ Ἰνδοῖς 
 μόνον· ἡ δὲ περσέα ἐνταῦθα μόνον καὶ παρ´ Αἰθίοψι, 
 δένδρον μέγα, καρπὸν ἔχον γλυκὺν καὶ μέγαν,
 καὶ ἡ συκάμινος ἡ ἐκφέρουσα τὸν λεγόμενον καρπὸν
 συκόμορον· σύκῳ γὰρ ἔοικεν· ἄτιμον δ´ ἐστὶ κατὰ
 τὴν γεῦσιν· γίνεται δὲ καὶ τὸ κόρσιον καὶ ὅμοιόν τι
 πεπέρει τράγημα, μικρῷ αὐτοῦ μεῖζον. ἰχθύες δ´ ἐν τῷ
 Νείλῳ πολλοὶ μὲν καὶ ἄλλοι χαρακτῆρα ἔχοντες ἴδιον
 καὶ ἐπιχώριον, γνωριμώτατοι δὲ ὅ τε ὀξύρυγχος καὶ ὁ
 λεπιδωτὸς καὶ λάτος καὶ ἀλάβης καὶ κορακῖνος καὶ χοῖρος 
 καὶ φαγρώριος ὃν καὶ φάγρον καλοῦσιν, ἔτι σίλουρος 
 κιθαρὸς θρίσσα κεστρεὺς λύχνος φῦσα βοῦς·
 ὀστρακίων δὲ κοχλίαι μεγάλοι φωνὴν ὀλολυγόσιν ὁμοίαν 
 φθεγγόμενοι· ζῷα {δ´} ἐπιχώρια καὶ ὁ ἰχνεύμων
 καὶ ἡ ἀσπὶς ἡ Αἰγυπτία ἴδιόν τι ἔχουσα παρὰ τὰς ἐν
 ἄλλοις· διττὴ δ´ ἐστίν, ἡ μὲν σπιθαμιαία ἥπερ καὶ
 ὀξυθανατωτέρα, ἡ δ´ ἐγγὺς ὀργυιᾶς, ὡς καὶ Νίκανδρος 
 ὁ τὰ θηριακὰ γράψας εἴρηκε· καὶ τῶν ὀρνέων
 ἶβις καὶ ἱέραξ ὁ Αἰγύπτιος, ἥμερος παρὰ τοὺς ἄλλοθι,
 ὡς καὶ ἡ αἴλουρος· καὶ ὁ νυκτικόραξ ἰδιότροπος ἐνθάδε· 
 παρ´ ἡμῖν μὲν γὰρ ἀετοῦ μέγεθος ἴσχει καὶ
 φθέγγεται βαρύ, ἐν Αἰγύπτῳ δὲ κολοιοῦ μέγεθος καὶ
 φθογγὴ διάφορος· ἡμερώτατον δ´ ἡ ἶβις, πελαργώδης 
 μὲν κατὰ σχῆμα καὶ μέγεθος, διττὴ δὲ τὴν χρόαν,
 ἡ μὲν πελαργώδης ἡ δὲ ὅλη μέλαινα· μεστὴ δ´ αὐτῶν
 ἅπασα τρίοδος ἐν Ἀλεξανδρείᾳ, πῆ μὲν χρησίμως πῆ
 δ´ οὐ χρησίμως· χρησίμως μὲν ὅτι πᾶν θηρίον ἐκλέγει 
 καὶ τὰ ἐν τοῖς κρεωπωλίοις καὶ τοῖς ὀψοπωλίοις
 ἀποκαθάρματα, δυσχρήστως δὲ ὅτι παμφάγον καὶ
 ἀκάθαρτον καὶ δυσκόλως ἀπειργόμενον ἀπὸ τῶν καθαρείων 
 καὶ τῶν ἀλλοτρίων μολυσμοῦ παντός.
  | [17b,4] Mais nous ferons pour l'Egypte ce que nous venons de faire pour 
l'Ethiopie, afin de compléter ce que nous avons dit précédemment de cette 
contrée, nous énumérerons {tout ce qui n'appartient qu'à elle}, tout ce 
qui constitue son originalité : en premier lieu la fève d'Egypte, qui 
donne les vases appelés ciboires ; le byblus aussi, qui ne croît qu'ici et 
dans l'Inde ; le perséa, arbre de haute taille aux fruits charnus et 
succulents ; le sycaminus, dont le fruit appelé sycomorus ressemble 
effectivement à la figue (sykê), mais a un goût et une saveur qui ne sont 
pas autrement estimés ; enfin le corsium joint à certain condiment qu'on 
prendrait pour du poivre, si ce n'est qu'il est un peu plus gros. Les 
nombreuses espèces de poissons que nourrit le Nil ont également un 
caractère particulier et pour ainsi dire local ; les plus connues sont : 
l'oxyrhynque, le lépidote, le latus, l'alabès, le coracinus, le chorus, le 
phagrorius (ou comme on l'appelle aussi le phagrus), le silurus, le 
citharus, le thrissa, le cestreus, le lychnus, le physa, le boeuf. En fait 
de coquilles, nous citerons ces énormes conques sonores d'où semblent 
sortir des cris, des hurlements plaintifs ; et, en fait d'animaux 
terrestres, l'ichneumon, et l'aspic d'Egypte ainsi nommé parce que, 
comparé aux aspics des autres pays, il offre quelque chose de particulier 
: on en compte deux espèces, la petite, qui n'a pas plus d'une spithame de 
long, mais de qui la morsure tue plus vite ; et la grande, qui, ainsi que 
le marque déjà Nicandre, l'auteur des Thériaques, mesure près d'une orgye. 
En fait d'oiseaux, maintenant, il y a l'ibis et l'hiérax ou épervier 
d'Egypte, distinct des autres espèces en ce que, comme le chat, il se 
laisse ici quasi apprivoiser. Le nycticorax a de même en Egypte un type à 
part : celui de nos pays est grand comme un aigle et a un son de voix 
grave et rauque ; celui d'Egypte, au contraire, n'est pas plus grand qu'un 
geai et a un son de voix fort éclatant. Quant à l'ibis, on peut l'appeler 
ici l'oiseau domestique par excellence. Sa figure et sa taille sont celles 
de la cigogne, et il forme deux espèces distinctes, reconnaissables à leur 
couleur, l'une ayant le plumage absolument pareil à celui de la cigogne 
l'autre l'ayant tout noir. Il n'y a pas un carrefour d'Alexandrie qui ne 
soit rempli de ces oiseaux, utiles peut-être à certains égards, mais 
parfaitement inutiles pour tout le reste : s'ils servent en effet jusqu'à 
un certain point, en ce qu'ils donnent la chasse à toute espèce de bête ou 
de reptile immonde et en ce qu'ils se nourrissent de tous les détritus des 
boucheries et des marchés aux poissons, ils sont d'autre part extrêmement 
incommodes par leur voracité et leur malpropreté et par la peine qu'on a à 
les écarter des objets qu'on voudrait tenir propres et préserver de toute souillure.
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