[17b,2] ζῶσί τ´ ἀπὸ κέγχρου καὶ κριθῆς,
ἀφ´ ὧν καὶ ποτὸν ποιοῦσιν αὐτοῖς ἔστιν·
ἔλαιον δὲ βούτυρον καὶ στέαρ· οὐδ´ ἀκρόδρυα ἔχουσι
πλὴν φοινίκων ὀλίγων ἐν κήποις βασιλικοῖς· ἔνιοι δὲ
καὶ πόαν σιτοῦνται καὶ κλῶνας ἁπαλοὺς καὶ λωτὸν καὶ
καλάμου ῥίζαν· κρέασι δὲ χρῶνται καὶ αἵματι καὶ γάλακτι
καὶ τυρῷ. σέβονται δ´ ὡς θεοὺς τοὺς βασιλέας
κατακλείστους ὄντας καὶ οἰκουροὺς τὸ πλέον. ἔστι δὲ
τὸ μέγιστον αὐτοῖς βασίλειον ἡ Μερόη, πόλις ὁμώνυμος
τῇ νήσῳ· τὴν δὲ νῆσον θυρεοειδῆ φασι τὸ σχῆμα,
τό τε μέγεθος τάχα πρὸς ὑπερβολὴν εἴρηται μῆκος μὲν
ὅσον τρισχιλίων σταδίων εὖρος δὲ χιλίων. ἔχει δ´ ἡ
νῆσος συχνὰ καὶ ὄρη καὶ δάση μεγάλα· οἰκοῦσι δ´ οἱ
μὲν νομάδες οἱ δὲ θηρευτικοὶ οἱ δὲ γεωργοί· ἔστι δὲ
καὶ χαλκωρυχεῖα καὶ σιδηρουργεῖα καὶ χρυσεῖα καὶ
λίθων γένη πολυτελῶν· περιέχεται δ´ ἀπὸ μὲν τῆς
Λιβύης θισὶ μεγάλοις, ἀπὸ δὲ τῆς Ἀραβίας κρημνοῖς
συνεχέσιν, ἄνωθεν δ´ ἐκ νότου ταῖς * συμβολαῖς τῶν
ποταμῶν, τοῦ τε Ἀσταβόρα καὶ τοῦ Ἀστάποδος καὶ τοῦ
Ἀστασόβα· πρὸς ἄρκτον δ´ ἡ ἐφεξῆς ῥύσις τοῦ Νείλου
καὶ μέχρι Αἰγύπτου κατὰ τὴν λεχθεῖσαν πρότερον σκολιότητα
τοῦ ποταμοῦ. ἐν δὲ ταῖς πόλεσιν αἱ οἰκήσεις ἐκ
φοινικίνων σχιζῶν * διαπλεκόμεναι τοίχων ἢ πλίνθων·
ὀρυκτοὶ δὲ ἅλες καθάπερ ἐν τοῖς Ἄραψι· πλεονάζει δὲ
τῶν φυτῶν ὅ τε φοῖνιξ καὶ ἡ περσέα καὶ ὁ ἔβενος καὶ
ἡ κερατία· θήρα δὲ καὶ ἐλεφάντων ἐστὶ καὶ λεόντων
καὶ παρδάλεων· εἰσὶ δὲ καὶ δράκοντες οἱ ἐλεφαντομάχοι
καὶ ἄλλα θηρία πλείω· καταφεύγει γὰρ ἀπὸ τῶν
ἐμπυρωτέρων καὶ αὐχμηροτέρων ἐπὶ τὰ ὑδρηλὰ καὶ ἑλώδη.
| [17b,2] Le mil et l'orge qui forment le fond de la nourriture des Ethiopiens
leur fournissent en outre leur boisson habituelle. Ils n'ont point d'huile
et se servent de beurre et de graisse à la place. Leurs seuls arbres
fruitiers sont quelques palmiers qui ornent les jardins de leurs rois.
Pour une partie de la population le fond de la nourriture consiste en
herbes, en jeunes pousses d'arbres, en lotus ou en racines de calamus,
mais comporte aussi l'usage de la viande, du sang, du lait et du fromage.
Tous révèrent à l'égal des dieux la personne de leurs rois, lesquels
vivent enfermés et comme invisibles au fond de leurs palais. La plus
grande des villes ou résidences royales s'appelle Méroé, comme l'île
elle-même. L'île a, dit-on, la forme d'un bouclier, mais peut-être
exagère-t-on ses dimensions, quand on lui attribue 3000 stades de longueur
sur 1000 de largeur. Elle est couverte de montagnes et de grandes forêts
et compte pour habitants à la fois des nomades, des chasseurs et des
cultivateurs. Elle possède aussi des mines de cuivre, de fer et d'or,
ainsi que des gisements importants de diverses pierres précieuses. Bornée
du côté de la Libye par de hautes dunes et du côté de l'Arabie par une
chaîne d'escarpements, limitée dans sa partie supérieure, c'est-à-dire au
midi, par les confluents de l'Astaboras, de l'Astapus et de l'Astasobas,
elle a pour limite septentrionale la suite du cours du Nil et les
innombrables détours que fait ce fleuve jusqu'à la frontière d'Egypte,
détours dont nous avons déjà eu occasion de parler. Les maisons dans les
villes sont faites de petites lattes de palmier assemblées en manière de
treillis ou bâties en briques. Ici comme en Arabie se trouvent quelques
mines de sel gemme. Les arbres ou arbrisseaux qu'on rencontre le plus sont
le palmier, le persea, l'ébénier et le cératia. On chasse surtout
l'éléphant, le lion et le léopard, mais le pays est infesté en outre de
serpents assez forts pour s'attaquer à l'éléphant lui-même et de beaucoup
d'autres bêtes féroces, qui toutes fuient les régions trop desséchées,
trop brûlées par le soleil, pour chercher les terrains humides et marécageux.
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