| [16d,2] Ἐπάνειμι δὲ ἐπὶ τὰς Ἐρατοσθένους ἀποφάσεις
ἃς ἑξῆς περὶ τῆς Ἀραβίας ἐκτίθεται. φησὶ δὲ περὶ τῆς
προσαρκτίου καὶ ἐρήμης ἥτις ἐστὶ μεταξὺ τῆς τε εὐδαίμονος 
Ἀραβίας καὶ τῆς Κοιλοσύρων καὶ τῶν Ἰουδαίων μέχρι τοῦ μυχοῦ 
τοῦ Ἀραβίου κόλπου, διότι ἀπὸ
Ἡρώων πόλεως, ἥτις ἐστὶν {ἐν τῷ} πρὸς τὸν Νεῖλον μυχῷ
τοῦ Ἀραβίου κόλπου, πρὸς μὲν τὴν Ναβαταίων Πέτραν
εἰς Βαβυλῶνα πεντακισχίλιοι ἑξακόσιοι, πᾶσα μὲν πρὸς
ἀνατολὰς θερινάς, διὰ δὲ τῶν παρακειμένων Ἀραβίων
ἐθνῶν Ναβαταίων τε καὶ Χαυλοταίων καὶ Ἀγραίων·
ὑπὲρ δὲ τούτων ἡ εὐδαίμων ἐστίν, ἐπὶ μυρίους καὶ
δισχιλίους ἐκκειμένη σταδίους πρὸς νότον μέχρι τοῦ
Ἀτλαντικοῦ πελάγους. ἔχουσι δ´ αὐτὴν οἱ μὲν πρῶτοι
μετὰ τοὺς Σύρους καὶ τοὺς Ἰουδαίους ἄνθρωποι γεωργοί· 
μετὰ δὲ τούτους δίαμμός ἐστι γῆ καὶ λυπρά, φοίνικας ἔχουσα 
ὀλίγους καὶ ἄκανθαν καὶ μυρίκην καὶ
ὀρυκτὰ ὕδατα, καθάπερ καὶ ἡ Γεδρωσία· σκηνῖται δ´
ἔχουσιν αὐτὴν Ἄραβες καὶ καμηλοβοσκοί. τὰ δ´ ἔσχατα
πρὸς νότον καὶ ἀνταίροντα τῇ Αἰθιοπίᾳ βρέχεταί τε
θερινοῖς ὄμβροις καὶ δισπορεῖται παραπλησίως τῇ Ἰνδικῇ, 
ποταμοὺς δ´ ἔχει καταναλισκομένους εἰς πεδία
καὶ λίμνας, εὐκαρπία δ´ ἐστὶν ἥ τε ἄλλη καὶ μελιτουργεῖα δαψιλῆ, βοσκημάτων τε ἀφθονία πλὴν ἵππων καὶ
ἡμιόνων καὶ ὑῶν, ὄρνεά τε παντοῖα πλὴν χηνῶν καὶ
ἀλεκτορίδων. κατοικεῖ δὲ τὰ μέγιστα τέτταρα ἔθνη τὴν
ἐσχάτην λεχθεῖσαν χώραν, Μιναῖοι μὲν ἐν τῷ πρὸς
τὴν Ἐρυθρὰν μέρει, πόλις δ´ αὐτῶν ἡ μεγίστη Κάρνα
ἢ Κάρνανα· ἐχόμενοι δὲ τούτων Σαβαῖοι, μητρόπολις
δ´ αὐτῶν Μαρίαβα· τρίτοι δὲ Κατταβανεῖς καθήκοντες 
πρὸς τὰ στενὰ καὶ τὴν διάβασιν τοῦ Ἀραβίου κόλπου, 
τὸ δὲ βασίλειον αὐτῶν Τάμνα καλεῖται· πρὸς ἕω
δὲ μάλιστα Χατραμωτῖται, πόλιν δ´ ἔχουσι Σάβαταν.
 | [16d,2]  Mais revenons à Eratosthène et au tableau méthodique qu'il a tracé de 
l'Arabie. Suivant lui, l'Arabie septentrionale ou Arabie Déserte, comprise 
comme elle est entre l'Arabie Heureuse d'une part et la Coelé-Syrie, et la 
Judée d'autre part, puisqu'elle s'étend jusqu'au fond du golfe Arabique, 
mesure depuis l'extrémité de ce golfe qui regarde le Nil, c'est-à-dire 
depuis Héroopolis, dans la direction de Pétra (de Pétra de Nabatée) et 
jusqu'à Babylone, une longueur de 5600 stades, et cette longueur peut être 
représentée par une ligne tirée droit au levant d'été qui couperait les 
territoires des tribus Nabatéenne, Chaulatéenne et Agraeenne, toutes trois 
d'origine arabe, et qui se trouvent échelonnées sur la frontière dudit 
pays. Au-dessus de ces tribus, maintenant, est l'Arabie Heureuse, qui 
s'étend sur un espace de 12.000 stades et s'avance au midi jusqu'à la mer 
Atlantique. L'Arabie Heureuse est habitée par une population exclusivement 
agricole, la première de cette sorte que nous ayons rencontrée depuis les 
populations agricoles de la Syrie et de la Judée. Vient ensuite une 
contrée sablonneuse et stérile, qui offre pour toute végétation quelques 
rares palmiers, avec des acanthes et des tamaris, et qui n'a, comme la 
Gédrosie, que de l'eau de puits : cette contrée est habitée uniquement par 
des Arabes et par des pâtres ou éleveurs de chameaux. L'extrémité 
méridionale du pays en revanche, ou, en d'autres termes, la partie de 
l'Arabie qui semble s'avancer à la rencontre de l'Ethiopie, est largement 
arrosée par les pluies de l'été et donne, ainsi que l'Inde, deux récoltes 
par an. Ajoutons qu'elle possède un certain nombre de fleuves ou de cours 
d'eau qui vont se perdre, soit dans les plaines, soit dans des lacs ; que 
tous les produits de la terre y sont excellents, qu'elle fait en outre 
beaucoup de miel et nourrit une très grande quantité de têtes de bétail, 
parmi lesquelles, il est vrai, ne figurent ni chevaux, ni mulets, ni 
porcs, de même qu'on ne compte ni poules ni oies dans la multitude de 
volatiles qu'elle nourrit également. Quatre peuples principaux se 
partagent cette extrémité de l'Arabie : les Minaei le long de la mer 
Erythrée avec Carna ou Carnana pour capitale ; immédiatement après, les 
Sabaei avec Mariaba pour chef-lieu ; troisièmement les Cattabanées, dont 
le territoire s'étend jusqu'à l'étroit canal où s'opère habituellement la 
traversée du golfe et dont les rois ont pour résidence une ville appelée 
Tamna ; puis, pour finir, à l'extrémité orientale du pays, les 
Chatramôtitae avec la ville de Sabata pour capitale.
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