| [16a,9] Διαρρεῖται δ´ ὑπὸ πλειόνων μὲν ποταμῶν ἡ χώρα,
μεγίστων δὲ τοῦ τε Εὐφράτου καὶ τοῦ Τίγριος· μετὰ
γὰρ τοὺς Ἰνδικοὺς οὗτοι λέγονται δευτερεύειν κατὰ
τὰ νότια μέρη τῆς Ἀσίας οἱ ποταμοί· ἔχουσι δ´ ἀνάπλους 
ὁ μὲν ἐπὶ τὴν Ὦπιν καὶ τὴν νῦν Σελεύκειαν (ἡ
δὲ Ὦπις κώμη ἐμπόριον τῶν κύκλῳ τόπων) ὁ δ´ ἐπὶ
Βαβυλῶνα πλειόνων ἢ τρισχιλίων σταδίων. οἱ μὲν οὖν
Πέρσαι τοὺς ἀνάπλους ἐπίτηδες κωλύειν θέλοντες
φόβῳ τῶν ἔξωθεν ἐφόδων καταράκτας χειροποιήτους
κατεσκευάκεισαν· ὁ δὲ Ἀλέξανδρος ἐπιὼν ὅσους οἷός
τε ἦν ἀνεσκεύασε, καὶ μάλιστα τοὺς ἐπὶ τὴν Ὦπιν.
ἐπεμελήθη δὲ καὶ τῶν διωρύγων· πλημμυρεῖ γὰρ ὁ
Εὐφράτης κατὰ τὴν ἀρχὴν τοῦ θέρους ἀπὸ τοῦ ἔαρος
ἀρξάμενος, ἡνίκα τήκονται αἱ χιόνες αἱ ἀπὸ τῆς Ἀρμενίας, 
ὥστ´ ἀνάγκη λιμνάζειν καὶ κατακλύζεσθαι τὰς
ἀρούρας, εἰ μὴ διοχετεύει τις ταφρείαις καὶ διώρυξι τὸ
ἐκπῖπτον τοῦ ῥοῦ καὶ ἐπιπολάζον ὕδωρ, καθάπερ καὶ
ἐν Αἰγύπτῳ τὸ τοῦ Νείλου· ἐντεῦθεν μὲν οὖν αἱ διώρυγες γεγένηνται. 
χρεία δέ ἐστιν ὑπουργίας μεγάλας·
βαθεῖα γὰρ ἡ γῆ καὶ μαλακὴ καὶ εὐένδοτος ὥστε καὶ
ἐκσύρεται ῥᾳδίως ὑπὸ τῶν ῥευμάτων καὶ γυμνοῖ τὰ
πεδία, πληροῖ δὲ τὰς διώρυγας καὶ τὰ στόματα αὐτῶν
ἐμφράττει ῥᾳδίως ἡ χοῦς· οὕτω δὲ συμβαίνει πάλιν
τὴν ὑπέρχυσιν τῶν ὑδάτων εἰς τὰ πρὸς τῇ θαλάττῃ
πεδία ἐκπίπτουσαν λίμνας ἀποτελεῖν καὶ ἕλη καὶ καλαμῶνας, 
ἐξ ὧν καλάμινα πλέκεται παντοῖα σκεύη, τὰ 
μὲν ὑγροῦ δεκτικὰ τῇ ἀσφάλτῳ περιαλειφόντων, τοῖς
δ´ ἄλλοις ψιλῶς χρωμένων· καὶ ἱστία δὲ ποιοῦνται καλάμινα 
ψιάθοις ἢ ῥιψὶ παραπλήσια. | [16a,9] Elle est arrosée par plusieurs fleuves, par l'Euphrate et le Tigre 
notamment, qui sont sans conteste les plus importants de tous, puisque, 
dans la nomenclature hydrographique de l'Asie méridionale, on leur assigne 
le second rang, et qu'on les classe tout de suite après les fleuves de 
l'Inde. L'Euphrate et le Tigre peuvent être remontés, l'un jusqu'à la 
hauteur d'Opis et de la moderne Séleucie (Opis est l'emporium ou marché de 
tout le pays environnant), l'autre jusqu'à Babylone, à plus de 3000 stades 
de la mer. Les Perses, il est vrai, dans la crainte d'attaques 
extérieures, avaient voulu empêcher qu'on remontât aisément ces deux 
fleuves depuis leur embouchure, et ils en avaient à cet effet obstrué le 
cours inférieur par des estacades et des cataractes artificielles ; mais 
Alexandre ne fut pas plus tôt arrivé dans le pays qu'il fit détruire tout 
ce qu'il put de ces ouvrages de défense, principalement tous les barrages 
du Tigre au-dessous d'Opis. Alexandre donna aussi tous ses soins aux 
canaux. On sait que l'Euphrate déborde chaque année dans les premiers 
jours de l'été : la crue du fleuve, qui a commencé avec le printemps et 
dès la fonte des neiges dans les montagnes de l'Arménie, prend alors de 
telles proportions que les campagnes seraient immanquablement converties 
en lacs et submergées, si, à l'aide de fossés et de canaux, on ne dérivait 
ces eaux débordées et ce trop-plein du fleuve, comme on fait en Egypte 
pour les débordements du Nil. C'est ce danger qui a donné naissance aux 
canaux de la Babylonie. Mais les canaux, de leur côté, exigent de grands 
travaux d'entretien. La couche de terre végétale dans tout ce pays est si 
profonde, cette terre est si molle, elle a si peu de consistance, qu'elle 
cède aisément à la force du courant. Or, en même temps qu'elle est perdue 
pour les plaines et qu'elle laisse celles-ci dénudées et appauvries 
d'autant, cette terre encombre le lit des canaux, dont elle a bientôt fait 
d'envaser et d'obstruer l'embouchure. Par suite de cet envasement, les 
canaux naturellement débordent à leur tour et l'on voit se former de leur 
fait, sur toute l'étendue des plaines du littoral, des lacs, des étangs, 
des marais, bientôt couverts de roseaux et de joncs. Disons à ce propos 
qu'avec les fibres artistement tressées de ces plantes on fait dans le 
pays toute sorte de petits ustensiles, dont quelques-uns peuvent même 
contenir de l'eau (ceux-là sont revêtus tout autour d'un enduit 
d'asphalte), mais généralement on les laisse dans leur état naturel et on 
les affecte à d'autres usages. On fait aussi de la même manière des voiles 
de navire qui ressemblent à des nattes, à des claies. |