| [16a,24] Πρὸς δὲ τῷ Τίγρει τὰ τῶν Γορδυαίων χωρία οὓς
οἱ πάλαι Καρδούχους ἔλεγον, καὶ αἱ πόλεις {αὐτ}ῶν
Σάρεισά τε καὶ Σάταλκα καὶ Πίνακα, κράτιστον ἔρυμα,
τρεῖς ἄκρας ἔχουσα, ἑκάστην ἰδίῳ τείχει τετειχισμένην,
ὥστε οἷον τρίπολιν εἶναι. ἀλλ´ ὅμως καὶ ὁ Ἀρμένιος
εἶχεν ὑπήκοον καὶ οἱ Ῥωμαῖοι βίᾳ παρέλαβον, καίπερ
ἔδοξαν οἱ Γορδυαῖοι διαφερόντως ἀρχιτεκτονικοί τινες
εἶναι καὶ πολιορκητικῶν ὀργάνων ἔμπειροι· διόπερ
αὐτοῖς εἰς ταῦτα ὁ Τιγράνης ἐχρῆτο. ἐγένετο δὲ καὶ ἡ
λοιπὴ Μεσοποταμία ὑπὸ Ῥωμαίοις, Πομπήιος δ´ αὐτῆς 
τὰ πολλὰ τῷ Τιγράνῃ προσένειμεν ὅσα ἦν ἀξιόλογα· 
ἔστι γὰρ εὔβοτος ἡ χώρα καὶ εὐερνὴς ὥστε καὶ
τὰ ἀειθαλῆ τρέφειν καὶ ἄρωμα τὸ ἄμωμον· καὶ λεοντοβότος 
ἐστί· φέρει δὲ καὶ τὸν νάφθαν καὶ τὴν γαγγῆτιν λίθον, 
ἣν φεύγει τὰ ἑρπετά. | [16a,24] A son tour, la partie riveraine du Tigre est occupée par les 
Gordyéens, descendants des anciens Carduques ; entre autres villes 
remarquables que renferme la Gordyène, nous citerons Sarisa, Satalca, et 
la forteresse de Pinaca, bâtie sur trois collines escarpées, dont chacune 
a son mur d'enceinte, ce qui donne à l'ensemble l'aspect d'une cité 
tripolitaine. Si forte qu'elle fût, cette place obéissait depuis longtemps 
au roi d'Arménie, quand les Romains à leur tour l'enlevèrent d'assaut, en 
dépit de la réputation que les Gordyéens s'étaient faite d'être des 
architectes, des ingénieurs militaires incomparables, réputation qui les 
avait fait employer souvent en cette qualité par Tigrane. Tout le reste de 
la vallée du Tigre étant tombé de même au pouvoir des Romains, Pompée en 
attribua à Tigrane la plus grande et la meilleure partie. Or le pays 
possède de très riches pâturages et des cantons entiers où la végétation a 
tant de force, qu'il y pousse jusqu'à des arbres à feuillage persistant et 
qu'on y récolte jusqu'à des aromates, jusqu'à de l'amome, par exemple. 
Ajoutons que le pays nourrit un très grand nombre de lions, qu'il possède 
des sources de naphte et cette pierre dite gangitide qui écarte les 
serpents. |