[15b,2] Ἁλιτενὴς δ´ ἐστὶν ἡ τῶν Ἰχθυοφάγων καὶ ἄδενδρος
ἡ πλείστη {πλὴν} φοινίκων καὶ ἀκάνθης τινὸς καὶ
μυρίκης· καὶ ὑδάτων δὲ καὶ τροφῆς ἡμέρου σπάνις·
τοῖς δ´ ἰχθύσι χρῶνται καὶ αὐτοὶ καὶ θρέμματα καὶ
τοῖς ὀμβρίοις ὕδασι καὶ ὀρυκτοῖς· καὶ τὰ κρέα δὲ τῶν
θρεμμάτων ἰχθύων προσβάλλει· οἰκήσεις δὲ ποιοῦνται
τοῖς ὀστέοις τῶν κητῶν χρώμενοι καὶ κόγχοις
ὀστρέων τὸ πλέον, δοκοῖς μὲν ταῖς πλευραῖς καὶ ὑπερείσμασι,
θυρώμασι δὲ ταῖς σιαγόσιν· οἱ σπόνδυλοι δ´
αὐτοῖς εἰσιν ὅλμοι, ἐν οἷς πτίττουσι τοὺς ἰχθύας ἐν
ἡλίῳ κατοπτήσαντες, εἶτ´ ἀρτοποιοῦνται σίτου μικρὰ
καταμίξαντες· καὶ γὰρ μύλοι αὐτοῖς εἰσι, σιδήρου μὴ
ὄντος. καὶ τοῦτο μὲν ἧττον θαυμαστόν· καὶ γὰρ ἄλλοθεν
ἐνέγκασθαι δυνατόν· ἀλλὰ πῶς ἐπικόπτουσιν
ἀποτριβέντα; λίθοις μέντοι φασίν, οἷς καὶ τὰ βέλη
καὶ τὰ ἀκοντίσματα πεπυρακτωμένα ἀποξύνουσι. τοὺς
δ´ ἰχθύας τοὺς μὲν ἐν κλιβάνοις κατοπτῶσι, τοὺς δὲ
πλείστους ὠμοφαγοῦσι· περιβάλλονται δὲ δικτύοις
φλοιοῦ φοινικίνου.
| [15b,2] La côte des Ichthyophages est basse et presque entièrement dépourvue
d'arbres, autres que des palmiers, des arbustes épineux d'une espèce
particulière et des tamariscs. L'eau et les céréales y étant d'une extrême
rareté, les habitants n'ont, pour se nourrir, eux et leurs bestiaux, que
du poisson, et, pour s'abreuver, que de l'eau de pluie et de l'eau qu'ils
tirent de puits creusés {au fur et à mesure de leurs besoins}. Ajoutons
que la chair de leur bétail sent le poisson. Leurs maisons sont
généralement bâties avec des os de cétacés et avec des écailles soit
d'huîtres, soit d'autres coquillages : les côtes des cétacés leur tiennent
alors lieu de poutres et de piliers, et des mâchoires ils font des portes.
Ils utilisent jusqu'aux vertèbres, s'en servant comme de mortiers, pour y
piler le poisson, préalablement cuit au soleil, qui, mélangé d'un peu de
farine, est leur unique pain. Les Ichthyophages ont en effet des meules
pour moudre leur blé, bien que leur pays ne produise pas de fer. Mais le
fer, on peut toujours en faire venir du dehors, il n'y a donc à cela rien
d'étonnant. Ce qu'on se demande, c'est comment ils font pour aiguiser
leurs meules quand le frottement les a usées. On croit pourtant qu'ils se
servent à cet effet des mêmes pierres, avec lesquelles ils affilent leurs
flèches et leurs épieux durcis au feu. Les Ichthyophages ont aussi des
fours où ils mettent cuire quelquefois leur poisson, mais le plus souvent
ils le mangent cru. Pour le prendre, ils se servent de filets faits
d'écorces de palmiers.
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