[15b,13] Λέγουσι μὲν οὖν καὶ οἱ νῦν πλέοντες εἰς Ἰνδοὺς
μεγέθη θηρίων καὶ ἐπιφανείας, ἀλλ´ οὔτε ἀθρόων οὔτ´
ἐπιφερομένων πολλάκις, ἀλλ´ ἀποσοβηθέντα τῇ κραυγῇ
καὶ τῇ σάλπιγγι ἀπαλλάττεσθαι. φασὶ δ´ αὐτὰ μὲν μὴ
πλησιάζειν τῇ γῇ, τὰ δ´ ὀστᾶ διαλυθέντων ψιλωθέντα
ἐκκυμαίνεσθαι ῥᾳδίως καὶ χορηγεῖν τὴν λεχθεῖσαν
ὕλην τοῖς Ἰχθυοφάγοις περὶ τὰς καλυβοποιίας.
μέγεθος δὲ τῶν κητῶν φησιν ὁ Νέαρχος τριῶν καὶ εἴκοσιν
ὀργυιῶν. πιστευθέν τι δὲ ἱκανῶς ὑπὸ τῶν ἐν τῷ στόλῳ
φησὶν ὁ Νέαρχος ἐξελέγξαι ψεῦδος ὄν, ὡς εἴη τις ἐν τῷ
πόρῳ νῆσος ἡ ἀφανίζοι τοὺς προσορμισθέντας· κέρκουρον
γάρ τινα πλέοντα, ἐπειδὴ κατὰ τὴν νῆσον ταύτην ἐγεγόνει,
μηκέτι ὁραθῆναι· πεμφθέντας δέ τινας
ἐπὶ τὴν ζήτησιν ἐκβῆναι μὲν μὴ θαρρεῖν εἰς τὴν νῆσον,
ἐκπλέοντας δ´ ἀνακαλεῖν κραυγῇ τοὺς ἀνθρώπους,
μηδενὸς δ´ ὑπακούοντος ἐπανελθεῖν. ἁπάντων δ´ αἰτιωμένων τὴν νῆσον αὐτὸς ἔφη πλεῦσαι καὶ προσορμισθεὶς ἐκβῆναι μετὰ μέρους τῶν συμπλευσάντων καὶ περιελθεῖν τὴν νῆσον· ὡς δ´ οὐδὲν
εὕρισκεν ἴχνος τῶν ζητουμένων, ἀπογνόντα ἐπανελθεῖν καὶ διδάξαι
τοὺς ἀνθρώπους ὡς ἡ μὲν νῆσος ψευδῆ τὴν αἰτίαν
ἔχοι (καὶ γὰρ αὐτῷ καὶ τοῖς συνεκβᾶσιν ὁ αὐτὸς ὑπάρξαι {ἂν} φθόρος), ἄλλος δέ τις τῷ κερκούρῳ τρόπος τοῦ
ἀφανισμοῦ συμβαίη, μυρίων ὄντων δυνατῶν.
| [15b,13] Aujourd'hui encore, les voyageurs qui font la traversée de l'Inde
parlent de ces monstres marins et des rencontres qu'ils en ont faites,
mais il ne s'agit jamais que de rencontres isolées et presque toujours
inoffensives, les baleines s'effarouchant et s'enfuyant dès qu'elles
entendent les cris de l'homme ou le bruit des trompettes. Les mêmes
voyageurs ajoutent que ces animaux n'approchent point des côtes, mais
qu'après leur mort, quand leurs os ont été dépouillés de toute chair, la
mer les rejette aisément, fournissant ainsi aux Ichthyophages (nous-mêmes
l'avons dit plus haut) de précieux matériaux pour la construction de leurs
huttes. La longueur des baleines, s'il faut en croire Néarque, peut
atteindre à vingt-trois orgyes. Il y avait aussi parmi les marins de la
flotte un préjugé fortement enraciné. Néarque raconte comment il en
démontra la fausseté. Il s'agissait d'une île située sur leur route et
dont aucun vaisseau soi-disant ne pouvait approcher sans disparaître à
l'instant. On citait pour exemple certain kerkure qui, naviguant dans les
mêmes parages, avait été perdu de vue comme il approchait de cette île, et
dont on n'avait plus eu de nouvelles. On avait envoyé des hommes à sa
recherche, mais ces hommes n'avaient pas osé débarquer dans l'île et
s'étaient contentés d'en ranger les bords de très près en appelant à
grands cris les absents ; puis, comme personne ne leur avait répondu, ils
avaient rebroussé chemin. Voyant que tout son monde s'en prenait à l'île
elle-même de la perte de ce kerkure, Néarque (c'est lui qui le raconte)
s'y transporta de sa personne, et, y ayant abordé, il descendit à terre
avec une partie des matelots qui l'avaient accompagné et fit le tour de
l'île, mais sans plus trouver trace de ceux qu'il cherchait. Il renonça
alors à chercher davantage, et, ayant rejoint sa flotte, il déclara à tous
les équipages, assemblés que l'île avait été calomniée, puisque autrement
lui et ses compagnons auraient infailliblement péri, et qu'en conséquence
il fallait attribuer la perte et la disparition du kerkure à une autre
cause, c'est-à-dire à l'une des mille chances de destruction qui menacent
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