[14e,24] Φαίνεται δ´ οὔτε τοῦ Ἐφόρου τὴν ἀπόφασιν διαιτῶν
ἱκανῶς τά τε τοῦ ποιητοῦ ταράττων καὶ καταψευδόμενος.
Ἐφόρου τε γὰρ τοῦτο πρῶτον ἀπαιτεῖν
ἐχρῆν, τί δὴ τοὺς Χάλυβας τίθησιν ἐντὸς τῆς χερρονήσου
τοσοῦτον ἀφεστῶτας καὶ Σινώπης καὶ Ἀμισοῦ
πρὸς ἕω; οἱ γὰρ λέγοντες τὸν ἰσθμὸν τῆς χερρονήσου
ταύτης τὴν ἀπὸ Ἰσσοῦ γραμμὴν ἐπὶ τὸν Εὔξεινον, ὡς
ἂν μεσημβρινήν τινα τιθέασι ταύτην, {ἣν} οἱ μὲν εἶναι
νομίζουσι τὴν ἐπὶ Σινώπης οἱ δὲ τὴν ἐπ´ Ἀμισοῦ, ἐπὶ
δὲ τῶν Χαλύβων οὐδείς· λοξὴ γάρ ἐστι τελέως. ὁ γὰρ
δὴ διὰ Χαλύβων μεσημβρινὸς διὰ τῆς μικρᾶς Ἀρμενίας
γράφοιτ´ ἂν καὶ τοῦ Εὐφράτου τὴν Καππαδοκίαν ὅλην
ἐντὸς ἀπολαμβάνων καὶ τὴν Κομμαγηνὴν καὶ τὸν
Ἀμανὸν καὶ τὸν Ἰσσικὸν κόλπον. εἰ δ´ οὖν καὶ τὴν
λοξὴν γραμμὴν ὁρίζειν τὸν ἰσθμὸν συγχωρήσαιμεν,
τὰ πλεῖστά γε τούτων καὶ μάλιστα ἡ Καππαδοκία ἐντὸς ἀπολαμβάνοιτ´ ἂν καὶ ὁ νῦν ἰδίως λεγόμενος Πόντος τῆς Καππαδοκίας μέρος ὢν τὸ πρὸς τῷ Εὐξείνῳ,
ὥστ´ εἰ τοὺς Χάλυβας τῆς χερρονήσου θετέον μέρος,
πολὺ μᾶλλον τοὺς Κατάονας καὶ Καππάδοκας ἀμφοτέρους
καὶ Λυκάονας δέ, οὓς καὶ αὐτοὺς παρῆκε. διὰ
τί δ´ ἐν τοῖς μεσογαίοις ἔταξε τοὺς Χάλυβας, οὓς ὁ
ποιητὴς Ἁλιζῶνας ἐκάλεσεν, ὥσπερ καὶ ἡμεῖς ἀπεδείξαμεν;
ἄμεινον γὰρ ἦν διελεῖν καὶ τοὺς μὲν ἐπὶ τῇ θαλάττῃ φάναι
τοὺς δὲ ἐν τῇ μεσογαίᾳ· ὅπερ καὶ ἐπὶ τῆς
Καππαδοκίας ποιητέον καὶ τῆς Κιλικίας. ὁ δὲ τὴν μὲν
οὐδ´ ὠνόμακε, τοὺς Κίλικας δὲ τοὺς ἐπὶ τῇ θαλάττῃ
μόνον εἴρηκεν. οἱ οὖν ἐπ´ Ἀντιπάτρῳ τῷ Δερβήτῃ καὶ
οἱ Ὁμοναδεῖς καὶ ἄλλοι πλείους οἱ συνάπτοντες τοῖς
Πισίδαις, „οἳ οὐκ ἴσασι θάλατταν ἀνέρες, οὐδέ θ´
„ἅλεσσι μεμιγμένον εἶδαρ ἔδουσι“ τίνα λάβωσι τάξιν;
ἀλλ´ οὐδὲ Λυδοὺς οὐδὲ Μῄονας εἴρηκεν, εἴτε δύο εἴθ´
οἱ αὐτοί εἰσι, καὶ εἴτε καθ´ ἑαυτοὺς εἴτ´ ἐν ἑτέρῳ γένει
περιεχομένους. οὕτω γὰρ ἐπίσημον ἔθνος οὐκ ἀποκρύψαι
δυνατόν, ὅ τε μὴ λέγων περὶ αὐτοῦ μηδὲν οὐκ
ἂν δόξειε παραλιπεῖν τι τῶν κυριωτάτων;
| [14e,24] Or, de tout ce qui précède, il ressort pour nous qu'Apollodore n'a pas
fait du texte d'Ephore les critiques qu'il y avait à faire, et que,
d'autre part, quand il cite Homère, il ne respecte pas plus l'ordre que le
sens des paroles du Poète. Ce dont il fallait d'abord demander compte à
Ephore, c'est pourquoi il avait placé les Chalybes au dedans de la
péninsule, eux qui habitaient tellement plus à l'est que Sinope et
qu'Amisus ; car ceux qui représentent l'isthme de cette presqu'île par une
ligne allant d'Issus à l'Euxin conçoivent tous cette ligne comme une
manière de méridien, la faisant aboutir seulement, les uns à Sinope, les
autres à Amisus, mais on ne voit pas qu'aucun ait figuré l'isthme par une
ligne aboutissant au pays des Chalybes, ligne qui serait nécessairement
oblique et fort différente du méridien du pays des Chalybes, puisque
celui-ci, figuré graphiquement, traverse la Petite-Arménie et coupe
l'Euphrate, laissant en deçà ou interceptant 1a Cappadoce tout entière, la
Commagène, l'Amanus et le golfe d'Issus. En supposant donc que nous
admettions la susdite oblique comme pouvant déterminer à la rigueur et
représenter l'isthme, la plus grande partie des contrées que nous venons
d'énumérer et notamment la Cappadoce, ainsi que la contrée attenante à
l'Euxin nommée actuellement le Pont et qui n'est qu'un démembrement de la Cappadoce, demeureraient encore en dedans de cette ligne. Et, comme on
veut à toute force que les Chalybes aient appartenu à la presqu'île
elle-même, à plus forte raison devait-on y comprendre les Cataoniens, les
Cappadociens de l'une et de l'autre Cappadoce, les Lycaoniens. Or ces
mêmes peuples ne figurent pas dans l'énumération d'Ephore. Pourquoi aussi avoir rangé les Chalybes parmi les populations méditerranées, puisqu'il
est avéré (nous l'avons démontré ci-dessus) que ce peuple est le même
qu'Homère a désigné sous le nom d'Halizones ?
Il eût bien mieux valu partager en deux la nation des Chalybes et
distinguer d'un côté, les Chalybes maritimes, et de l'autre les Chalybes
de l'intérieur. Il eût fallu faire qui plus est la même chose et pour la
Cappadoce et pour la Cilicie. Mais Ephore ne prononce même pas le nom de
Cappadoce ; et, des deux Cilicies, la Cilicie maritime est la seule qu'il
mentionne, si bien qu'on se demande ce que deviennent à ce compte et les
sujets d'Antipater Derbétès et les Homonadées et plusieurs autres peuples
encore qui, voisins notoires de la Pisidie, sont de ceux «qui ne
connaissent point la mer et qui ne mangent aucun mets où le sel soit mêlé»
(Od. II, 122). Où placer ces différents peuples ? Et les Lydiens, les
Maeoniens, dont Ephore ne parle pas non plus ? sont-ce deux peuples
distincts, ou le même peuple sous deux noms différents ? Etaient-ils
indépendants ou vivaient-il mêlés et confondus avec une autre nation ? Que
des noms si marquants aient pu rester ignorés, c'est ce qu'on ne saurait
admettre : Ephore en ne les mentionnant pas s'est donc rendu coupable
d'une omission capitale. Comment Apollodore ne l'a-t-il pas compris ?
|