| [14e,22] Ὁ γὰρ Ἀπολλόδωρος ἐν τοῖς περὶ νεῶν ἔτι καὶ
τοιαῦτα λέγει· τοὺς γὰρ ἐκ τῆς Ἀσίας ἐπικούρους τῶν
Τρώων ἅπαντας καταριθμεῖσθαί φησιν ὑπὸ τοῦ ποιητοῦ 
τῆς χερρονήσου κατοίκους ὄντας, ἧς ὁ στενώτατος
ἰσθμός ἐστι τὸ μεταξὺ τοῦ κατὰ Σινώπην μυχοῦ καὶ
Ἰσσοῦ· „αἱ δ´ ἐκτὸς πλευραί“ φησί „τριγωνοειδοῦς
οὔσης, εἰσὶ μὲν ἄνισοι, παρήκουσι δὲ ἡ μὲν ἀπὸ Κιλικίας 
ἐπὶ Χελιδονίας, ἡ δ´ ἐνθένδε ἐπὶ τὸ στόμα τοῦ
Εὐξείνου, ἡ δ´ ἐπὶ Σινώπην πάλιν ἐνθένδε.“ τὸ μὲν
οὖν μόνους τοὺς ἐν τῇ χερρονήσῳ διὰ τῶν αὐτῶν
ἐλέγχοιτ´ ἂν ψεῦδος ὂν δι´ ὧν ἠλέγξαμεν πρότερον
μὴ μόνους τοὺς ἐντὸς Ἅλυος. οἱ γὰρ περὶ Φαρνακίαν
τόποι ἐν οἷς τοὺς Ἁλιζώνους ἔφαμεν, ὥσπερ ἔξω τοῦ
Ἅλυός εἰσιν, οὕτω καὶ ἔξω τοῦ ἰσθμοῦ, εἴπερ καὶ τῶν
στενῶν τῶν μεταξὺ Σινώπης καὶ Ἰσσοῦ, καὶ οὐ τούτων
γε μόνων ἀλλὰ καὶ τῶν κατ´ ἀλήθειαν στενῶν τῶν
μεταξὺ Ἀμισοῦ τε καὶ Ἰσσοῦ· οὐδὲ γὰρ ἐκεῖνος ὀρθῶς
ἀφώρισται τὸν ἰσθμὸν καὶ τὰ κατ´ αὐτὸν στενά, ἐκεῖνα
ἀντὶ τούτων τιθείς. πάντων δ´ εὐηθέστατον τὸ τὴν
χερρόνησον τριγωνοειδῆ φήσαντα τρεῖς ἀποφήνασθαι
τὰς ἔξω πλευράς· ὁ γὰρ τὰς ἔξω λέγων πλευρὰς ἔοικεν
ὑπεξαιρουμένῳ τὴν κατὰ τὰ στενά, ὡς καὶ ταύτην οὖσαν 
πλευράν, οὐκ ἔξω δὲ οὐδ´ ἐπὶ θαλάττῃ. εἰ μὲν
τοίνυν τὰ στενὰ ταῦτα οὕτως ἦν συνηγμένα ὥστε μικρὸν 
ἀπολείπειν τοῦ συνάπτειν  ἐπ´ ἀλλήλαις τήν τε
ἐπὶ Ἰσσὸν καὶ τὴν ἐπὶ Σινώπην πίπτουσαν πλευράν,
συνεχώρει ἂν τριγωνοειδῆ λέγεσθαι τὴν χερρόνησον·
νῦν δέ γε τρισχιλίους σταδίους ἀπολειπόντων μεταξὺ
τῶν ὑπ´ αὐτοῦ λεγομένων στενῶν, ἀμαθία τὸ λέγειν
τριγωνοειδὲς τὸ τοιοῦτον τετράπλευρον, οὐδὲ χωρογραφικόν. 
ὁ δὲ καὶ χωρογραφίαν ἐξέδωκεν ἐν κωμικῷ μέτρῳ γῆς περίοδον ἐπιγράψας. μένει δ´ ἡ αὐτὴ ἀμαθία κἂν εἰς τοὐλάχιστον 
καταγάγῃ διάστημά τις τὸν ἰσθμόν, ὅσον εἰρήκασιν οἱ πλεῖστον ψευσάμενοι τὸ ἥμισυ τοῦ παντός, ὅσον εἴρηκε καὶ Ἀρτεμίδωρος, χιλίους καὶ πεντακοσίους σταδίους· οὐδὲ γὰρ τοῦτο συναγωγήν 
πω τριγωνοειδοῦς ποιεῖ σχήματος. ἀλλ´  οὐδὲ
τὰς πλευρὰς ὀρθῶς διῄρηται τὰς ἔξω τὴν ἀπὸ Ἰσσοῦ
μέχρι Χελιδονίων εἰπών· λοιπὴ γάρ ἐστιν ὅλη ἐπ´ εὐθείας 
ἡ Λυκιακὴ παραλία ταύτῃ, καὶ ἡ τῶν Ῥοδίων περαία μέχρι Φύσκου·  ἐντεῦθεν δὲ καμπὴν λαβοῦσα ἡ
ἤπειρος ἄρχεται τὴν δευτέραν καὶ δυσμικὴν ποιεῖν
πλευρὰν ἄχρι Προποντίδος καὶ Βυζαντίου.
 | [14e,22] Nous relevons ce qui suit dans le Commentaire d'Apollodore sur le 
Catalogue des vaisseaux. Après avoir dit que «les auxiliaires asiatiques 
des Troyens dont le Poète énumère les noms habitaient tous sans exception 
la presqu'île qui se trouve avoir comme plus petit isthme l'intervalle 
compris entre l'enfoncement formé par la côte d'Asie près de Sinope et le 
golfe d'Issus», Apollodore ajoute ceci : «Les côtés extérieurs de cette 
presqu'île (laquelle, on le sait, a la forme d'un triangle) sont d'inégale 
longueur, s'étendant, le premier depuis la Cilicie jusqu'aux Chélidonies, 
le second depuis les Chélidonies jusqu'à l'ouverture ou bouche de l'Euxin, 
et le troisième depuis l'ouverture de l'Euxin jusqu'à Sinope». Or rien ne 
nous serait plus facile que de démontrer la fausseté de cette première 
assertion, «que les auxiliaires asiatiques des Troyens avaient été fournis 
exclusivement par la presqu'île», et cela en reproduisant les mêmes 
raisons qui nous ont servi précédemment à établir que Troie n'avait pas 
été secourue uniquement par les populations d'en deçà de l'Halys : le 
canton de Pharnacie où habitait, comme nous l'avons prouvé, la nation des 
Halizones, se trouve situé en effet non seulement au delà de l'Halys, mais 
en dehors même de l'isthme de la presqu'île, aussi bien du faux isthme 
compris entre Sinope et Issus que de l'isthme véritable ayant pour points 
extrêmes Amisus et Issus (car il est à noter aussi qu'Apollodore a mal 
déterminé l'étranglement ou portion étroite de la presqu'île en préférant 
les deux premiers points aux deux derniers pour figurer les extrémités de 
l'isthme). Mais où gît la plus grosse absurdité de ce passage, c'est 
quand, après avoir attribué à la presqu'île la forme triangulaire, 
l'auteur vient nous parler des trois côtés extérieurs de la presqu'île. 
Parlant en effet de trois côtés extérieurs, ne semble-t-il pas exclure le 
côté de l'isthme, puisque l'isthme, qui forme apparemment un des côtés de 
la presqu'île, ne peut être qualifié ni de côté extérieur ni de côté 
maritime ? Ah ! si cet isthme était tellement resserré qu'il ne s'en 
fallût que de très peu que le côté aboutissant à Issus et le côté terminé 
à Sinope se rejoignissent, on pourrait à la rigueur passer à Apollodore 
d'avoir dit que la presqu'île en question avait la forme d'un triangle ; 
mais tel n'est pas le cas présent, et, comme la distance entre les deux 
extrémités de l'isthme est notoirement de 3000 stades, confondre avec un 
triangle un quadrilatère aussi bien caractérisé est le fait d'un ignorant 
et non d'un chorographe de profession. Car c'est bel et bien une 
chorographie qu'on a prétendu nous donner quand on a publié, écrit dans le 
mètre des poètes comiques, le Période de la terre. Et notez que le fait 
d'ignorance subsisterait, dût-on prendre comme mesure de l'isthme 
l'évaluation la plus faible (celle de 1500 stades, moitié de la largeur 
totale) donnée par les géographes (et Artémidore est du nombre) qui se 
sont sur ce point le plus écartés de la vérité, vu que cette évaluation 
elle-même ne réduirait pas encore la presqu'île à n'être qu'un triangle. 
Ajoutons que, dans le tracé des côtés extérieurs de la presqu'île, 
Apollodore n'a pas montré plus d'exactitude, notamment quand il nous donne pour premier côté une ligne allant d'Issus aux roches Chélidonies, 
puisqu'il faudrait augmenter cette ligne de toute la côte de la Lycie qui 
en est le prolongement direct et de toute la Pérée rhodienne jusqu'à 
Physcus. C'est là seulement que la côte fait un coude et que commence par 
conséquent le second côté ou côté occidental de la presqu'île pour ne 
finir qu'à la Propontide et à Byzance.
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