[14b,27] Πολλῶν δὲ λόγων εἰρημένων περὶ Καρῶν ὁ μάλισθ´
ὁμολογούμενός ἐστιν οὗτος ὅτι οἱ Κᾶρες ὑπὸ
Μίνω ἐτάττοντο, τότε Λέλεγες καλούμενοι, καὶ τὰς
νήσους ᾤκουν· εἶτ´ ἠπειρῶται γενόμενοι πολλὴν τῆς
παραλίας καὶ τῆς μεσογαίας κατέσχον τοὺς προκατέχοντας ἀφελόμενοι· καὶ οὗτοι δ´ ἦσαν οἱ πλείους Λέλεγες καὶ Πελασγοί·
πάλιν δὲ τούτους ἀφείλοντο μέρος
οἱ Ἕλληνες, Ἴωνές τε καὶ Δωριεῖς. τοῦ δὲ περὶ τὰ
στρατιωτικὰ ζήλου τά τε ὄχανα ποιοῦνται τεκμήρια
καὶ τὰ ἐπίσημα καὶ τοὺς λόφους· ἅπαντα γὰρ λέγεται
Καρικά· Ἀνακρέων μέν γε φησίν „διὰ δηὖτε καρικοεργέος
ὀχάνου χεῖρα τιθέμεναι,“ ὁ δ´ Ἀλκαῖος
„λόφον τε σείων Καρικόν.“
| [14b,27] On a beaucoup disserté au sujet des Cariens, voici l'opinion
généralement adoptée. Ils figuraient au nombre des nations soumises au roi
Minos, portaient alors le nom de Lélèges et habitaient les îles. Plus
tard, ils passent sur le continent, s'y emparent, tant le long de la côte
que dans l'intérieur, d'une étendue de pays considérable, et prennent la
place des anciens habitants, Lélèges aussi et Pélasges pour la plupart ;
mais, à leur tour, ils se voient enlever une partie de leurs conquêtes par
les Hellènes, Ioniens et Doriens. Leur passion pour les occupations
guerrières est attestée par cette circonstance, que les anses des
boucliers, ainsi que les devises ou figures qui les décorent et les
aigrettes des casques, sont qualifiées d'inventions cariques. Anacréon
dira, par exemple :
«Allons ! le moment est venu de passer son bras dans la courroie que
l'ingénieux Carien, le premier, sut ajouter au bouclier» ;
et Alcée de son côté :
«Agitant l'aigrette carienne dont son casque est ombragé».
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