[14b,24] Ἀξιολόγους δ´ ἔσχεν ἄνδρας καθ´ ἡμᾶς τὰ Μύλασα,
ῥήτοράς τε ἅμα καὶ δημαγωγοὺς τῆς πόλεως,
Εὐθύδημόν τε καὶ Ὑβρέαν. ὁ μὲν οὖν Εὐθύδημος ἐκ
προγόνων παραλαβὼν οὐσίαν τε μεγάλην καὶ δόξαν,
προσθεὶς καὶ τὴν δεινότητα, οὐκ ἐν τῇ πατρίδι μόνον
μέγας ἦν ἀλλὰ καὶ ἐν τῇ Ἀσίᾳ τῆς πρώτης ἠξιοῦτο τιμῆς·
Ὑβρέᾳ δ´ ὁ πατήρ, ὡς αὐτὸς διηγεῖτο ἐν τῇ σχολῇ
καὶ παρὰ τῶν πολιτῶν ὡμολόγητο, ἡμίονον κατέλιπε
ξυλοφοροῦντα καὶ ἡμιονηγόν· διοικούμενος δ´ ὑπὸ
τούτων ὀλίγον χρόνον, Διοτρέφους τοῦ Ἀντιοχέως
ἀκροασάμενος ἐπανῆλθε καὶ τῷ ἀγορανομίῳ παρέδωκεν
αὑτόν· ἐνταῦθα δὲ κυλινδηθεὶς καὶ χρηματισάμενος μικρὰ
ὥρμησεν ἐπὶ τὸ πολιτεύεσθαι καὶ τοῖς ἀγοραίοις συνακολουθεῖν, ταχὺ δὲ αὔξησιν ἔσχε καὶ ἐθαυμάσθη ἔτι μὲν καὶ
Εὐθυδήμου ζῶντος, ἀλλὰ τελευτήσαντος μάλιστα,
κύριος γενόμενος τῆς πόλεως. ζῶν δ´
ἐπεκράτει πολὺ ἐκεῖνος, δυνατὸς ὢν ἅμα καὶ χρήσιμος
τῇ πόλει, ὥστ´ εἰ καί τι τυραννικὸν προσῆν, τοῦτ´
ἀπελύετο τῷ παρακολουθεῖν τὸ χρήσιμον. ἐπαινοῦσι
γοῦν τοῦτο τοῦ Ὑβρέου ὅπερ δημηγορῶν ἐπὶ τελευτῆς
εἶπεν „Εὐθύδημε, κακὸν εἶ τῆς πόλεως ἀναγκαῖον·
„οὔτε γὰρ μετὰ σοῦ δυνάμεθα ζῆν οὔτ´ ἄνευ σοῦ.“
αὐξηθεὶς οὖν ἐπὶ πολὺ καὶ δόξας καὶ πολίτης ἀγαθὸς
εἶναι καὶ ῥήτωρ ἔπταισεν ἐν τῇ πρὸς Λαβιηνὸν ἀντιπολιτείᾳ.
οἱ μὲν γὰρ ἄλλοι μεθ´ ὅπλων ἐπιόντι καὶ
Παρθικῆς συμμαχίας, ἤδη τῶν Παρθυαίων τὴν Ἀσίαν
ἐχόντων, εἶξαν ἅτε ἄοπλοι καὶ εἰρηνικοί· Ζήνων δ´ ὁ
Λαοδικεὺς καὶ Ὑβρέας οὐκ εἶξαν, ἀμφότεροι ῥήτορες,
ἀλλὰ ἀπέστησαν τὰς ἑαυτῶν πόλεις· ὁ δ´ Ὑβρέας καὶ
προσπαρώξυνε φωνῇ τινι μειράκιον εὐερέθιστον καὶ
ἀνοίας πλῆρες. ἐκείνου γὰρ ἀνειπόντος ἑαυτὸν Παρθικὸν αὐτοκράτορα „οὐκοῦν“ ἔφη „κἀγὼ λέγω ἐμαυτὸν Καρικὸν αὐτοκράτορα.“ ἐκ τούτου δὲ ἐπὶ τὴν
πόλιν ὥρμησε τάγματα ἔχων ἤδη συντεταγμένα Ῥωμαίων
τῶν ἐν τῇ Ἀσίᾳ· αὐτὸν μὲν οὖν οὐ κατέλαβε παραχωρήσαντα
εἰς Ῥόδον, τὴν δ´ οἰκίαν αὐτοῦ διελυμήνατο
πολυτελεῖς ἔχουσαν κατασκευὰς καὶ διήρπασεν· ὡς δ´
αὕτως καὶ τὴν πόλιν ὅλην ἐκάκωσεν. ἐκλιπόντος δ´
ἐκείνου τὴν Ἀσίαν ἐπανῆλθε καὶ ἀνέλαβεν ἑαυτόν τε
καὶ τὴν πόλιν. περὶ μὲν οὖν Μυλάσων ταῦτα.
| [14b,24] Deux Mylasiens, Euthydème et Hybréas, ont, par leur éloquence et leur ascendant politique, joué de nos jours un rôle considérable dans leur
patrie. Euthydème, à qui ses ancêtres avaient transmis une grande fortune
avec un nom déjà glorieux, ajouta à ces avantages un vrai talent de parole
qui n'assura pas seulement sa prépondérance politique à Mylasa, mais qui
lui permit de prétendre à la première dignité de la province. Hybréas, au
contraire, comme il l'a raconté lui-même mainte fois à ses disciples et
comme tout le monde en convient à Mylasa, avait reçu pour tout patrimoine
un mulet et son muletier, un mulet servant à porter le bois dont le
travail, pendant quelque temps, fut son unique ressource. Il put suivre
ainsi l'école de Diotréphès d'Antioche, après quoi, il revint dans sa
patrie et se mit à plaider au tribunal de l'agoranomios. Ayant gagné
quelque argent à cet infime métier, il put prendre son essor et commença à
s'occuper de politique, en même temps qu'il assistait et se mêlait aux
luttes judiciaires. Sa position grandit en peu de temps et on le vit avec
admiration, du vivant même d'Euthydème, mais surtout après la mort de
celui-ci, devenir le maître de la ville. On sait quel ascendant Euthydème
exerçait de son vivant, il le devait à ses talents et aux services réels
qu'il rendait chaque jour à la chose publique : peut-être bien y avait-il
dans ses façons d'agir quelque chose de trop tyrannique, mais cet
inconvénient était racheté amplement par les résultats utiles de sa
politique. Et c'est ce qui faisait dire à Hybréas dans la péroraison d'un
de ses discours qui a été souvent citée : «O Euthydème ! tu es pour cette
ville aujourd'hui un mal nécessaire, car nous ne pouvons vivre ni avec toi
ni sans toi». Hybréas était parvenu à son tour au faîte de la puissance,
et tous ses compatriotes le reconnaissaient comme le type du bon citoyen
et de l'orateur politique, quand il voulut entrer en lutte avec Labiénus
et éprouva un rude échec. En voyant Labiénus s'avancer à la tête d'une
armée romaine que renforçaient encore des auxiliaires parthes (on sait que
les Parthes détenaient alors en maîtres la province d'Asie), tous les
autres chefs de républiques, par impuissance et par amour de la paix,
n'avaient rien eu de plus pressé que de se soumettre. Zénon de Laodicée et
Hybréas, simples orateurs tous deux, furent seuls à ne pas vouloir céder,
et on les vit, chacun de son côté, pousser leurs concitoyens à la
résistance. Hybréas fit plus et par un mot imprudent il excita encore
l'humeur irritable du jeune et présomptueux Labiénus. Labiénus venait de
se proclamer Parthicus imperator ; en l'apprenant Hybréas s'écria : «Eh
bien ! moi, je serai Caricus imperator, et je m'en décerne à moi-même le
titre». Il n'en fallut pas davantage pour que Labiénus marchât sur Mylasa,
à la tête. des légions qu'il avait pu former avec ce qu'il y avait de
Romains dans la province d'Asie : il n'y trouva plus Hybréas, qui s'était
réfugié à Rhodes, mais il dévasta son habitation et mit au pillage le
mobilier magnifique qu'elle contenait, sans plus épargner le reste de la
ville. Seulement à peine eut-il quitté l'Asie qu'Hybréas revint, et il eut
bientôt fait de réparer le dommage fait à lui-même et à sa patrie. - Nous
n'en dirons pas davantage au sujet de Mylasa.
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