[14b,23] τὰ δὲ Μύλασα ἵδρυται ἐν πεδίῳ σφόδρα εὐδαίμονι·
ὑπέρκειται δὲ κατὰ κορυφὴν ὄρος αὐτοῦ, λατόμιον
λευκοῦ λίθου κάλλιστον ἔχον· τοῦτο μὲν οὖν ὄφελός
ἐστιν οὐ μικρόν, τὴν λιθείαν πρὸς τὰς οἰκοδομίας
ἄφθονον καὶ ἐγγύθεν ἔχον καὶ μάλιστα πρὸς τὰς τῶν
ἱερῶν καὶ τῶν ἄλλων δημοσίων ἔργων κατασκευάς·
τοιγάρτοι στοαῖς τε καὶ ναοῖς εἴ τις ἄλλη κεκόσμηται
παγκάλως. θαυμάζειν δ´ ἔστι τῶν ὑποβαλόντων οὕτως
ἀλόγως τὸ κτίσμα ὀρθίῳ καὶ ὑπερδεξίῳ κρημνῷ·
καὶ δὴ τῶν ἡγεμόνων τις εἰπεῖν λέγεται θαυμάσας τὸ
πρᾶγμα „ταύτην γάρ“ ἔφη „τὴν πόλιν ὁ κτίσας, εἰ μὴ
„ἐφοβεῖτο, ἆρ´ οὐδ´ ᾐσχύνετο;“ ἔχουσι δ´ οἱ Μυλασεῖς
ἱερὰ δύο τοῦ Διός, τοῦ τε Ὀσογῶα καλουμένου καὶ
Λαβραυνδηνοῦ, τὸ μὲν ἐν τῇ πόλει, τὰ δὲ Λάβραυνδα
κώμη ἐστὶν ἐν τῷ ὄρει κατὰ τὴν ὑπέρθεσιν τὴν ἐξ
Ἀλαβάνδων εἰς τὰ Μύλασα ἄπωθεν τῆς πόλεως·
ἐνταῦθα νεώς ἐστιν ἀρχαῖος καὶ ξόανον Διὸς Στρατίου·
τιμᾶται δὲ ὑπὸ τῶν κύκλῳ καὶ ὑπὸ τῶν Μυλασέων,
ὁδός τε ἔστρωται σχεδόν τι καὶ ἑξήκοντα σταδίων μέχρι
τῆς πόλεως ἱερὰ καλουμένη, δι´ ἧς πομποστολεῖται τὰ
ἱερά· ἱερῶνται δ´ οἱ ἐπιφανέστατοι τῶν πολιτῶν ἀεὶ
διὰ βίου. ταῦτα μὲν οὖν ἴδια τῆς πόλεως. τρίτον δ´
ἐστὶν ἱερὸν τοῦ Καρίου Διὸς κοινὸν ἁπάντων Καρῶν,
οὗ μέτεστι καὶ Λυδοῖς καὶ Μυσοῖς ὡς ἀδελφοῖς. ἱστορεῖται
δὲ κώμη ὑπάρξαι τὸ παλαιόν, πατρὶς δὲ καὶ βασίλειον τῶν Καρῶν τῶν περὶ τὸν Ἑκατόμνω· πλησιάζει δὲ μάλιστα
τῇ κατὰ Φύσκον θαλάττῃ ἡ πόλις, καὶ τοῦτ´ ἐστὶν αὐτοῖς ἐπίνειον.
| [14b,23] Mylasa est bâtie dans une plaine extrêmement fertile, au-dessous
d'une montagne qui s'élève à pic à une très grande hauteur et qui renferme une
carrière de très beau marbre blanc. Or, ce n'est pas un mince avantage
pour une ville d'avoir à sa portée et en si grande quantité les matériaux
réputés les plus précieux pour la construction des édifices publics, et
principalement des édifices religieux. Et par le fait il n'y a pas de
ville qui soit plus magnifiquement décorée que Mylasa de portiques et de
temples. En revanche, il y a lieu de s'étonner que ceux qui ont fondé
Mylasa lui aient choisi une position aussi absurde au pied d'un rocher à
pic qui la surplombe et qui l'écrase, circonstance qui faisait dire à l'un
des gouverneurs de la province, confondu de ce qu'il voyait : «La honte, à
défaut de la peur, n'aurait-elle pas dû arrêter le malheureux qui a fondé
cette ville !» Les Mylasiens possèdent deux temples de Jupiter, celui de
Zeus Osogos, bâti dans la ville même, et celui de Zeus Labraundène, ainsi
nommé du village de Labraunda, lequel est situé dans la montagne, à une
assez grande distance de la ville et tout près du col où passe la route
qui va d'Alabanda à Mylasa. Le temple qui s'élève en ce lieu est fort
ancien et contient la statue en bois de Zeus Stratios, objet de vénération
pour les populations circonvoisines, comme pour les Mylasiens ; il est
relié à la ville par une chaussée de près de 60 stades, qu'on nomme la
voie sacrée et qui sert aux pompes ou processions. Le grand-prêtre est
invariablement choisi parmi les plus illustres citoyens de Mylasa et
toujours nommé a vie. Ces deux temples sont la propriété particulière des
Mylasiens. Mais il en existe un troisième, dédié à Zeus Carios, qui
appartient en commun à toutes les populations cariennes, lesquelles y
admettent même les Lydiens et les Mysiens à titre de frères. Au rapport
des historiens, Mylasa n'aurait été dans le principe qu'un simple bourg,
mais le roi de Carie Hécatomne y était né et naturellement il en avait
fait sa capitale ou résidence ordinaire. Comme le point de la côte le plus
rapproché est Physcus, les Mylasiens ont fait de Physcus leur arsenal
maritime.
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