[14a,6] Φησὶ δ´ Ἔφορος τὸ πρῶτον κτίσμα εἶναι Κρητικόν,
ὑπὲρ τῆς θαλάττης τετειχισμένον, ὅπου νῦν ἡ
πάλαι Μίλητος ἔστι, Σαρπηδόνος ἐκ Μιλήτου τῆς Κρητικῆς
ἀγαγόντος οἰκήτορας καὶ θεμένου τοὔνομα τῇ
πόλει τῆς ἐκεῖ πόλεως ἐπώνυμον, κατεχόντων πρότερον
Λελέγων τὸν τόπον· τοὺς δὲ περὶ Νηλέα ὕστερον τὴν
νῦν τειχίσαι πόλιν. ἔχει δὲ τέτταρας λιμένας ἡ νῦν, ὧν
ἕνα καὶ στόλῳ ἱκανόν. πολλὰ δὲ τῆς πόλεως ἔργα ταύτης,
μέγιστον δὲ τὸ πλῆθος τῶν ἀποικιῶν· ὅ τε γὰρ
Εὔξεινος πόντος ὑπὸ τούτων συνῴκισται πᾶς καὶ ἡ
Προποντὶς καὶ ἄλλοι πλείους τόποι. Ἀναξιμένης γοῦν
ὁ Λαμψακηνὸς οὕτω φησὶν ὅτι καὶ Ἴκαρον τὴν νῆσον
καὶ Λέρον Μιλήσιοι συνῴκισαν καὶ περὶ Ἑλλήσποντον
ἐν μὲν τῇ Χερρονήσῳ Λίμνας, ἐν δὲ τῇ Ἀσίᾳ Ἄβυδον
Ἄρισβαν Παισόν, ἐν δὲ τῇ Κυζικηνῶν νήσῳ Ἀρτάκην
Κύζικον, ἐν δὲ τῇ μεσογαίᾳ τῆς Τρῳάδος Σκῆψιν·
ἡμεῖς δ´ ἐν τοῖς καθ´ ἕκαστα λέγομεν καὶ τὰς ἄλλας τὰς
ὑπὸ τούτου παραλελειμμένας.
Οὔλιον δ´ Ἀπόλλωνα καλοῦσί τινα καὶ Μιλήσιοι
καὶ Δήλιοι, οἷον ὑγιαστικὸν καὶ παιωνικόν· τὸ γὰρ
οὔλειν ὑγιαίνειν, ἀφ´ οὗ καὶ τὸ οὐλὴ καὶ τό „οὖλέ τε
„καὶ μέγα χαῖρε.“ ἰατικὸς γὰρ ὁ Ἀπόλλων· καὶ ἡ Ἄρτεμις
ἀπὸ τοῦ ἀρτεμέας ποιεῖν· καὶ ὁ Ἥλιος δὲ καὶ ἡ
Σελήνη συνοικειοῦνται τούτοις, ὅτι τῆς περὶ τοὺς ἀέρας
εὐκρασίας αἴτιοι· καὶ τὰ λοιμικὰ δὲ πάθη καὶ τοὺς αὐτομάτους
θανάτους τούτοις ἀνάπτουσι τοῖς θεοῖς.
| [14a,6] 6. Si l'on en croit Ephore, Milet tire son origine d'un premier
établissement crétois fondé par Sarpédon {non sur la côte même}, mais un
peu au-dessus de la mer, dans l'emplacement qu'on nomme aujourd hui
Palaeo-Miletos. Ayant amené avec lui beaucoup des habitants de la ville
crétoise de Milet, Sarpédon avait naturellement donné à la colonie le nom
de sa métropole. Ephore ajoute qu'antérieurement le même emplacement avait
été occupé par les Lélèges. Quant à la ville moderne, dite Néo-Miletos,
c'est Nélée, paraît-il, qui en fut le fondateur. Néo-Miletos a quatre
ports, un, entre autres, où pourrait tenir une flotte entière. De toutes
les grandes choses qu'a faites Milet (et elle en a fait beaucoup), la plus
grande assurément est d'avoir à elle seule fondé tant de colonies. Ses
établissements sont répandus tout le long du Pont-Euxin, de la Propontide,
et dans maint autre parage encore. Anaximène de Lampsaque en énumère un
certain nombre : ceux de l'île Icaria, par exemple, et de l'île de Léros ;
et, dans l'Hellespont, sur la côte de la Chersonnèse, celui de Limnae ;
sur la côte d'Asie, Abydos, Atisbé, Paesos ; dans l'île des Cyzicéniens,
Artacé et Cyzique ; enfin Scepsis, dans l'intérieur de la Troade. A notre
tour, et au fur et à mesure que nous les rencontrons, nous signalons tous
ceux qu'Anaximène a omis. Milésiens et Déliens honorent un dieu
particulier, un Apollon Oulios, autrement dit Apollon dieu de la santé,
dieu de la médecine, car le mot g-oulein signifie être en santé : il a pour
dérivé le mot g-oulé, cicatrice, et se retrouve dans la formule «g-oule g-te g-kai
g-mega g-chaire», bonne santé et grand' joie. Apollon, comme chacun sait, a
dans ses attributs l'art de guérir, et c'est aussi parce qu'elle
entretient les corps intacts et en santé, g-artemeas, qu'on a donné à sa
soeur le nom d'Artémis. Ajoutons que, si le Soleil et la Lune ont été
identifiés avec ces deux divinités, c'est que l'action combinée des deux
astres est ce qui produit la pureté de l'air. Rappelons enfin que les
épidémies, les suicides, sont imputés aux deux mêmes divinités.
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