[13a,43] Πολυπίδακον δὲ τὴν Ἴδην ἰδίως οἴονται λέγεσθαι
διὰ τὸ πλῆθος τῶν ἐξ αὐτῆς ῥεόντων ποταμῶν καθ´ ἃ
μάλιστα ἡ Δαρδανικὴ ὑποπέπτωκεν αὐτῇ καὶ μέχρι
Σκήψεως καὶ τὰ περὶ Ἴλιον. ἔμπειρος δ´ ὢν τῶν τόπων
ὡς ἂν ἐπιχώριος ἀνὴρ ὁ Δημήτριος τοτὲ μὲν οὕτως
λέγει περὶ αὐτῶν „ἔστι γὰρ λόφος τις τῆς Ἴδης Κότυλος·
ὑπέρκειται δ´ οὗτος ἑκατόν που καὶ εἴκοσι σταδίοις
Σκήψεως, ἐξ οὗ ὅ τε Σκάμανδρος ῥεῖ καὶ ὁ Γράνικος
καὶ Αἴσηπος, οἱ μὲν πρὸς ἄρκτον καὶ τὴν Προποντίδα
ἐκ πλειόνων πηγῶν συλλειβόμενοι, ὁ δὲ
„Σκάμανδρος ἐπὶ δύσιν ἐκ μιᾶς πηγῆς· πᾶσαι δ´ ἀλλήλαις
πλησιάζουσιν ἐν εἴκοσι σταδίων περιεχόμεναι
„διαστήματι· πλεῖστον δ´ ἀφέστηκεν ἀπὸ τῆς ἀρχῆς τὸ
„τοῦ Αἰσήπου τέλος, σχεδόν τι καὶ πεντακοσίους σταδίους.
παρέχει δὲ λόγον πῶς φησὶν ὁ ποιητής „κρουνὼ
„δ´ ἵκανον καλιρρόω, ἔνθα δὲ πηγαὶ δοιαὶ ἀναΐσσουσι
„Σκαμάνδρου δινήεντος· ἡ μὲν γάρ θ´ ὕδατι λιαρῷ
„ῥέει,“ ὅ ἐστι θερμῷ· ἐπιφέρει δέ „ἀμφὶ δὲ καπνὸς
„γίγνεται ἐξ αὐτῆς ὡσεὶ πυρός. ἡ δ´ ἑτέρη θέρεϊ προρέει
εἰκυῖα χαλάζῃ ἢ χιόνι ψυχρῇ.“ „οὔτε γὰρ θερμὰ
„νῦν ἐν τῷ τόπῳ εὑρίσκεται, οὔθ´ ἡ τοῦ Σκαμάνδρου
„πηγὴ ἐνταῦθα ἀλλ´ ἐν τῷ ὄρει, καὶ μία, ἀλλ´ οὐ δύο.
„τὰ μὲν οὖν θερμὰ ἐκλελεῖφθαι εἰκός, τὸ δὲ ψυχρὸν
„κατὰ διάδυσιν ὑπεκρέον ἐκ τοῦ Σκαμάνδρου κατὰ
„τοῦτ´ ἀνατέλλειν τὸ χωρίον, ἢ καὶ διὰ τὸ πλησίον εἶναι
τοῦ Σκαμάνδρου καὶ τοῦτο τὸ ὕδωρ λέγεσθαι τοῦ
„Σκαμάνδρου πηγήν· οὕτω γὰρ λέγονται πλείους πηγαὶ
τοῦ αὐτοῦ ποταμοῦ.
| [13a,43] 43. Appliquée à l'Ida, la qualification de polypidakon (Il. XIV, 283)
qu'emploie Homère semble particulièrement juste, à cause du grand nombre
de cours d'eau qui descendent de cette montagne et surtout du versant
Dardanien, lequel s'étend jusqu'à Scepsis et jusqu'au territoire d'Ilion.
Démétrios, qui devait bien connaître tout ce pays, puisqu'il y était né,
le décrit en ces termes :
«Il y a dans l'Ida une colline appelée Cotylus, située à 120 stades
environ au-dessus de Scepsis : de cette colline on voit sortir, non
seulement le Scamandre, mais encore le Granique et l'Aesépus, ceux-ci
formés chacun de la réunion de plusieurs sources, et prenant leur course
au nord pour gagner la Propontide où ils débouchent ; le Scamandre, au
contraire, né d'une source unique et s'en éloignant dans la direction du
couchant. Toutes ces sources d'ailleurs se trouvent être fort rapprochées
les unes des autres, étant comprises toutes dans un espace de 50 stades.
Des trois fleuves, l'Aesépus est celui dont le terme est le plus éloigné
de son point de départ, car son cours mesure environ 500 stades. Cela
étant, une question se présente : comment Homère a-t-il pu dire ce qui suit ?
«Ils atteignent les deux belles sources d'où jaillissent par une double
ouverture les eaux de l'impétueux Scamandre ; l'une de ces sources est
TIEDE» (Il. XXII, 147)
(lisez CHAUDE apparemment, puisque le poète ajoute tout aussitôt que
«Un nuage de vapeurs s'en dégage semblable à la fumée d'un grand feu,
tandis que l'autre, même en été, coule aussi froide, aussi glacée que la
grêle ou la neige»).
Aujourd'hui, en effet, on ne voit plus trace d'eaux chaudes au lieu
indiqué par Homère, et ce n'est pas là non plus que le Scamandre prend
naissance, il sort du coeur même de la montagne, formé non par deux
sources, mais bien par une source unique. Or il est tout naturel de penser
que la source chaude s'est tarie et que la source froide n'était qu'un
bras du Scamandre, qui, après s'être dérobé un certain temps au moyen de
quelque conduit souterrain, reparaissait à la surface du sol précisément à
l'endroit que nous marque le poète ; peut-être même celui-ci n'a-t-il
appelé cette eau la source du Scamandre qu'à cause de la proximité où elle
était du fleuve, car c'est là le plus souvent l'unique cause qui fait
attribuer plusieurs sources à un même fleuve.
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