[13a,25] Εἰκάζει δὲ Πλάτων μετὰ τοὺς κατακλυσμοὺς τρία
πολιτείας εἴδη συνίστασθαι· πρῶτον μὲν τὸ ἐπὶ τὰς
ἀκρωρείας ἁπλοῦν τι καὶ ἄγριον, δεδιότων τὰ ὕδατα
ἐπιπολάζοντα ἀκμὴν ἐν τοῖς πεδίοις· δεύτερον δὲ τὸ
ἐν ταῖς ὑπωρείαις, θαρρούντων ἤδη κατὰ μικρόν, ἅτε
δὴ καὶ τῶν πεδίων ἀρχομένων ἀναψύχεσθαι· τρίτον
δὲ τὸ ἐν τοῖς πεδίοις. λέγοι δ´ ἄν τις καὶ τέταρτον καὶ
πέμπτον ἴσως καὶ πλείω, ὕστατον δὲ τὸ ἐν τῇ παραλίᾳ
καὶ ἐν ταῖς νήσοις, λελυμένου παντὸς τοῦ τοιούτου φόβου.
τὸ γὰρ μᾶλλον καὶ ἧττον θαρρεῖν πλησιάζειν τῇ
θαλάττῃ πλείους ἂν ὑπογράφοι διαφορὰς πολιτειῶν
καὶ ἠθῶν, καθάπερ τῶν ἁπλῶν τε καὶ τῶν ἀγρίων
* ἔτι πως ἐπὶ τὸ ἥμερον τῶν δευτέρων ὑποβεβηκότων.
ἔστι δέ τις διαφορὰ καὶ παρὰ τούτοις τῶν ἀγροίκων
καὶ μεσαγροίκων καὶ πολιτικῶν· ἀφ´ ὧν ἤδη καὶ ἐπὶ
τὸ ἀστεῖον καὶ ἄριστον ἦθος ἐτελεύτησεν ἡ τῶν ὀνομάτων
κατ´ ὀλίγον μετάληψις, κατὰ τὴν τῶν ἠθῶν ἐπὶ
τὸ κρεῖττον μετάστασιν, παρὰ τὰς τῶν τόπων καὶ τῶν
βίων μεταβολάς. ταύτας δὴ τὰς διαφορὰς ὑπογράφειν
φησὶ τὸν ποιητὴν ὁ Πλάτων, τῆς μὲν πρώτης πολιτείας
παράδειγμα τιθέντα τὸν τῶν Κυκλώπων βίον, αὐτοφυεῖς
νεμομένων καρποὺς καὶ τὰς ἀκρωρείας κατεχόντων ἐν σπηλαίοις
τισίν· „ἀλλὰ τά γ´ ἄσπαρτα καὶ
ἀνήροτα πάντα φύονται,“ φησίν, αὐτοῖς· „τοῖσιν δ´ οὐκ
„ἀγοραὶ βουληφόροι, οὔτε θέμιστες· ἀλλ´ οἵ γ´ ὑψηλῶν
ὀρέων ναίουσι κάρηνα ἐν σπέσσι γλαφυροῖσι,
„θεμιστεύει δὲ ἕκαστος παίδων ἠδ´ ἀλόχων.“ τοῦ δὲ
δευτέρου τὸν ἐπὶ τοῦ Δαρδάνου „κτίσσε δὲ Δαρδανίην,
ἐπεὶ οὔπω Ἴλιος ἱρὴ ἐν πεδίῳ πεπόλιστο, πόλις
„μερόπων ἀνθρώπων, ἀλλ´ ἔθ´ ὑπωρείας ᾤκεον πολυπιδάκου
Ἴδης.“ τοῦ δὲ τρίτου ἐπὶ τοῦ Ἴλου τὸν ἐν
τοῖς πεδίοις. τοῦτον γὰρ παραδιδόασι τοῦ Ἰλίου κτίστην,
ἀφ´ οὗ καὶ τὴν ἐπωνυμίαν λαβεῖν τὴν πόλιν· εἰκὸς δὲ καὶ
διὰ τοῦτο ἐν μέσῳ τῷ πεδίῳ τεθάφθαι
αὐτόν, ὅτι πρῶτος ἐθάρρησεν ἐν τοῖς πεδίοις θέσθαι τὴν
κατοικίαν „οἱ δὲ παρ´ Ἴλου σῆμα παλαιοῦ Δαρδανίδαο
„μέσσον κὰπ πεδίον παρ´ ἐρινεὸν ἐσσεύοντο.“ οὐδ´
οὗτος δὲ τελέως ἐθάρρησεν· οὐ γὰρ ἐνταῦθα ἵδρυσε
τὴν πόλιν ὅπου νῦν ἔστιν, ἀλλὰ σχεδόν τι τριάκοντα
σταδίοις ἀνωτέρω πρὸς ἕω καὶ πρὸς τὴν Ἴδην καὶ τὴν
Δαρδανίαν κατὰ τὴν νῦν καλουμένην Ἰλιέων κώμην.
οἱ δὲ νῦν Ἰλιεῖς φιλοδοξοῦντες καὶ θέλοντες εἶναι ταύτην τὴν παλαιὰν
παρεσχήκασι λόγον τοῖς ἐκ τῆς Ὁμήρου ποιήσεως τεκμαιρομένοις·
οὐ γὰρ ἔοικεν αὕτη εἶναι ἡ καθ´ Ὅμηρον. καὶ ἄλλοι δὲ ἱστοροῦσι πλείους
μεταβεβληκέναι τόπους τὴν πόλιν, ὕστατα δ´ ἐνταῦθα
συμμεῖναι κατὰ Κροῖσον μάλιστα. τὰς δὴ τοιαύτας μεταβάσεις
εἰς τὰ κάτω μέρη τὰς τότε συμβαινούσας
ὑπολαμβάνω καὶ βίων καὶ πολιτειῶν ὑπογράφειν διαφοράς.
ἀλλὰ ταῦτα μὲν καὶ ἄλλοτε ἐπισκεπτέον.
| [13a,25] 25. Platon conjecture qu'après les déluges ou cataclysmes les hommes ont
dû passer par trois formes de sociétés très tranchées : une première
société, simple et sauvage, composée d'hommes que la peur des eaux qui
couvrent encore les plaines a refoulés vers les plus hauts sommets ; une
seconde société fixée sur les dernières pentes des montagnes, et qui s'est
rassurée peu à peu en voyant que les plaines commençaient à se sécher ;
une troisième enfin qui a pris possession des plaines mêmes. A la rigueur,
on pourrait supposer une quatrième forme, une cinquième, voire davantage,
et, en tout cas, considérer comme la dernière la société que les hommes,
une fois délivrés de toute terreur de ce genre, viennent former sur le
bord de la mer et dans les îles. Car le plus ou moins de hardiesse que
mettent les hommes à s'approcher de la mer semble dénoter parmi eux des
différences sensibles sous le rapport des moeurs et du gouvernement ; et,
de même qu'il a fallu déjà une certaine gradation pour passer de cette
première vie simple et sauvage à la civilisation relative du second état,
de même ce second état implique différents genres de vie qu'on peut
appeler des noms de vie rustique, de vie semi-rustique et de vie
politique, la vie politique n'atteignant pas non plus d'emblée la
perfection et cette urbanité suprême à laquelle elle tend, mais n'y
arrivant que par de lentes modifications attestées par autant de noms
nouveaux, qui correspondent soit au progrès des moeurs, soit aux
changements d'habitation et de manière de vivre. Platon ajoute qu'on
retrouve dans Homère l'indication expresse de ces différents états :
ainsi, suivant lui, la forme primitive de la société humaine serait
représentée dans le tableau qu'Homère a tracé de la vie des Cyclopes,
lorsqu'il nous montre ceux-ci se nourrissant des produits spontanés de la
terre et habitant au sommet des montagnes, dans les creux de quelques
rochers : «Tout chez eux, dit Homère, croît sans semence, sans labour»
(Od. IX, 109), et ailleurs,
«Chez eux, point d'assemblées pour délibérer en commun, point de lois,
point de règlements généraux : ils habitent au faite des plus hautes
montagnes dans le creux des rochers ; et là chacun à sa guise gouverne ses
enfants et ses femmes» (Od. IX, 112).
L'établissement de Dardanus à son tour, figurerait le deuxième état :
«C'est lui qui édifia Dardanie, et la sacrée Ilios, appelée à devenir la
plus populeuse des cités, n'était pas encore bâtie dans la plaine : les
hommes n'avaient pas encore dépassé les dernières pentes de l'Ida si
abondantes en sources» (Il. XX, 216).
Enfin le troisième état serait représenté par l'établissement d'Ilus dans
la plaine même ; car c'est bien Ilus que la tradition nous donne pour le
fondateur (et le fondateur éponyme) d'Ilion. Il est même probable qu'en
ensevelissant, comme on avait fait, ce héros tout au milieu de la plaine,
on avait voulu rappeler qu'il avait, lui le premier, osé quitter la
montagne pour venir s'établir dans la plaine :
«Ils précipitaient leur course à travers la plaine vers l'antique tombeau
du Dardanide Ilus, qu'ombrage ce figuier sauvage (Erinée)» (Il. XI, 166).
Encore Ilus n'avait-il osé qu'à demi, puisqu'il n'avait point bâti sa
ville sur l'emplacement occupé aujourd'hui par la moderne Ilion, mais bien
à une trentaine de stades plus à l'est, en remontant vers l'Ida et vers
Dardanie, dans le lieu actuellement connu sous le nom d'Iliéôn-Kômé ou de
Bourg des Iliéens. Les habitants de la moderne Ilion, à vrai dire, et cela
par vanité nationale, veulent à toute force que leur ville soit l'antique
Ilion, mais les commentateurs d'Homère en ont pris occasion pour examiner
sur ce point le témoignage du poète ; et, d'après Homère, il ne paraît
point que ce soit la même ville. Ajoutons qu'au dire de maint historien,
Ilion se serait déplacée plus d'une fois avant de se fixer (vers l'époque
de Crésus à peu près) dans les lieux qu'elle occupe aujourd'hui. Or, je le
répète, à chacun de ces déplacements, qui, partant des lieux hauts,
entraînaient les populations vers la plaine, correspondait probablement un
changement marqué dans le genre de vie de ces populations et dans leur
gouvernement. Mais ces questions demanderaient à être discutées plus
longuement ailleurs.
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