[12h,7] Μετὰ δὲ τὰ Τρωικὰ αἵ τε τῶν Ἑλλήνων ἀποικίαι καὶ αἱ Τρηρῶν καὶ αἱ Κιμμερίων
ἔφοδοι καὶ Λυδῶν καὶ μετὰ ταῦτα Περσῶν καὶ Μακεδόνων τό {τε} τελευταῖον Γαλατῶν
ἐτάραξαν πάντα καὶ συνέχεαν. Γέγονε δὲ ἡ ἀσάφεια οὐ διὰ τὰς μεταβολὰς μόνον ἀλλὰ καὶ
διὰ τὰς τῶν συγγραφέων ἀνομολογίας περὶ τῶν αὐτῶν οὐ τὰ αὐτὰ λεγόντων, τοὺς μὲν
Τρῶας καλούντων Φρύγας καθάπερ οἱ τραγικοί, τοὺς δὲ Λυκίους Κᾶρας καὶ ἄλλους
οὕτως. Οἱ δὲ Τρῶες οὕτως ἐκ μικρῶν αὐξηθέντες ὥστε καὶ βασιλεῖς βασιλέων εἶναι,
παρέσχον καὶ τῷ ποιητῇ λόγον τίνα χρὴ καλεῖν Τροίαν, καὶ τοῖς ἐξηγουμένοις ἐκεῖνον. Λέγει
μὲν γὰρ καὶ κοινῶς ἅπαντας Τρῶας τοὺς συμπολεμήσαντας αὐτοῖς, ὥσπερ καὶ Δαναοὺς
καὶ Ἀχαιοὺς τοὺς ἐναντίους· ἀλλ' οὐ δήπου Τροίαν καὶ τὴν Παφλαγονίαν ἐροῦμεν· νὴ Δία,
οὐδὲ τὴν Καρίαν ἢ τὴν ὅμορον αὐτῇ Λυκίαν. Λέγω δ' ὅταν οὕτω φῇ
Τρῶες μὲν κλαγγῇ τ' ἐνοπῇ τ' ἴσαν,
ἐκ δὲ τῶν ἐναντίων
Οἱ δ' ἄρ' ἴσαν σιγῇ μένεα πνείοντες Ἀχαιοί.
Καὶ ἄλλως δὲ λέγει πολλαχῶς. Ὅμως δὲ καίπερ τοιούτων ὄντων πειρατέον διαιτᾶν
ἕκαστα εἰς δύναμιν· ὅ τι δ' ἂν διαφύγῃ τῆς παλαιᾶς ἱστορίας, τοῦτο μὲν ἐατέον ̔οὐ γὰρ
ἐνταῦθα τὸ τῆς γεωγραφίας ἔργον̓, τὰ δὲ νῦν ὄντα λεκτέον.
| [12h,7] Mais c'est surtout après la guerre de Troie que les colonies grecques, d'une part,
et, de l'autre, les invasions des Trères, des Cimmériens, des Lydiens, suivies à leur tour
de la conquête persane et macédonienne, et en dernier lieu de l'établissement des
Galates, ont tout brouillé et confondu dans ce malheureux pays. Non que l'incertitude de
nos connaissances tienne uniquement à ces révolutions politiques, le désaccord des
historiens y est pour beaucoup aussi : ayant à parler des mêmes faits, les historiens ne
les racontent pas tous de la même façon ; ayant à désigner les Troyens, par exemple, ils
se servent du nom de Phrygiens ni plus ni moins que les poètes tragiques ; ayant à
désigner les Lyciens, ils se servent du nom de Cariens, et ainsi de suite. Les progrès de
la nation troyenne, si faible à l'origine, mais devenue tellement puissante que ses
souverains s'intitulaient rois des rois, justifient à la rigueur l'extension qu'Homère et ses
interprètes après lui donnent dans certains passages aux noms de Troie et de Troyens.
Homère, en effet, désigne parfois sous ce dernier nom, outre les Troyens eux-mêmes,
tous les peuples venus à leur secours ; mais il est bien entendu qu'il ne l'emploie que
comme une appellation générale équivalente à celles de Danai ou d'Achaei par lesquelles
il désigne souvent l'armée ennemie et, pour notre compte, nous n'irons certes pas, à
cause de cela, comprendre la Paphlagonie dans les limites de la Troade, ni à plus forte
raison la Carie, et, avec la Carie, la Lycie, sa voisine. Il ne s'agit ici, nous le répétons, que
de passages conçus à la façon du suivant :
«Les Troyens s'avançaient bruyants et tumultueux» (Il. III, 2),
ou de cet autre dans lequel Homère nous montre par opposition :
«Les Achéens marchant au combat silencieux et l'âme pleine de force et de résolution» (Il. III, 8),
idée qui revient souvent dans ses vers et qu'il a exprimée de maintes façons
différentes. Il ne faut pas cependant que cette confusion, si grande qu'elle soit, nous
empêche de rechercher, autant que faire se pourra, les limites de chacun de ces peuples
; seulement, si quelque détail échappe à nos investigations, nous l'omettrons sans
scrupule, l'état ancien du pays n'étant pas à proprement parler l'objet d'un traité de
géographie tel que le nôtre, et nous nous attacherons surtout à décrire le pays tel qu'il est
aujourd'hui.
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