[12h,6] Ἀλλὰ τό γε ἆθλον προκεῖσθαι κοινὸν
τὴν ἀρετὴν τῆς χώρας ἧς λέγω τοῖς ἰσχύουσιν ἐκ πολλῶν βεβαιοῦται {καὶ πρὸ τῶν
Τρωικῶν} καὶ μετὰ τὰ Τρωικά· ὅπου καὶ Ἀμαζόνες κατεθάρρησαν αὐτῆς, ἐφ' ἃς ὅ τε
Πρίαμος στρατεῦσαι λέγεται καὶ ὁ Βελλεροφόντης· πόλεις τε παλαιαὶ ὁμολογοῦνται
ἐπώνυμοι αὐτῶν· ἐν δὲ τῷ Ἰλιακῷ πεδίῳ κολώνη τις ἔστιν
Ἣν ἤτοι ἄνδρες Βατίειαν κικλήσκουσιν,
ἀθάνατοι δέ τε σῆμα πολυσκάρθμοιο Μυρίνης,
ἣν ἱστοροῦσι μίαν εἶναι τῶν Ἀμαζόνων ἐκ τοῦ ἐπιθέτου τεκμαιρόμενοι· εὐσκάρθμους
γὰρ ἵππους λέγεσθαι διὰ τὸ τάχος· κἀκείνην οὖν πολύσκαρθμον διὰ τὸ ἀπὸ τῆς ἡνιοχείας
τάχος· καὶ ἡ Μύρινα οὖν ἐπώνυμος ταύτης λέγεται. Καὶ αἱ ἐγγὺς δὲ νῆσοι ταῦτ' ἔπαθον διὰ
τὴν ἀρετήν, ὧν Ῥόδος καὶ Κῶς ὅτι πρὸ τῶν Τρωικῶν ἤδη ὑφ' Ἑλλήνων ᾠκοῦντο καὶ ὑφ'
Ὁμήρου σαφῶς ἐκμαρτυρεῖται.
| [12h,6] Nous pourrions citer maintenant plus d'un fait {antérieur ou} postérieur à la guerre
de Troie à l'appui de ce que nous avons dit, que, par suite de la fertilité exceptionnelle de
ce pays, sa possession était devenue une sorte de prix proposé à l'ambition de tous les
peuples barbares et destiné au plus fort, mais qu'il nous suffise ici de rappeler que les
Amazones elles-mêmes osèrent l'attaquer et que c'est à cette occasion précisément que
Priam et Bellérophon marchèrent contre elles et que mainte ancienne ville prit, comme on
s'accorde à le penser, le nom de telle ou telle de leurs héroïnes. Dans la plaine d'Ilion, par
exemple, s'élève une colline {signalée par Homère} :
«Les hommes l'appellent BATIEE, mais pour les Immortels, c'est toujours le TOMBEAU DE
LA BONDISSANTE MYRINE» (Il. II, 813).
Or, à l'épithète qui accompagne ici son nom, maint historien a cru devoir reconnaître
dans cette Myrine l'une des Amazones. L'expression "euskarthmous" peint d'ordinaire
l'agilité des coursiers, on conçoit donc que le poète ait pu par analogie qualifier de
polyscarthme l'ancienne amazone eu égard à sa fougue comme conductrice de char. Et
c'est apparemment de la même Amazone que la ville actuelle de Myrine aura emprunté
son nom. Au surplus les îles voisines avaient eu aussi le même sort par suite de leur
fertilité, et Rhodes et Cos notamment avaient été occupées par les Grecs dès avant la
guerre de Troie, la chose ressort encore clairement du témoignage d'Homère (Il. II, 655,
677).
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