[12e,3] Πεσσινοῦς δ' ἐστὶν ἐμπόριον τῶν ταύτῃ μέγιστον, ἱερὸν ἔχον τῆς μητρὸς τῶν θεῶν
σεβασμοῦ μεγάλου τυγχάνον· καλοῦσι δ' αὐτὴν Ἄγδιστιν. Οἱ δ' ἱερεῖς τὸ παλαιὸν μὲν
δυνάσται τινὲς ἦσαν, ἱερωσύνην καρπούμενοι μεγάλην, νυνὶ δὲ τούτων μὲν αἱ τιμαὶ πολὺ
μεμείωνται, τὸ δὲ ἐμπόριον συμμένει· κατεσκεύασται δ' ὑπὸ τῶν Ἀτταλικῶν βασιλέων
ἱεροπρεπῶς τὸ τέμενος ναῷ τε καὶ στοαῖς λευκολίθοις· ἐπιφανὲς δ' ἐποίησαν Ῥωμαῖοι τὸ
ἱερόν, ἀφίδρυμα ἐνθένδε τῆς θεοῦ μεταπεμψάμενοι κατὰ τοὺς τῆς Σιβύλλης χρησμούς,
καθάπερ καὶ τοῦ Ἀσκληπιοῦ τοῦ ἐν Ἐπιδαύρῳ. Ἔστι δὲ καὶ ὄρος ὑπερκείμενον τῆς πόλεως
τὸ Δίνδυμον, ἀφ' οὗ ἡ Δινδυμηνή, καθάπερ ἀπὸ τῶν Κυβέλων ἡ Κυβέλη. Πλησίον δὲ καὶ ὁ
Σαγγάριος ποταμὸς ποιεῖται τὴν ῥύσιν· ἐπὶ δὲ τούτῳ τὰ παλαιὰ τῶν Φρυγῶν οἰκητήρια
Μίδου καὶ ἔτι πρότερον Γορδίου καὶ ἄλλων τινῶν, οὐδ' ἴχνη σώζοντα πόλεων, ἀλλὰ κῶμαι
μικρῷ μείζους τῶν ἄλλων, οἷόν ἐστι τὸ Γόρδιον καὶ Γορβεοῦς, τὸ τοῦ Κάστορος βασίλειον
τοῦ Σαωκονδάρου, ἐν ᾧ γαμβρὸν ὄντα τοῦτον ἀπέσφαξε Δηιόταρος καὶ τὴν θυγατέρα τὴν
ἑαυτοῦ· τὸ δὲ φρούριον κατέσπασε καὶ διελυμήνατο τὸ πλεῖστον τῆς κατοικίας.
| [12e,3] Pessinûs est le principal emporium de cette partie de la Galatie, ce qui peut
s'expliquer par la présence d'un temple consacré à la Mère des Dieux (ou, comme on
l'appelle dans le pays, à Agdistis), temple qui est l'objet d'une grande vénération.
Anciennement, les prêtres de ce temple avaient le rang de princes et ils tiraient en même
temps de leur charge de gros revenus, mais aujourd'hui honneurs {et profits} ont pour eux
sensiblement diminué. Le marché de Pessinûs, en revanche, subsiste aussi florissant que
par le passé. Ajoutons que la piété des Attales a singulièrement accru la majesté de
l'ancienne enceinte sacrée, en y construisant un naos et des portiques en marbre blanc.
Enfin, ce qui a achevé de rendre ce temple illustre, c'est que le peuple romain, pour obéir
aux Oracles sibyllins, a décrété que la statue de la déesse qui le décorait serait apportée
à Rome comme l'avait été auparavant l'Esculape d'Epidaure. La ville de Pessinûs est
dominée par le mont Dindyme, et c'est à cette circonstance que la déesse doit d'être
souvent appelée Dindymène, comme le voisinage des monts Cybèles ailleurs lui a fait
donner le nom de Cybèle.
Le Sangarius passe aussi non loin de Pessinûs. Sur les bords de ce même fleuve
s'élèvent les palais des rois phrygiens, ces palais illustrés par le séjour de Midas et plus
anciennement de Gordius et de quelques autres encore, et qui, s'ils ne laissent plus
deviner ce qu'ils étaient autrefois, c'est-à-dire de véritables villes, ont conservé tout au
moins l'aspect de villages, voire de villages un peu plus grands que les bourgs ordinaires.
Tel est le cas de Gordium et aussi de Gorbéûs, cette ancienne résidence du roi Castor
Tarcondarius, que Déjotarus, après y avoir égorgé ce prince, son gendre, et du même
coup sa fille, femme de celui-ci, se plut, non seulement à démanteler, mais à ruiner et à
détruire presque de fond en comble.
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