HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Strabon, Geographica, livre XII-3

Chapitre 27

  Chapitre 27

[12c,27] Ἐπὶ δὲ τῶν μὴ οὕτω σημειωδῶν μὴ τότε μὴ πρὸς τὴν ὑπόθεσιν τί ἄν τις μέμφοιτο; οἷον τὸν Τάναϊν δι' οὐδὲν ἄλλο γνωριζόμενον διότι τῆς Ἀσίας καὶ τῆς Εὐρώπης ὅριόν ἐστιν· ἀλλ' οὔτε τὴν Ἀσίαν οὔτε τὴν Εὐρώπην ὠνόμαζόν πω οἱ τότε, οὐδὲ διῄρητο οὕτως εἰς τρεῖς ἠπείρους οἰκουμένη· ὠνόμασε γὰρ ἄν που διὰ τὸ λίαν σημειῶδες, ὡς καὶ τὴν Λιβύην καὶ τὸν λίβα τὸν ἀπὸ τῶν ἑσπερίων τῆς Λιβύης πνέοντα· τῶν δ' ἠπείρων μήπω διωρισμένων οὐδὲ τοῦ Τανάιδος ἔδει καὶ τῆς μνήμης αὐτοῦ. Πολλὰ δὲ καὶ ἀξιομνημόνευτα μέν, οὐχ ὑπέδραμε δέ· πολὺ γὰρ δὴ καὶ τὸ ἐπελευστικὸν εἶδος ἔν τε τοῖς λόγοις καὶ ἐν ταῖς πράξεσίν ἐστιν. Ἐκ πάντων δὲ {τούτων καὶ} τῶν τοιούτων δῆλόν ἐστιν ὅτι μοχθηρῷ σημείῳ χρῆται πᾶς ἐκ τοῦ μὴ λέγεσθαί τι ὑπὸ τοῦ ποιητοῦ τὸ ἀγνοεῖσθαι ἐκεῖνο ὑπ' αὐτοῦ τεκμαιρόμενος. Καὶ δεῖ διὰ πλειόνων παραδειγμάτων ἐξελέγχειν αὐτὸ μοχθηρὸν ὄν· πολλῷ γὰρ αὐτῷ κέχρηνται πολλοί. Ἀνακρουστέον οὖν αὐτοὺς προφέροντας τὰ τοιαῦτα, εἰ καὶ ταυτολογήσομεν· οἷον ἐπὶ τῶν ποταμῶν εἴ τις λέγοι τῷ μὴ ὠνομάσθαι ἀγνοεῖσθαι εὐήθη φήσομεν τὸν λόγον· ὅπου γε οὐδὲ Μέλητα τὸν παρὰ τὴν Σμύρναν ῥέοντα ὠνόμακε ποταμόν, τὴν ὑπὸ τῶν πλείστων λεγομένην αὐτοῦ πατρίδα, Ἕρμον ποταμὸν καὶ Ὕλλον ὀνομάζων, οὐδὲ Πακτωλὸν τὸν εἰς ταὐτὸ τούτοις ῥεῖθρον ἐμβάλλοντα, τὴν δ' ἀρχὴν ἀπὸ τοῦ Τμώλου ἔχοντα οὗ μέμνηται· οὐδ' αὐτὴν Σμύρναν λέγει, οὐδὲ τὰς ἄλλας τῶν Ἰώνων πόλεις καὶ τῶν Αἰολέων τὰς πλείστας, Μίλητον λέγων καὶ Λέσβον καὶ Τένεδον, οὐδὲ Ληθαῖον τὸν παρὰ Μαγνησίαν ῥέοντα οὐδὲ δὴ Μαρσύαν τοὺς εἰς τὸν Μαίανδρον ἐκδιδόντας, ἐκεῖνον ὀνομάζων καὶ πρὸς τούτοις Ῥῆσόν θ' Ἑπτάπορόν τε Κάρησόν τε Ῥοδίον τε, καὶ τοὺς ἄλλους, ὧν οἱ πλείους ὀχετῶν οὔκ εἰσι μείζους. Πολλάς τε χώρας ὀνομάζων καὶ πόλεις τοτὲ μὲν καὶ τοὺς ποταμοὺς καὶ ὄρη συγκαταλέγει τοτὲ δ' οὔ· τοὺς γοῦν κατὰ τὴν Αἰτωλίαν καὶ τὴν Ἀττικὴν οὐ λέγει οὐδ' ἄλλους πλείους· ἔτι δὲ καὶ τῶν πόρρω μεμνημένος τῶν ἐγγὺς σφόδρα οὐ μέμνηται, οὐ δήπου ἀγνοῶν αὐτοὺς γνωρίμους τοῖς ἄλλοις ὄντας· οὐδὲ δὴ τοὺς ἐγγὺς ἐπίσης, ὧν τοὺς μὲν ὀνομάζει τοὺς δὲ οὔ, οἷον Λυκίους μὲν καὶ Σολύμους, Μιλύας δ' οὔ, οὐδὲ Παμφύλους οὐδὲ Πισίδας· καὶ Παφλαγόνας μὲν καὶ Φρύγας καὶ Μυσούς, Μαριανδυνοὺς δ' οὔ, οὐδὲ Θυνοὺς οὐδὲ Βιθυνοὺς οὐδὲ Βέβρυκας· Ἀμαζόνων τε μέμνηται, Λευκοσύρων δ' οὔ, οὐδὲ Σύρων οὐδὲ Καππαδόκων οὐδὲ Λυκαόνων, Φοίνικας καὶ Αἰγυπτίους καὶ Αἰθίοπας θρυλῶν· καὶ Ἀλήιον μὲν πεδίον λέγει καὶ Ἀρίμους, τὸ δὲ ἔθνος ἐν ταῦτα σιγᾷ. μὲν δὴ τοιοῦτος ἔλεγχος ψευδής ἐστιν, δ' ἀληθής, ὅταν δείκνυται ψεῦδος λεγόμενόν τι. Ἀλλ' οὐδ' ἐν τῷ τοιούτῳ κατορθῶν ἐδείχθη, ὅτε γε ἐθάρρησε πλάσματα λέγειν τοὺς ἀγαυοὺς ἱππημολγοὺς {καὶ} γαλακτοφάγους. Τοσαῦτα καὶ πρὸς Ἀπολλόδωρον· ἐπάνειμι δὲ ἐπὶ τὴν ἑξῆς περιήγησιν. [12c,27] Mais comment blâmer le poète de ne pas avoir fait figurer dans ses vers des noms moins connus, des noms ne jouissant encore d'aucune notoriété à l'époque de la guerre de Troie ou n'ayant nul rapport avec son sujet, le nom du Tanaïs par exemple ? Ce nom aujourd'hui même ne se recommande à l'attention que parce qu'il marque la limite qui sépare l'Europe et l'Asie. Or, du temps d'Homère, ni l'Europe ni l'Asie n'avaient encore reçu leurs noms respectifs, et l'Ikoumène ou Terre habitée n'avait pas encore été partagée en trois continents distincts, fait trop marquant qu'il n'eût certes pas négligé de mentionner, surtout ayant parlé comme il a fait de la Libye et du Lips, autrement dit du vent qui souffle de l'ouest par rapport à la Libye. Mais, du moment que la division de la Terre habitée en continents distincts n'avait pas encore eu lieu, il n'avait que faire du Tanaïs, et n'avait nul besoin de prononcer son nom. J'ajoute que beaucoup d'autres noms auraient mérité de figurer dans ses vers, qui ne lui sont pas venus à l'esprit, par cette raison que l'accidentel ou le contingent tient une aussi grande place dans les discours des hommes que dans leurs actions. En somme, des divers arguments {qui précèdent} et des arguments semblables qu'on pourrait encore invoquer, il résulte qu'on s'en rapporte à un bien pauvre indice quand du silence du poète on infère qu'il a ignoré tout ce dont il n'a point parlé. Seulement, comme beaucoup de personnes continuent à user de ce même raisonnement, il ne faut pas se lasser de multiplier les exemples, pour en démontrer l'inanité. Nous allons donc, au risque de nous répéter, réfuter encore une fois ceux qui s'obstinent à mettre en avant ce genre de preuves, et, en ce qui concerne les fleuves notamment, nous déclarons que prétendre qu'Homère a ignoré tous ceux qu'il n'a point mentionnés, c'est tout bonnement dire une sottise, puisqu'Homère n'a même pas nommé le Mélès, lequel baigne les murs de Smyrne, ville qu'on s'accorde presque généralement à regarder comme sa patrie, tandis qu'il nomme et l'Hermus et l'Hyllus ; puis qu'ayant nommé ces deux fleuves il ne mentionne pas pourtant le Pactole, leur affluent, lequel prend sa source dans le Tmole, une montagne que lui-même a nommée ; puisque, en même temps qu'il a passé sous silence Smyrne et la plupart des autres villes ioniennes et eeoliennes, il a mentionné Milet, Lesbos et Ténédos et qu'à côté du Maeandre qu'il nomme il n'a parlé ni du Léthaeus qui passe près de Magnésie, ni du Marsyas, qui, ainsi que le Léthmus, se jette dans le Maeandre ; puisqu'enfin, au nombre des cours d'eau cités par lui figurent le Rhésus, l'Heptaporus, le Carésus et le Rhodius et plusieurs autres encore qui pour la plupart ne sont guère plus grands que de simples rigoles. Ajoutons qu'Homère, qui à la mention des contrées et des villes joint souvent celle des cours d'eau et des montagnes qui les avoisinent, ne fait pas cela pour toutes, qu'il ne le fait par exemple ni pour l'Atolie, ni pour l'Attique, ni pour mainte autre contrée encore ; que souvent aussi il mentionne certains pays éloignés sans parler de ceux qui leur confinent et qui connus de leurs voisins apparemment n'avaient pu rester ignorés de lui ; qu'il procède de même pour les nations les plus rapprochées, nommant les unes et passant les autres sous silence, nommant les Lyciens et les Solymes par exemple, et passant sous silence les Milyes, les Pamphyli, les Pisidiens ; nommant les Paphlagons, les Phrygiens, les Mysiens, et passant sous silence les Mariandyni, les Thyni, les Bithyni, les Bébryces ; nommant les Amazones et taisant le nom des Leucosyri ; taisant enfin ceux des Syriens, des Cappadoces, des Lycaoniens, bien qu'il prononce à tout instant les noms des Phéniciens, des Egyptiens, des Ethiopiens ; ou bien nommant le champ Aléien et la nation des Arimes sans nommer le pays où se trouve ce champ et où habite cette nation. On le voit, l'argument d'Apollodore {consistant à tirer du silence d'Homère une présomption d'ignorance} est absolument faux, et les seuls arguments qui demeurent valables en pareil cas sont ceux qui établissent la fausseté de l'allégation. Mais on a pu voir qu'Apollodore n'avait pas su faire un meilleur usage même de cette dernière catégorie d'arguments, puisqu'il n'a pas craint de l'appliquer à l'existence des nobles Hippémolges et à celle des Galactophages. Au surplus, nous avons assez disputé contre Apollodore, reprenons la suite de notre description.


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Dernière mise à jour : 19/02/2009