[12c,22] ταῦτα μὲν ἀπολύεται τῇ μεταγραφῇ· γράφει γὰρ οὕτως
Αὐτὰρ Ἀμαζώνων Ὀδίος καὶ Ἐπίστροφος ἦρχον,
ἐλθόντ' ἐξ Ἀλόπης, ὅ θ' Ἀμαζονίδων γένος ἐστί.
Ταῦτα δ' ἀπολυσάμενος εἰς ἄλλο ἐμπέπτωκε πλάσμα· οὐδαμοῦ γὰρ ἐνθάδε εὑρίσκεται
Ἀλόπη· καὶ ἡ μεταγραφὴ δὲ παρὰ τὴν τῶν ἀντιγράφων τῶν ἀρχαίων πίστιν
καινοτομουμένη ἐπὶ τοσοῦτον σχεδιασμῷ ἔοικεν. Ὁ δὲ Σκήψιος οὔτε τὴν τούτου δόξαν
ἔοικεν ἀποδεξάμενος οὔτε τῶν περὶ τὴν Παλλήνην τοὺς Ἁλιζώνους ὑπολαβόντων, ὧν
ἐμνήσθημεν ἐν τοῖς Μακεδονικοῖς. Ὁμοίως διαπορεῖ καὶ πῶς ἐκ τῶν ὑπὲρ τὸν Βορυσθένην
νομάδων ἀφῖχθαι συμμαχίαν τοῖς Τρωσί τις νομίσειεν, ἐπαινεῖ δὲ μάλιστα τὴν Ἑκαταίου τοῦ
Μιλησίου καὶ Μενεκράτους τοῦ Ἐλαί̈του τῶν Ξενοκράτους γνωρίμων ἀνδρὸς δόξαν καὶ τὴν
Παλαιφάτου, ὧν ὁ μὲν ἐν γῆς περιόδῳ φησίν ἐπὶ δ' Ἀλαζίᾳ πόλι ποταμὸς Ὀδρύσης ῥέων
διὰ Μυγδονίης πεδίου ἀπὸ δύσιος ἐκ τῆς λίμνης τῆς Δασκυλίτιδος ἐς Ῥύνδακον ἐσβάλλει.
Ἔρημον δὲ εἶναι νῦν τὴν Ἀλαζίαν λέγει, κώμας δὲ πολλὰς τῶν Ἀλαζώνων οἰκεῖσθαι, δι' ὧν
Ὀδρύσης ῥεῖ, ἐν δὲ ταύταις τὸν Ἀπόλλωνα τιμᾶσθαι διαφερόντως, καὶ μάλιστα κατὰ τὴν
ἐφορίαν τῶν Κυζικηνῶν. Ὁ δὲ Μενεκράτης ἐν τῇ Ἑλλησποντιακῇ περιόδῳ ὑπερκεῖσθαι
λέγει τῶν περὶ τὴν Μύρλειαν τόπων ὀρεινὴν συνεχῆ, ἣν κατῴκει τὸ τῶν Ἁλιζώνων ἔθνος·
δεῖ δέ, φησί, γράφειν ἐν τοῖς δύο λάβδα, τὸν δὲ ποιητὴν ἐν τῷ ἑνὶ γράφειν διὰ τὸ μέτρον. Ὁ
δὲ Παλαίφατός φησιν ἐξ Ἀλαζώνων τῶν ἐν τῇ Ἀλόπῃ οἰκούντων, νῦν δὲ Ζελείᾳ, τὸν Ὀδίον
καὶ τὸν Ἐπίστροφον στρατεῦσαι. Τί οὖν ἄξιον ἐπαινεῖν τὰς τούτων δόξας; χωρὶς γὰρ τοῦ
τὴν ἀρχαίαν γραφὴν καὶ τούτους κινεῖν οὔτε τὰ ἀργυρεῖα δεικνύουσιν, οὔτε ποῦ τῆς
Μυρλεάτιδος Ἀλόπη ἐστίν, οὔτε πῶς οἱ ἐνθένδε ἀφιγμένοι εἰς Ἴλιον τηλόθεν ἦσαν, εἰ καὶ
δοθείη Ἀλόπην τινὰ γεγονέναι ἢ Ἀλαζίαν· πολὺ γὰρ δὴ ταῦτα ἐγγυτέρω ἐστὶ τῇ Τρῳάδι ἢ τὰ
περὶ Ἔφεσον. Ἀλλ' ὅμως τοὺς περὶ Πύγελα λέγοντας τοὺς Ἀμαζῶνας μεταξὺ Ἐφέσου καὶ
Μαγνησίας καὶ Πριήνης φλυαρεῖν φησὶν ὁ Δημήτριος· τὸ γὰρ “τηλόθεν” οὐκ ἐφαρμόττειν τῷ
τόπῳ· πόσῳ οὖν μᾶλλον οὐκ ἐφαρμόττει τῷ περὶ Μυσίαν καὶ Τευθρανίαν;
| [12c,22] A vrai dire, Ephore tranche la difficulté en changeant ainsi qu'il suit ces derniers
mots dans le texte d'Homère :
«A leur tour Odius et Epistrophus avaient amené les Amazones d'Alopé, d'Alopé où réside encore la race des Amazonides».
Mais pour que sa solution fût valable, il faudrait que lui-même ne fût pas tombé dans
la pure fiction ; or, dans le pays qu'il a en vue, on ne trouve aucune localité du nom
d'Alopé, et d'ailleurs changer ainsi du tout au tout une leçon consacrée par l'autorité des
plus anciennes copies est un procédé qui ressemble par trop à de la violence. Le
Scepsien, lui, ne paraît pas avoir adopté l'opinion d'Ephore, non plus que celle des
grammairiens qui, {en maintenant la leçon Alizônôn,} supposent qu'Homère a entendu
désigner là les Halizonii de la presqu'île de Pallène dont nous avons parlé dans notre
description de la Macédoine. Il ne voit pas davantage comment on pourrait admettre un
seul instant que les Nomades habitant par delà le Borysthène eussent envoyé des
troupes au secours des Troyens. Et il incline plutôt à adopter ou l'opinion émise par
Hécatée de Milet ou l'opinion de Ménécrate d'Elée, l'un des disciples les plus connus de
Xénocrate, voire même celle de Paléphate. Voici le passage d'Hécatée emprunté à sa
Description de la terre : «Près de la ville d'Alazia passe le fleuve Odrysès qui sort du lac
Dascylitis, traverse ensuite de l'O. à l'E. toute la plaine mygdonienne et va se jeter dans le
Rhyndacus». Hécatée ajoute que, si Alazia est aujourd'hui déserte, les Alazones
occupent encore bon nombre de villages au milieu desquels coule l'Odrysès ; que, dans
tous ces villages, Apollon est l'objet d'un culte particulier, mais que c'est dans le canton
qui borde la frontière des Cyzicéniens qu'il reçoit les plus grands honneurs. Quant à
Ménécrate, il signale, dans sa Description de l'Hellespont, une certaine chaîne de
montagnes qui règne sans interruption soi-disant au-dessus du canton de Myrlée et il
prétend que c'est dans cette chaîne qu'habitait la nation des Halizones. «Seulement, dit-il,
il faut écrire ce nom par deux lambda, et, si le poète n'en a mis qu'un, ce ne peut être que
pour les besoins du vers». Enfin l'opinion de Palaephate est que l'armée des Alazones
commandée par Odius et Epistrophus était bien partie d'Alopé, mais que, depuis, cette
même nation {s'était rapprochée} et avait occupé Zélia. Y avait-il donc lieu de donner tant
d'éloges aux opinions émises par ces trois auteurs ? Sans compter qu'eux aussi ne se
sont pas fait faute de toucher à l'ancienne leçon, ils ne nous disent ni ce qu'étaient ces
mines d'argent dont parle le poète, ni dans quelle partie de la Myrléatide était située
Alopé, ni, en supposant qu'il existât réellement une ville du nom d'Alopé ou d'Alazia dans
cette contrée, comment on a jamais pu dire qu'une armée partie des environs de Myrlée
pour se rendre à Troie était venue de loin, les environs de Myrlée étant encore plus
rapprochés de la Troade que ne le sont ceux d'Ephèse. Et quand on pense que
Démétrius tout le premier traite de bavards impertinents ceux qui placent les Amazones
près de Pygela entre Ephèse, Magnésie et Priène, et cela «par la raison que l'épithète de
lointaine ne saurait convenir à cette localité !» combien plus choque-t-elle appliquée à une
localité sise en Mysie, en Teuthranie !
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