[12c,20] Τούτους οὖν οἶμαι λέγειν τὸν ποιητὴν Ἁλιζώνους ἐν τῷ μετὰ τοὺς Παφλαγόνας καταλόγῳ
αὐτὰρ Ἁλιζώνων Ὀδίος καὶ Ἐπίστροφος ἦρχον
τηλόθεν ἐξ Ἀλύβης, ὅθεν ἀργύρου ἐστὶ γενέθλη.
Ἤτοι τῆς γραφῆς μετατεθείσης ἀπὸ τοῦ “τηλόθεν ἐκ Χαλύβης,” ἢ τῶν ἀνθρώπων
πρότερον Ἀλύβων λεγομένων ἀντὶ Χαλύβων· οὐ γὰρ νῦν μὲν δυνατὸν γέγονεν ἐκ Χαλύβων
Χαλδαίους λεχθῆναι, πρότερον δ' οὐκ ἐνῆν ἀντὶ Ἀλύβων Χάλυβας, καὶ ταῦτα τῶν
ὀνομάτων μεταπτώσεις πολλὰς δεχομένων καὶ μάλιστα ἐν τοῖς βαρβάροις· Σίντιες γὰρ
ἐκαλοῦντό τινες τῶν Θρᾳκῶν, εἶτα Σιντοί, εἶτα Σάιοι, παρ' οἷς φησιν Ἀρχίλοχος τὴν ἀσπίδα ῥῖψαι
ἀσπίδα μὲν Σαί̈ων τις ἀνείλετο, τὴν παρὰ θάμνῳ
ἔντος ἀμώμητον κάλλιπον οὐκ ἐθέλων.
Οἱ δ' αὐτοὶ οὗτοι Σαπαῖοι νῦν ὀνομάζονται· πάντες γὰρ οὗτοι περὶ Ἄβδηρα τὴν οἴκησιν
εἶχον καὶ τὰς περὶ Λῆμνον νήσους· ὁμοίως δὲ καὶ Βρῦγοι καὶ Βρύγες καὶ Φρύγες οἱ αὐτοί,
καὶ Μυσοὶ καὶ Μαίονες καὶ Μῄονες· οὐ χρεία δὲ πλεονάζειν. Ὑπονοεῖ δὲ καὶ ὁ Σκήψιος τὴν
τοῦ ὀνόματος μετάπτωσιν ἐξ Ἀλύβων εἰς Χάλυβας, τὰ δ' ἑξῆς καὶ τὰ συνῳδὰ οὐ νοῶν, καὶ
μάλιστα ἐκ τίνος Ἁλιζώνους εἴρηκε τοὺς Χάλυβας, ἀποδοκιμάζει τὴν δόξαν· ἡμεῖς δ'
ἀντιπαραθέντες τῇ ἡμετέρᾳ τὴν ἐκείνου καὶ τὰς τῶν ἄλλων ὑπολήψεις σκοπῶμεν.
| [12c,20] J'ai idée que ce sont ces Chalybes {voisins de Pharnacie} qu'Homère a entendu
désigner sous le nom d'Halizones, {d'Halizones d'Alybé,} dans le passage du Catalogue
qui suit immédiatement la mention des Paphlagoniens (Il. II, 856) :
«A leur tour Odius et Epistrophus avaient amené les Halizones du pays où naît l'argent, du lointain pays d'Alybé»,
soit que ce dernier nom ait été, par une simple erreur de copiste, substitué à la leçon
primitive du lointain pays de Chalybé, soit que le peuple en question, avant de prendre ce
nom de Chalybes, ait réellement porté celui d'Alybes. Le nom de Chalybes aujourd'hui a
bien pu se changer en celui de Chaldaei, pourquoi le nom d'Alybes anciennement ne se
serait-il pas aussi transformé en celui de Chalybes ? N'est-il pas avéré que les noms sont
sujets à mainte altération, surtout chez les peuples barbares ? et que l'une des tribus
thraces, par exemple, connue d'abord sous le nom de Sinties, s'est appelée ensuite Sinti,
puis Saii (témoin ces vers où Archiloque rappelant comment chez ce peuple il avait dû
jeter son bouclier, nous dit :
«Quelque Saien se sera fait un trophée de mon bouclier, de cette arme jusqu'alors sans
tache, que bien à contre-coeur j'abandonnai près d'un épais buisson») ?
N'est-il pas avéré que la même tribu, encore fixée, comme autrefois, aux environs
d'Abdères, dans Lemnos et dans les îles qui avoisinent Lemnos, porte aujourd'hui le nom
de Sapaei ? Et que les noms de Brygi, de Bryges et de Phryges ont désigné
successivement le même peuple et les noms de Mysi, de Maeones et de Méones, un seul
et même peuple aussi ? Nous pourrions multiplier les exemples, mais à quoi bon ? Le
Scepsien avait, du reste, soupçonné de son côté la possibilité de ce changement du nom
d'Alybes en Chalybes ; seulement, n'ayant pu concilier cette supposition avec la suite du
passage en question dans Homère, ni surtout avec ce nom d'Halizones que le poète y
donne aux Chalybes, il a cru devoir la rejeter. Voyons donc à comparer son explication
avec la nôtre ; après quoi, nous examinerons aussi les conjectures proposées par les
autres grammairiens.
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