[12c,11] Εἶτ' αὐτὴ Σινώπη, σταδίους πεντήκοντα τῆς Ἀρμένης διέχουσα, ἀξιολογωτάτη τῶν
ταύτῃ πόλεων. Ἔκτισαν μὲν οὖν αὐτὴν Μιλήσιοι, κατασκευασαμένη δὲ ναυτικὸν ἐπῆρχε τῆς
ἐντὸς Κυανέων θαλάττης, καὶ ἔξω δὲ πολλῶν ἀγώνων μετεῖχε τοῖς Ἕλλησιν·
αὐτονομηθεῖσα δὲ πολὺν χρόνον οὐδὲ διὰ τέλους ἐφύλαξε τὴν ἐλευθερίαν, ἀλλ' ἐκ
πολιορκίας ἑάλω καὶ ἐδούλευσε Φαρνάκῃ πρῶτον, ἔπειτα τοῖς διαδεξαμένοις ἐκεῖνον μέχρι
τοῦ Εὐπάτορος καὶ τῶν καταλυσάντων Ῥωμαίων ἐκεῖνον. Ὁ δὲ Εὐπάτωρ καὶ ἐγεννήθη ἐκεῖ
καὶ ἐτράφη· διαφερόντως δὲ ἐτίμησεν αὐτὴν μητρόπολίν τε τῆς βασιλείας ὑπέλαβεν. Ἔστι
δὲ καὶ φύσει καὶ προνοίᾳ κατεσκευασμένη καλῶς· ἵδρυται γὰρ ἐπὶ αὐχένι χερρονήσου
τινός, ἑκατέρωθεν δὲ τοῦ ἰσθμοῦ λιμένες καὶ ναύσταθμα καὶ πηλαμυδεῖα θαυμαστά, περὶ
ὧν εἰρήκαμεν ὅτι δευτέραν θήραν οἱ Σινωπεῖς ἔχουσι, τρίτην δὲ Βυζάντιοι· καὶ κύκλῳ δ' ἡ
χερρόνησος προβέβληται ῥαχιώδεις ἀκτὰς ἐχούσας καὶ κοιλάδας τινὰς ὡσανεὶ βόθρους
πετρίνους, οὓς καλοῦσι χοινικίδας· πληροῦνται δὲ οὗτοι μετεωρισθείσης τῆς θαλάττης, ὡς
καὶ διὰ τοῦτο οὐκ εὐπρόσιτον τὸ χωρίον καὶ διὰ τὸ πᾶσαν τὴν τῆς πέτρας ἐπιφάνειαν
ἐχινώδη καὶ ἀνεπίβατον εἶναι γυμνῷ ποδί· ἄνωθεν μέντοι καὶ ὑπὲρ τῆς πόλεως εὔγεών ἐστι
τὸ ἔδαφος καὶ ἀγροκηπίοις κεκόσμηται πυκνοῖς, πολὺ δὲ μᾶλλον τὰ προάστεια. Αὐτὴ δ' ἡ
πόλις τετείχισται καλῶς, καὶ γυμνασίῳ δὲ καὶ ἀγορᾷ καὶ στοαῖς κεκόσμηται λαμπρῶς.
Τοιαύτη δὲ οὖσα δὶς ὅμως ἑάλω, πρότερον μὲν τοῦ Φαρνάκου παρὰ δόξαν αἰφνιδίως
ἐπιπεσόντος, ὕστερον δὲ ὑπὸ Λευκόλλου καὶ τοῦ ἐγκαθημένου τυράννου καὶ ἐντὸς ἅμα καὶ
ἐκτὸς πολιορκουμένη· ὁ γὰρ ἐγκατασταθεὶς ὑπὸ τοῦ βασιλέως φρούραρχος Βακχίδης
ὑπονοῶν ἀεί τινα προδοσίαν ἐκ τῶν ἔνδοθεν καὶ πολλὰς αἰκίας καὶ σφαγὰς ποιῶν,
ἀπαγορεῦσαι τοὺς ἀνθρώπους ἐποίησε πρὸς ἄμφω μήτ' ἀμύνασθαι δυναμένους γενναίως
μήτε προσθέσθαι κατὰ συμβάσεις. Ἑάλωσαν δ' οὖν· καὶ τὸν μὲν ἄλλον κόσμον τῆς πόλεως
διεφύλαξεν ὁ Λεύκολλος, τὴν δὲ τοῦ Βιλλάρου σφαῖραν ἦρε καὶ τὸν Αὐτόλυκον, Σθένιδος
ἔργον, ὃν ἐκεῖνοι οἰκιστὴν ἐνόμιζον καὶ ἐτίμων ὡς θεόν· ἦν δὲ καὶ μαντεῖον αὐτοῦ· δοκεῖ δὲ
τῶν Ἰάσονι συμπλευσάντων εἶναι καὶ κατασχεῖν τοῦτον τὸν τόπον. Εἶθ' ὕστερον Μιλήσιοι
τὴν εὐφυί̈αν ἰδόντες καὶ τὴν ἀσθένειαν τῶν ἐνοικούντων ἐξιδιάσαντο καὶ ἐποίκους ἔστειλαν·
νυνὶ δὲ καὶ Ῥωμαίων ἀποικίαν δέδεκται, καὶ μέρος τῆς πόλεως καὶ τῆς χώρας ἐκείνων ἐστί.
Διέχει δὲ τοῦ μὲν Ἱεροῦ τρισχιλίους καὶ πεντακοσίους, ἀφ' Ἡρακλείας δὲ δισχιλίους,
Καράμβεως δὲ ἑπτακοσίους σταδίους. Ἄνδρας δὲ ἐξήνεγκεν ἀγαθούς, τῶν μὲν φιλοσόφων
Διογένη τὸν κυνικὸν καὶ Τιμόθεον τὸν Πατρίωνα, τῶν δὲ ποιητῶν Δίφιλον τὸν κωμικόν, τῶν
δὲ συγγραφέων Βάτωνα τὸν πραγματευθέντα τὰ Περσικά.
| [12c,11] Nous arrivons à Sinope même. Cette ville, qui n'est qu'à 50 stades d'Arméné, est
la plus considérable de la contrée. Fondée par les Milésiens, elle travailla à acquérir une
marine puissante, avec laquelle non seulement elle domina sur toute la mer en deçà des
roches Cyanées, mais prit même part à un combat livré dans d'autres parages par les
vaisseaux grecs. Elle jouit longtemps de son autonomie sans pouvoir cependant garder
jusqu'au bout son indépendance, car ayant été assiégée et prise elle dut subir le joug de
Pharnace d'abord, puis des successeurs de Pharnace jusqu'à Eupator, ou mieux jusqu'au
renversement de ce prince par les armes romaines. Eupator était né à Sinope et y avait
été élevé : aussi combla-t-il cette ville d'honneurs et de privilèges, l'ayant même érigée en
capitale de ses états. La nature et l'art à vrai dire avaient tout fait pour préparer Sinope à
ce rôle. Elle occupe tout le col d'une presqu'île et de chaque côté de l'isthme de cette
presqu'île possède un port, un arsenal et d'admirables pêcheries de pélamydes, dont elle
a, avons-nous dit plus haut, la seconde pêche, tandis que Byzance a la troisième. Cette
presqu'île de Sinope se termine par une crête rocheuse circulaire et semée çà et là de
grands trous {réguliers} qu'on prendrait pour autant de puits creusés dans le roc et qu'on
appelle dans le pays des Chonicides. Ces trous se remplissent d'eau pour peu que la mer
soit grosse ; et ce qui achève de rendre la presqu'île presque inaccessible de ce côté,
c'est que la surface du rocher est naturellement si rugueuse, si hérissée d'aspérités, qu'il
serait impossible d'y marcher nu-pieds. Néanmoins, dans tout le reste de la presqu'île,
notamment au-dessus de la ville, le terrain est excellent et l'on y rencontre déjà en grand
nombre de très beaux vergers, mais le nombre en est encore plus grand de l'autre côté
de la ville, dans le faubourg. La ville même est entourée de beaux remparts et compte,
entre autres monuments magnifiques qui la décorent, un gymnase, une agora et des
portiques. Malgré les avantages de sa position, Sinope fut prise deux fois, une première
fois par Pharnace, qui l'ayant assaillie brusquement l'enleva par surprise, et une seconde
fois par Lucullus assisté de son propre tyran, lequel l'assiégeait au dedans pendant que
Lucullus l'assiégeait du dehors. Tenue pour ainsi dire en échec par les perpétuels
soupçons de Bacchide, gouverneur que le roi lui avait imposé, accablée par lui de
vexations de toute sorte, terrifiée par des exécutions en masse, Sinope avait perdu toute
énergie et n'avait pu se décider à temps soit pour faire une résistance héroïque soit pour
obtenir une capitulation honorable. Elle fut donc prise d'assaut. Lucullus lui laissa tous
ses autres monuments, mais enleva la Sphère de Billarus et l'Autolycus, chef-d'oeuvre de
Sthénis : on sait qu'ils considèrent Autolycus comme le fondateur de leur ville, et qu'ils
l'ont toujours honoré à l'égal d'un Dieu, lui ayant même élevé un Mantéum où l'on allait
prendre ses oracles. En fait, il paraît certain qu'Autolycus était du nombre des guerriers
qui s'embarquèrent avec Jason, et qu'il prit possession en son propre nom du lieu où
s'élève aujourd'hui Sinope. A leur tour, les Milésiens furent frappés des avantages
exceptionnels de cette position, et, profitant de la faiblesse de ceux qui l'occupaient, ils
s'en emparèrent et y envoyèrent une colonie. Tout récemment encore les habitants de
Sinope ont vu arriver au milieu d'eux une colonie romaine et ils ont dû lui céder une partie
de leur ville et de son territoire. Sinope est à 3500 stades de l'Hiéron {ou temple de
Chalcédoine}, à 2000 stades d'Héraclée et à 700 stades de Carambis. Elle a donné le
jour à plusieurs personnages célèbres : en fait de philosophes, à Diogène le Cynique et à
Timothée dit Patrion; en fait de poètes, à Diphile le Comique ; et en fait d'historiens, à
Baton, l'auteur des Persiques.
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