[12b,8] Ἔστι δὲ καὶ ποταμὸς ἐν τῷ πεδίῳ τῷ πρὸ τῆς πόλεως Μέλας καλούμενος, ὅσον
τετταράκοντα σταδίους διέχων τῆς πόλεως, ἐν ταπεινοτέρῳ τῆς πόλεως χωρίῳ τὰς πηγὰς
ἔχων. Ταύτῃ μὲν οὖν ἄχρηστος αὐτοῖς ἐστιν οὐχ ὑπερδέξιον ἔχων τὸ ῥεῦμα, εἰς ἕλη δὲ καὶ
λίμνας διαχεόμενος κακοῖ τὸν ἀέρα τοῦ θέρους τὸν περὶ τὴν πόλιν, καὶ τὸ λατομεῖον δὲ
ποιεῖ δύσχρηστον καίπερ εὔχρηστον ὄν· πλαταμῶνες γὰρ εἰσίν, ἀφ' ὧν τὴν λιθείαν ἔχειν
ἄφθονον συμβαίνει τοῖς Μαζακηνοῖς πρὸς τὰς οἰκοδομίας, καλυπτόμεναι δ' ὑπὸ τῶν
ὑδάτων αἱ πλάκες ἀντιπράττουσι. Καὶ ταῦτα δ' ἐστὶ τὰ ἕλη πανταχοῦ πυρίληπτα.
Ἀριαράθης δ' ὁ βασιλεὺς τοῦ Μέλανος κατά τινα στενὰ ἔχοντος τὴν εἰς τὸν Ἅλυν διέξοδον
ἐμφράξας ταῦτα λίμνην πελαγίαν ἀπέδειξε τὸ πλησίον πεδίον, ἐνταῦθα δὲ νησῖδάς τινας
ὡς τὰς Κυκλάδας ἀπολαβόμενος διατριβὰς ἐν αὐταῖς ἐποιεῖτο μειρακιώδεις· ἐκραγὲν δ'
ἀθρόως τὸ ἔμφραγμα ἐξέκλυσε πάλιν τὸ ὕδωρ, πληρωθεὶς δ' ὁ Ἅλυς τῆς τε τῶν
Καππαδόκων πολλὴν παρέσυρε καὶ κατοικίας καὶ φυτείας ἠφάνισε πολλὰς τῆς τε τῶν
Γαλατῶν τῶν τὴν Φρυγίαν ἐχόντων οὐκ ὀλίγην ἐλυμήνατο· ἀντὶ δὲ τῆς βλάβης ἐπράξαντο
ζημίαν αὐτὸν τάλαντα τριακόσια Ῥωμαίοις ἐπιτρέψαντες τὴν κρίσιν. Τὸ δ' αὐτὸ συνέβη καὶ
περὶ Ἧρπα· καὶ γὰρ ἐκεῖ τὸ τοῦ Καρμάλα ῥεῦμα ἐνέφραξεν, εἶτ' ἐκραγέντος τοῦ στομίου καὶ
τῶν Κιλίκων τινὰ χωρία τὰ περὶ Μαλλὸν διαφθείραντος τοῦ ὕδατος, δίκας ἔτισεν τοῖς
ἀδικηθεῖσιν.
| [12b,8] C'est ainsi encore qu'il existe dans la plaine en avant de Mazaca et à une distance
de la ville qui n'excède pas 40 stades un cours d'eau important, le Mêlas ;
malheureusement le lieu où cette rivière prend sa source se trouve être plus bas que la
ville même et il en résulte que ses eaux, faute de partir d'un point un peu plus élevé, ne
peuvent être utilisées par les habitants. Il y a plus, comme le Mêlas est sujet à déborder
et qu'il forme alors sur ses rives des marais et autres flaques d'eau, il vicie l'air pendant
l'été aux environs de la ville, et gêne d'autre part l'exploitation d'une carrière voisine qui
ne laisse pas, malgré cela, de rendre aux Mazacéniens les plus grands services, vu que
la pierre s'y présente sous forme de larges dalles qui sont autant de matériaux tout prêts
pour la construction de leurs maisons ; seulement une fois cachées sous les eaux, ces
lourdes dalles opposent une grande résistance à l'extraction. Enfin, de ces marais que
forme le Mêlas se dégagent partout des flammes. Le roi Ariarathe avait fait fermer l'étroit
passage par où le Mêlas débouche dans la vallée de {l'Halys} et avait converti ainsi en un
lac grand comme une mer toute la plaine environnante ; dans ce lac il avait ménagé de
petites îles à l'instar des Cyclades et il prenait plaisir, un vrai plaisir d'enfant, à y résider.
Mais la digue se rompit tout à coup, et le Mêlas fit de nouveau irruption {dans l'Halys}, qui,
grossi outre mesure, emporta une bonne partie des terres de la Cappadoce, avec les
plantations et les habitations qui les couvraient, endommageant même une portion
notable du canton de la Phrygie occupé par les Galates. Les Galates, qui avaient soumis
le cas à l'arbitrage des Romains, tirèrent d'Ariarathe une indemnité de trois cents talents
pour le dommage causé. La même chose arriva aux environs d'Herpa, où Ariarathe avait
intercepté également le cours du Carmalas : la digue se rompit et une partie du canton de
Mallos, dans la préfecture de Cilicie, ayant cruellement souffert de l'irruption des eaux,
Ariarathe dut indemniser les victimes de ce sinistre du tort qu'il leur avait causé.
|