[12b,4] Διὰ δὲ τῆς Καταονίας ὁ Πύραμος, πλωτός, ἐκ μέσου τοῦ πεδίου τὰς πηγὰς ἔχων·
ἔστι δὲ βόθρος ἀξιόλογος, δι' οὗ καθορᾶν ἔστι τὸ ὕδωρ ὑποφερόμενον κρυπτῶς μέχρι
πολλοῦ διαστήματος ὑπὸ γῆς, εἶτ' ἀνατέλλον εἰς τὴν ἐπιφάνειαν· τῷ δὲ καθιέντι ἀκόντιον
ἄνωθεν εἰς τὸν βόθρον ἡ βία τοῦ ὕδατος ἀντιπράττει τοσοῦτον ὥστε μόλις βαπτίζεσθαι·
ἀπλέτῳ δὲ βάθει καὶ πλάτει πολὺς ἐνεχθεὶς ἐπειδὰν συνάψῃ τῷ Ταύρῳ, παράδοξον
λαμβάνει τὴν συναγωγήν· παράδοξος δὲ καὶ ἡ διακοπὴ τοῦ ὄρους ἐστὶ δι' ἧς ἄγεται τὸ
ῥεῖθρον· καθάπερ γὰρ ἐν ταῖς ῥῆγμα λαβούσαις πέτραις καὶ σχισθείσαις δίχα τὰς κατὰ τὴν
ἑτέραν ἐξοχὰς ὁμολόγους εἶναι συμβαίνει ταῖς κατὰ τὴν ἑτέραν εἰσοχαῖς ὥστε κἂν
συναρμοσθῆναι δύνασθαι, οὕτως εἴδομεν καὶ τὰς ὑπερκειμένας τοῦ ποταμοῦ πέτρας
ἑκατέρωθεν σχεδόν τι μέχρι τῶν ἀκρωρειῶν ἀνατεινούσας ἐν διαστάσει δυεῖν ἢ τριῶν
πλέθρων ἀντικείμενα ἐχούσας τὰ κοῖλα ταῖς ἐξοχαῖς· τὸ δὲ ἔδαφος τὸ μεταξὺ πᾶν πέτρινον,
βαθύ τι καὶ στενὸν τελέως, ἔχον διὰ μέσου ῥῆγμα ὥστε καὶ κύνα καὶ λαγὼ διάλλεσθαι.
Τοῦτο δ' ἐστὶ τὸ ῥεῖθρον τοῦ ποταμοῦ ἄχρι χείλους πλῆρες, ὀχετῷ πλατεῖ προσεοικός, διὰ
δὲ τὴν σκολιότητα καὶ τὴν ἐκ τοσούτου συναγωγὴν καὶ τὸ τῆς φάραγγος βάθος εὐθὺς τοῖς
πόρρωθεν προσιοῦσιν ὁ ψόφος βροντῇ προσπίπτει παραπλήσιος· διεκβαίνων δὲ τὰ ὄρη
τοσαύτην κατάγει χοῦν ἐπὶ θάλατταν, τὴν μὲν ἐκ τῆς Καταονίας τὴν δὲ ἐκ τῶν Κιλίκων
πεδίων, ὥστε ἐπ' αὐτῷ καὶ χρησμὸς ἐκπεπτωκὼς φέρεται τοιοῦτος
Ἔσσεται ἐσσομένοις, ὅτε Πύραμος ἀργυροδίνης
ἠιόνα προχέων ἱερὴν ἐς Κύπρον ἵκηται
παραπλήσιον γάρ τι κἀκεῖ συμβαίνει καὶ ἐν Αἰγύπτῳ, τοῦ Νείλου προσεξηπειροῦντος
ἀεὶ τὴν θάλατταν τῇ προσχώσει· καθὸ καὶ Ἡρόδοτος μὲν δῶρον τοῦ ποταμοῦ τὴν Αἴγυπτον
εἶπεν, ὁ ποιητὴς δὲ τὴν Φάρον πελαγίαν ὑπάρξαι πρότερον οὐχ ὡς νυνὶ πρόσγειον οὖσαν
τῇ Αἰγύπτῳ.
| [12b,4] Quant à la Cataonie, elle est traversée par le Pyramus, cours d'eau navigable, qui
a sa source tout au milieu de la plaine. Cette source est un gouffre profond d'où l'on voit
l'eau qui a longtemps coulé sous terre en dérobant aux yeux son cours mystérieux jaillir
tout à coup à la surface du sol. Un javelot lancé de haut dans ce gouffre rencontre de la
part de cette masse d'eau jaillissante une telle résistance qu'il n'y enfonce qu'avec peine.
Grâce à la profondeur et à la largeur exceptionnelles de son lit, le Pyramus forme de
prime abord un fleuve puissant et impétueux, mais il n'a pas plus tôt atteint le Taurus que
son lit {tout à l'heure si large} se resserre extraordinairement. Et ce qui n'est pas moins
extraordinaire c'est la disposition que présente l'espèce de brèche ou de coupure qui livre
passage à ses eaux à travers la montagne. Car, de même qu'on voit dans un rocher qui
se fend tout à coup et se sépare en deux les saillants de l'un des côtés correspondre si
exactement aux rentrants de l'autre qu'il semble qu'on n'aurait qu'à les rapprocher pour
qu'ils se rajustassent aussitôt, de même nous avons vu sur les deux rives du Pyramus les
rochers qui garnissent les flancs de la montagne jusqu'au sommet opposer
symétriquement les uns aux autres, malgré la distance de 2 à 300 plèthres qui les sépare,
leurs parties saillantes et rentrantes. Ajoutons qu'au milieu de cette vallée ainsi encaissée
et resserrée entre deux murs de rochers le sol, qui n'est autre que le roc lui-même,
présente une étroite fissure qu'un chien ou un lièvre pourrait franchir d'un bond : or c'est
cette fissure qui sert de lit au fleuve, et, comme elle ne dépasse guère en largeur les
proportions d'une simple rigole, les eaux du fleuve naturellement la remplissent jusqu'aux
bords : seulement, par suite de sa direction tortueuse, par suite aussi de l'extrême
rapprochement de ses parois et de sa profondeur qui est celle d'un véritable gouffre, le
passage du fleuve y produit un fracas épouvantable, comparable au bruit du tonnerre, et
qui frappe d'aussi loin l'oreille du voyageur. Une fois sorti des montagnes, le Pyramus se
précipite vers la mer, et il roule dans ses eaux une telle quantité de limon enlevée soit aux
campagne, de la Cataonie soit aux plaines ciliciennes, que cette circonstance a donné
lieu dès longtemps à l'oracle suivant :
«Un jour viendra où nos fils verront le Pyrame aux flots d'argent, reculant de plus en plus les
limites du continent, atteindre jusqu'aux bords sacrés de Cypre».
On observe, en effet, à l'embouchure de ce fleuve le même phénomène qu'en
Egypte aux bouches du Nil, le Nil par ses atterrissements ne cessant, comme on sait,
d'accroître le continent aux dépens de la mer, ce qui a inspiré à Hérodote cette parole
célèbre que l'Egypte est un présent du Nil et suggéré à Homère la remarque que Pharos
était dans le principe une île de la haute mer, et qu'on ne la voyait pas, comme à présent,
toucher presque aux rivages de l'Egypte.
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