[12b,3] Ἐν δὲ τῷ Ἀντιταύρῳ τούτῳ βαθεῖς καὶ στενοί εἰσιν αὐλῶνες, ἐν οἷς ἵδρυται τὰ
Κόμανα καὶ τὸ τῆς Ἐνυοῦς ἱερὸν ἣν ἐκεῖνοι Μᾶ ὀνομάζουσι· πόλις δ' ἐστὶν ἀξιόλογος,
πλεῖστον μέντοι τὸ τῶν θεοφορήτων πλῆθος καὶ τὸ τῶν ἱεροδούλων ἐν αὐτῇ. Κατάονες δέ
εἰσιν οἱ ἐνοικοῦντες, ἄλλως μὲν ὑπὸ τῷ βασιλεῖ τεταγμένοι, τοῦ δὲ ἱερέως ὑπακούοντες τὸ
πλέον· ὁ δὲ τοῦ θ' ἱεροῦ κύριός ἐστι καὶ τῶν ἱεροδούλων, οἳ κατὰ τὴν ἡμετέραν ἐπιδημίαν
πλείους ἦσαν τῶν ἑξακισχιλίων, ἄνδρες ὁμοῦ γυναιξί. Πρόσκειται δὲ τῷ ἱερῷ καὶ χώρα
πολλή, καρποῦται δ' ὁ ἱερεὺς τὴν πρόσοδον, καὶ ἔστιν οὗτος δεύτερος κατὰ τιμὴν {ἐν} τῇ
Καππαδοκίᾳ μετὰ τὸν βασιλέα· ὡς δ' ἐπὶ τὸ πολὺ τοῦ αὐτοῦ γένους ἦσαν οἱ ἱερεῖς τοῖς
βασιλεῦσι. Τὰ δὲ ἱερὰ ταῦτα δοκεῖ Ὀρέστης μετὰ τῆς ἀδελφῆς Ἰφιγενείας κομίσαι δεῦρο ἀπὸ
τῆς Ταυρικῆς Σκυθίας, τὰ τῆς Ταυροπόλου Ἀρτέμιδος, ἐνταῦθα δὲ καὶ τὴν πένθιμον κόμην
ἀποθέσθαι, ἀφ' ἧς καὶ τοὔνομα τῇ πόλει. Διὰ μὲν οὖν τῆς πόλεως ταύτης ὁ Σάρος ῥεῖ
ποταμός, καὶ διὰ τῶν συναγκειῶν τοῦ Ταύρου διεκπεραιοῦται πρὸς τὰ τῶν Κιλίκων πεδία
καὶ τὸ ὑποκείμενον πέλαγος.
| [12b,3] C'est dans l'Antitaurus précisément, dans une des vallées étroites et profondes de
cette chaîne, qu'est située Comana avec le fameux temple consacré à la déesse Mâ, la
même que nous nommons Enyô. Comana est une ville considérable, mais qui doit surtout
son importance à la multitude d'enthousiastes ou de prophètes et d'hiérodules ou
d'esclaves sacrés qu'elle renferme. Ses habitants, bien que Cataoniens d'origine et bien
que soumis nominalement au roi de Cappadoce, sont plutôt les sujets du grand prêtre {de
Mâ}. Celui-ci a la surintendance du temple et règne en maître sur les hiérodules : or, à
l'époque où nous avons visité ce temple, on y comptait plus de 6000 hiérodules, tant
hommes que femmes. Un territoire spacieux dépend du temple et c'est encore le grand
prêtre qui en perçoit les revenus. Le grand prêtre tient du reste en Cappadoce le second
rang après le roi et en général jusqu'à présent rois et grands prêtres ont été choisis dans
la même famille. La nature du culte rendu à la déesse Mâ a donné lieu de penser
qu'Oreste, après s'être enfui avec sa soeur Iphigénie de la Scythie taurique, avait introduit
dans cette contrée les rites du culte de Diane Tauropole ; la tradition ajoute que le frère et
la soeur auraient en signe de deuil déposé leur chevelure sur l'autel de la déesse et que
c'est de cette circonstance que la ville de Comana aurait tiré son nom. Cette ville est
située sur les deux rives du fleuve Sarus qui, longtemps resserré dans les gorges ou
étroites vallées du Taurus, se déploie enfin dans les plaines de la Cilicie pour aller se jeter
au delà dans la mer de ce nom.
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