[11m,12] Ἀρχαιολογία δέ τίς ἐστι περὶ τοῦ ἔθνους τοῦδε τοιαύτη· Ἄρμενος ἐξ Ἀρμενίου πόλεως Θετταλικῆς, ἣ κεῖται μεταξὺ Φερῶν καὶ Λαρίσης ἐπὶ τῇ Βοίβῃ, καθάπερ εἴρηται, συνεστράτευσεν Ἰάσονι εἰς τὴν Ἀρμενίαν· τούτου φασὶν ἐπώνυμον τὴν Ἀρμενίαν οἱ περὶ Κυρσίλον τὸν Φαρσάλιον καὶ Μήδιον τὸν Λαρισαῖον, ἄνδρες συνεστρατευκότες Ἀλεξάνδρῳ· τῶν δὲ μετὰ τοῦ Ἀρμένου τοὺς μὲν τὴν Ἀκιλισηνὴν οἰκῆσαι τὴν ὑπὸ τοῖς Σωφηνοῖς πρότερον οὖσαν, τοὺς δὲ ἐν τῇ Συσπιρίτιδι ἕως τῆς Καλαχηνῆς καὶ τῆς Ἀδιαβηνῆς ἔξω τῶν Ἀρμενιακῶν ὅρων. Καὶ τὴν ἐσθῆτα δὲ τὴν Ἀρμενιακὴν Θετταλικήν φασιν, οἷον τοὺς βαθεῖς χιτῶνας οὓς καλοῦσιν Θετταλικοὺς ἐν ταῖς τραγῳδίαις, καὶ ζωννύουσι περὶ τὰ στήθη καὶ ἐφαπτίδας, ὡς καὶ τῶν τραγῳδῶν μιμησαμένων τοὺς Θετταλούς· ἔδει μὲν γὰρ αὐτοῖς ἐπιθέτου κόσμου τοιούτου τινός, οἱ δὲ Θετταλοὶ μάλιστα βαθυστολοῦντες, ὡς εἰκός, διὰ τὸ πάντων εἶναι Ἑλλήνων βορειοτάτους καὶ ψυχροτάτους νέμεσθαι τόπους ἐπιτηδειοτάτην παρέσχοντο μίμησιν τῇ τῶν ὑποκριτῶν διασκευῇ ἐν τοῖς ἀναπλάσμασιν· καὶ τὸν τῆς ἱππικῆς ζῆλόν φασιν εἶναι Θετταλικὸν καὶ τούτοις ὁμοίως καὶ Μήδοις. Τὴν δὲ Ἰάσονος στρατείαν καὶ τὰ Ἰασόνια μαρτυρεῖ, ὧν τινα οἱ δυνάσται κατεσκεύασαν παραπλησίως ὥσπερ τὸν ἐν Ἀβδήροις νεὼν τοῦ Ἰάσονος Παρμενίων.
| [11m,12] Voici maintenant ce qu'une antique tradition marque relativement à l'origine de la nation elle-même. On a pu voir plus haut comment le Thessalien Arménus avait quitté Arménium, sa ville natale, située non loin de Boebé, entre Phères et Larisse, pour suivre Jason, et comment il avait pénétré avec le héros jusqu'au coeur de l'Arménie ; or, c'est à Arménus, s'il faut en croire les historiens Cyrsile de Pharsale et Médius de Larisse, tous deux compagnons d'armes d'Alexandre, que l'Arménie aurait dû son nom. Les mêmes auteurs assurent que, tandis qu'une partie des forces d'Arménus prenait possession de l'Akilisène, laquelle dépendait primitivement du territoire des Sophéni, le reste avait occupé la Syspiritide jusqu'à la Calachène et l'Adiabène, dépassant ainsi les limites actuelles de l'Arménie.
Ajoutons qu'au dire de certains auteurs le costume national des Arméniens n'est autre que le costume thessalien lui-même ; que leurs longues robes notamment rappellent tout à fait la tunique tulaire de nos tragédiens, tunique qui s'attache soit sur la poitrine au moyen d'une ceinture, soit sur l'épaule au moyen d'agrafes, et que nous appelons une thessalique parce qu'apparemment nos acteurs l'avaient, eux aussi, imitée à l'origine du costume national des Thessaliens. Ils ne pouvaient se passer, en effet, de quelque ornement semblable, de quelque ornement d'emprunt qui pût leur donner aux yeux des spectateurs plus d'ampleur et de majesté, et rien n'était plus propre assurément à être transporté sur la scène et à devenir le costume tragique par excellence que cette longue robe que les Thessaliens, eux, n'avaient adoptée que parce qu'ils habitaient le pays le plus septentrional et le plus froid de toute la Grèce.
Enfin on croit que Mèdes et Arméniens ont bien pu également emprunter des Thessaliens leur goût si vif pour les chevaux. Quant au fait même d'une expédition de Jason en Arménie, n'est-il pas suffisamment attesté par l'existence de ces nombreux Jasonium que les dynastes indigènes paraissent avoir érigés, en partie du moins, sur le modèle du temple de Jason bâti à Abdères par les soins de Parménion ?
|