[9a,19] Ὅσῳ δὲ πλέον ἐστὶ τὸ φιλότιμον περὶ τὰ ἔνδοξα καὶ πλείους
οἱ λαλήσαντές τι περὶ αὐτῶν, τοσῷδε μείζων ὁ ἔλεγχος, ἐὰν μὴ κρατῇ τις τῆς
ἱστορίας· οἷον ἐν τῇ συναγωγῇ τῶν ποταμῶν ὁ Καλλίμαχος γελᾶν φησιν, εἴ τις
θαρρεῖ γράφειν τὰς τῶν Ἀθηναίων παρθένους „ἀφύσσεσθαι καθαρὸν γάνος
Ἠριδανοῖο,“ οὗ καὶ τὰ βοσκήματα ἀπόσχοιτ´ ἄν. εἰσὶ μὲν νῦν αἱ πηγαὶ καθαροῦ
καὶ ποτίμου ὕδατος, ὥς φασιν, ἐκτὸς τῶν Διοχάρους καλουμένων πυλῶν πλησίον
τοῦ Λυκείου· πρότερον δὲ καὶ κρήνη κατεσκεύαστό τις πλησίον πολλοῦ καὶ
καλοῦ ὕδατος· εἰ δὲ μὴ νῦν, τί ἂν εἴη θαυμαστόν, εἰ πάλαι πολὺ καὶ καθαρὸν ἦν
ὥστε καὶ πότιμον εἶναι, μετέβαλε δὲ ὕστερον; ἐν μὲν οὖν τοῖς καθ´ ἕκαστα
τοσούτοις οὖσιν οὐκ ἐνδέχεται διατρίβειν, οὐ μὴν οὐδὲ σιγῇ παρελθεῖν ὥστε μηδ´
ἐν κεφαλαίῳ μνησθῆναί τινων.
| [9a,19] Plus est vif, du reste, le sentiment d'intérêt et de curiosité qui
s'attache aux beautés et illustrations d'un pays, plus celles-ci ont déjà
provoqué de recherches et de controverses savantes, plus l'on s'expose aux
sévérités de la critique si l'on s'écarte, en ce qui concerne ledit pays,
de l'exactitude historique. Prenons un exemple : pourquoi, dans son
Catalogue ou Dénombrement des fleuves, Callimaque trouve-t-il si ridicule
qu'on ait osé nous montrer les jeunes Athéniennes allant puiser l'eau pure
de l'Eridan, «c'est-à-dire une eau dont les bestiaux eux-mêmes ne
voudraient pas ?» Aujourd'hui, l'eau de l'Eridan, au moins celle de ses
sources (lesquelles sont situées en dehors de la porte de Diocharès, tout
auprès du Lycée), passe pour être parfaitement pure et potable, et l'on
avait même bâti naguère dans le voisinage de ces sources une fontaine
qu'elles alimentaient abondamment d'excellente eau. Mais il en serait
aujourd'hui autrement, qu'il n'y aurait rien d'étonnant qu'une eau eût été
anciennement abondante et pure, pure au point d'être potable, et qu'avec
le temps elle eût changé de nature. On n'en finirait pas, sans doute, si
l'on voulait insister, comme nous venons de le faire, sur chaque détail en
particulier, mais on ne peut cependant pas non plus tout passer sous
silence, sans mentionner, ne fût-ce que sommairement, les faits principaux.
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