HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Strabon, Geographica, livre VIII

Chapitre 1

  par. 2

[8,1,2] ἐπιδουο μὲν οὖν πολλὰ ἔθνη γεγένηται, τὰ δ´ ἀνωτάτω τοσαῦτα ὅσας καὶ διαλέκτους παρειλήφαμεν τὰς Ἑλληνίδας· τούτων δ´ αὐτῶν τεττάρων οὐσῶν τὴν μὲν Ἰάδα τῇ παλαιᾷ Ἀτθίδι τὴν αὐτὴν φαμέν (καὶ γὰρ Ἴωνες ἐκαλοῦντο οἱ τότε Ἀττικοί, καὶ ἐκεῖθέν εἰσιν οἱ τὴν Ἀσίαν ἐποικήσαντες Ἴωνες καὶ χρησάμενοι τῇ νῦν λεγομένῃ γλώττῃ Ἰάδι), τὴν δὲ Δωρίδα τῇ Αἰολίδι· πάντες γὰρ οἱ ἐκτὸς Ἰσθμοῦ πλὴν Ἀθηναίων καὶ Μεγαρέων καὶ τῶν περὶ τὸν Παρνασσὸν Δωριέων καὶ νῦν ἔτι Αἰολεῖς καλοῦνται· καὶ τοὺς Δωριέας δὲ ὀλίγους ὄντας καὶ τραχυτάτην οἰκοῦντας χώραν εἰκός ἐστι τῷ ἀνεπιμίκτῳ παρατρέψαι τὴν γλῶτταν καὶ τὰ ἄλλα ἔθη πρὸς τὸ μὴ ὁμογενές, ὁμογενεῖς πρότερον ὄντας. τοῦτο δ´ αὐτὸ καὶ τοῖς Ἀθηναίοις συνέβη, λεπτόγεών τε καὶ τραχεῖαν οἰκοῦντας χώραν ἀπορθήτους * μὲν εἶναι διὰ τοῦτο καὶ αὐτόχθονας νομισθῆναι φησὶν Θουκυδίδης, κατέχοντας τὴν αὐτὴν ἀεί, μηδενὸς ἐξελαύνοντος αὐτοὺς μηδ´ ἐπιθυμοῦντος ἔχειν τὴν ἐκείνων· τοῦτο τοίνυν αὐτὸ καὶ τοῦ ἑτερογλώττου καὶ τοῦ ἑτεροεθοῦς αἴτιον, ὡς εἰκός, ὑπῆρξε καίπερ ὀλίγοις οὖσιν. οὕτω δὲ τοῦ Αἰολικοῦ πλήθους ἐπικρατοῦντος ἐν τοῖς ἐκτὸς Ἰσθμοῦ, καὶ οἱ ἐντὸς Αἰολεῖς πρότερον ἦσαν, εἶτ´ ἐμίχθησαν, Ἰώνων μὲν ἐκ τῆς Ἀττικῆς τὸν Αἰγιαλὸν κατασχόντων, τῶν δ´ Ἡρακλειδῶν τοὺς Δωριέας καταγαγόντων, ὑφ´ ὧν τά τε Μέγαρα ᾠκίσθη καὶ πολλαὶ τῶν ἐν τῇ Πελοποννήσῳ πόλεων. οἱ μὲν οὖν Ἴωνες ἐξέπεσον πάλιν ταχέως ὑπὸ Ἀχαιῶν, Αἰολικοῦ ἔθνους· ἐλείφθη δ´ ἐν τῇ Πελοποννήσῳ τὰ δύο ἔθνη, τό τε Αἰολικὸν καὶ τὸ Δωρικόν. ὅσοι μὲν οὖν ἧττον τοῖς Δωριεῦσιν ἐπεπλέκοντο (καθάπερ συνέβη τοῖς τε Ἀρκάσι καὶ τοῖς Ἠλείοις, τοῖς μὲν ὀρεινοῖς τελέως οὖσι καὶ οὐκ ἐμπεπτωκόσιν εἰς τὸν κλῆρον, τοῖς δ´ ἱεροῖς νομισθεῖσι τοῦ Ὀλυμπίου Διὸς καὶ καθ´ αὑτοὺς εἰρήνην ἄγουσι πολὺν χρόνον, ἄλλως τε καὶ τοῦ Αἰολικοῦ γένους οὖσι καὶ δεδεγμένοις τὴν Ὀξύλῳ συγκατελθοῦσαν στρατιὰν περὶ τὴν τῶν Ἡρακλειδῶν κάθοδον), οὗτοι αἰολιστὶ διελέχθησαν, οἱ δ´ ἄλλοι μικτῇ τινι ἐχρήσαντο ἐξ ἀμφοῖν, οἱ μὲν μᾶλλον οἱ δ´ ἧττον αἰολίζοντες· σχεδὸν δέ τι καὶ νῦν κατὰ πόλεις ἄλλοι ἄλλως διαλέγονται, δοκοῦσι δὲ δωρίζειν ἅπαντες διὰ τὴν συμβᾶσαν ἐπικράτειαν. τοσαῦτα μὲν οὖν τὰ τῶν Ἑλλήνων ἔθνη καὶ οὕτως, ὡς τύπῳ εἰπεῖν, ἀφωρισμένα. λέγωμεν δὴ διαλαβόντες ὃν χρὴ τρόπον τῇ τάξει περὶ αὐτῶν. [8,1,2] La Grèce compte donc un grand nombre de peuples distincts ; mais ceux-ci se réduisent par le fait à quatre nations principales, correspondant aux quatre dialectes grecs. Encore pouvons-nous dire que le dialecte ionien se confond avec l'ancien dialecte attique, et le dorien avec l'éolien : en effet, à l'origine, les habitants de l'Attique ne portaient pas d'autre nom que celui d'Ioniens, et ce sont eux qui, en colonisant l'Asie, y ont introduit ce qu'on appelle aujourd'hui encore la langue ionienne. D'autre part, à l'exception des Athéniens, des Mégariens et des Doriens du Parnasse, tous les peuples établis en dehors de l'isthme sont actuellement encore compris sous la dénomination générale d'Éoliens, et, s'il n'en est pas de même des Doriens proprement dits, de ce petit peuple confiné dans le canton le plus âpre de la Grèce, c'est qu'apparemment l'isolement aura altéré son langage et ses moeurs, et, en effaçant son affinité primitive, lui aura donné tous les caractères d'une race à part. C'est là aussi ce qui est arrivé aux Athéniens : comme ils habitaient une contrée dont le sol était âpre et maigre, ils restèrent à l'abri de toute dévastation et l'on regarda comme autochthone un peuple qu'on voyait occuper toujours les mêmes lieux sans qu'aucun ennemi cherchât à les en expulser ni parût même les leur envier ; par suite de la même cause, leur idiome et leurs moeurs s'altérèrent peu à peu, et ils en vinrent ainsi, en dépit de leur petit nombre, à former une nation à part. La race éolienne, on le voit, fut de tout temps prédominante en dehors de l'isthme. Au dedans de l'isthme, elle l'était également à l'origine ; mais, plus tard, d'autres peuples s'y mêlèrent à elle : les Ioniens vinrent de l'Attique occuper l'Aegialée, et les Doriens, amenés par les Héraclides, fondèrent Mégare et une bonne partie des villes du Péloponnèse. Toutefois, comme les Ioniens ne tardèrent pas à être renvoyés par les Achéens, peuple de race éolienne, il ne resta plus dans le Péloponnèse que des Éoliens et des Doriens en présence. Naturellement, les peuples qui s'étaient trouvés avoir moins de contact avec les Doriens (et tel avait été le cas non seulement des Arcadiens, qui, retranchés dans leurs montagnes, étaient restés en dehors du partage des Héraclides, mais des Eléens également qui, protégés par leur caractère sacré, avaient continué à mener au sein de la paix une existence à part, et qui, d'ailleurs, à titre d'Éoliens, avaient, lors du retour des Héraclides, reçu au milieu d'eux Oxylus et ses compagnons), ces peuples, dis-je, conservèrent comme idiome le pur éolien ; mais tous les autres se formèrent un langage mixte dans lequel les éléments éoliens dominaient encore plus ou moins, si bien qu'aujourd'hui même, quoique l'hégémonie dorienne semble avoir fait prévaloir le Dorien dans tout le Péloponnèse, chaque ville s'y trouve posséder en réalité un dialecte qui lui est propre. Telle est, dans sa forme la plus générale, la division ethnographique de la Grèce. Reste à en donner la description particulière ; or, pour cela, prenons chaque peuple dans l'ordre où il se présente à nous.


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Dernière mise à jour : 5/07/2006