[8,1,3] Ἔφορος μὲν οὖν ἀρχὴν εἶναι τῆς Ἑλλάδος τὴν
Ἀκαρνανίαν φησὶν ἀπὸ τῶν ἑσπερίων μερῶν· ταύτην
γὰρ συνάπτειν πρώτην τοῖς Ἠπειρωτικοῖς ἔθνεσιν.
ἀλλ´ ὥσπερ οὗτος τῇ παραλίᾳ μέτρῳ χρώμενος ἐντεῦθεν
ποιεῖται τὴν ἀρχήν, ἡγεμονικόν τι τὴν θάλατταν
κρίνων πρὸς τὰς τοπογραφίας, ἐπεὶ ἄλλως γ´ ἐνεχώρει
κατὰ τὴν Μακεδόνων καὶ Θετταλῶν τὴν ἀρχὴν ἀποφαίνεσθαι
τῆς Ἑλλάδος· οὕτω καὶ ἡμῖν προσήκει ἀκολουθοῦσι
τῇ φύσει τῶν τόπων σύμβουλον ποιεῖσθαι
τὴν θάλατταν. αὕτη δ´ ἐκ τοῦ Σικελικοῦ πελάγους
προσπεσοῦσα τῇ μὲν ἀναχεῖται πρὸς τὸν Κορινθιακὸν
κόλπον, τῇ δ´ ἀποτελεῖ χερρόνησον μεγάλην τὴν Πελοπόννησον,
ἰσθμῷ στενῷ κλειομένην. ἔστι δὲ τὰ δύο
μέγιστα συστήματα τῆς Ἑλλάδος τό τε ἐντὸς Ἰσθμοῦ
καὶ τὸ ἐκτὸς μέχρι τῆς ἐκβολῆς τοῦ Πηνειοῦ· ἔστι δὲ
καὶ μεῖζον καὶ ἐπιφανέστερον τὸ ἐντὸς Ἰσθμοῦ· σχεδὸν
δέ τι καὶ ἀκρόπολίς ἐστιν ἡ Πελοπόννησος τῆς
συμπάσης Ἑλλάδος - - - χωρὶς γὰρ τῆς λαμπρότητος
καὶ δυνάμεως τῶν ἐνοικησάντων ἐθνῶν αὐτὴ ἡ
τῶν τόπων θέσις ὑπογράφει τὴν ἡγεμονίαν ταύτην,
κόλποις τε καὶ ἄκραις πολλαῖς καὶ τοῖς σημειωδεστάτοις,
χερρονήσοις μεγάλαις, διαπεποικιλμένη, ὧν ἐκ
διαδοχῆς ἑτέρα τὴν ἑτέραν ἔχει. ἔστι δὲ πρώτη μὲν τῶν
χερρονήσων ἡ Πελοπόννησος, ἰσθμῷ κλειομένη τετταράκοντα
σταδίων. δευτέρα δὲ ἡ καὶ ταύτην περιέχουσα,
ἧς ἰσθμός ἐστιν ὁ ἐκ Παγῶν τῶν Μεγαρικῶν εἰς Νίσαιαν,
τὸ Μεγαρέων ἐπίνειον, ὑπερβολῇ σταδίων ἑκατὸν
εἴκοσιν ἀπὸ θαλάττης ἐπὶ θάλατταν. τρίτη δ´ ἡ
καὶ ταύτην περιέχουσα, ἧς ἰσθμὸς ἀπὸ τοῦ μυχοῦ τοῦ
Κρισαίου κόλπου μέχρι Θερμοπυλῶν· ἡ δ´ ἐπινοουμένη
εὐθεῖα γραμμὴ ὅσον πεντακοσίων ὀκτὼ σταδίων
τὴν μὲν Βοιωτίαν ἅπασαν ἐντὸς ἀπολαμβάνουσα, τὴν
δὲ Φωκίδα τέμνουσα λοξὴν καὶ τοὺς Ἐπικνημιδίους.
τετάρτη δὲ ἡ ἀπὸ τοῦ Ἀμβρακικοῦ κόλπου διὰ τῆς
Οἴτης καὶ τῆς Τραχινίας εἰς τὸν Μαλιακὸν κόλπον καθήκοντα
ἔχουσα τὸν ἰσθμὸν καὶ τὰς Θερμοπύλας, ὅσον
ὀκτακοσίων ὄντα σταδίων· πλειόνων δ´ ἢ χιλίων ἄλλος
ἐστὶν ἀπὸ τοῦ αὐτοῦ κόλπου τοῦ Ἀμβρακικοῦ διὰ Θετταλῶν
καὶ Μακεδόνων εἰς τὸν Θερμαῖον διήκων μυχόν.
ὑπαγορεύει δή τινα τάξιν οὐ φαύλην ἡ τῶν χερρονήσων
διαδοχή· δεῖ δ´ ἀπὸ τῆς ἐλαχίστης ἄρξασθαι,
ἐπιφανεστάτης δέ.
| [8,1,3] Ephore, on le sait, part de l'O. et fait commencer la Grèce à l'Acarnanie, première province,
dit-il, qui confine à l'Epire. Trouvant de ce côté le littoral pour lui servir d'échelle comparative
de mesure, Ephore avait jugé apparemment ne pouvoir suivre dans ses descriptions
topographiques de guide plus sûr que la mer, et c'est pourquoi il y avait pris son point de
départ qu'autrement il eût aussi bien pris des frontières de la Macédoine et de la Thessalie.
Faisons comme lui et à notre tour accommodons notre description à la nature des lieux en
consultant d'abord les indications que nous fournit la mer. Quand, au sortir des parages de la
Sicile, la mer rencontre les côtes de Grèce, elle se répand d'un côté dans le golfe de Corinthe,
et de l'autre {dans le golfe Saronique}, faisant ainsi du Péloponnèse une grande presqu'île
fermée par un isthme étroit. De là, en Grèce, deux masses absolument distinctes : la région
en deçà de l'isthme et celle qui s'étend au-delà {jusqu'aux} Thermopyles, {voire même}
jusqu'aux bouches du Pénée, la Thessalie faisant encore partie {de la Grèce}. Ajoutons que
cette dernière région est la plus grande des deux. {L'autre, en revanche, a plus d'importance},
et, comme telle, a joué un rôle plus brillant : cela est si vrai qu'on pourrait à la rigueur appeler
le Péloponnèse l'Acropole de la Grèce, {et dire qu'il a exercé en Grèce la même
prépondérance que la Grèce à son tour a exercée en Europe}. Cette prépondérance, la Grèce
ne l'a pas due seulement à la puissance et à la gloire de ses peuples, mais la disposition des
lieux l'impliquait déjà nécessairement, tant par la multitude de golfes et de caps qui découpent
ses côtes que par cette circonstance si caractéristique de grandes presqu'îles se succédant et
s'emboîtant pour ainsi dire l'une dans l'autre. La première de ces presqu'îles, laquelle n'est
autre que le Péloponnèse, est fermée par un isthme large de 40 stades ; quant à la seconde,
qui se trouve par le fait comprendre la première, elle a pour isthme l'espace compris entre
Pagae, ville de la Mégaride, et Nisée, port ou arsenal de Mégare, espace représentant un
trajet de 120 stades d'une mer à l'autre. La troisième presqu'île, qui contient à son tour la
précédente, a pour isthme l'espace compris entre le golfe Crissaeen et les Thermopyles : pour
se représenter cet isthme, on n'a qu'à concevoir une ligne droite de 550 stades environ,
interceptant {l'Attique et} la Béotie tout entière et coupant obliquement la Phocide et la Locride
Epicnémidienne. Une quatrième presqu'île a pour isthme cette autre ligne, de 800 stades
environ, qui, partant du golfe Ambracique, coupe l'Oeta et la Trachinie et aboutit au golfe
Maliaque et aux Thermopyles. Enfin un isthme de plus de 1000 stades, partant aussi du golfe
Ambracique et traversant la Thessalie et la Macédoine pour aboutir au fond du golfe
Thermaeen, {détermine une cinquième et dernière presqu'île}.
La succession de ces diverses presqu'îles indique, on le voit, le meilleur ordre à suivre dans la
description de la Grèce, et, comme la plus petite est en même temps la plus célèbre de
toutes, c'est par elle naturellement qu'il nous faut commencer.
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