[7,3,3] Λέγει δὲ τοὺς Μυσοὺς ὁ Ποσειδώνιος καὶ ἐμψύχων ἀπέχεσθαι κατ'
εὐσέβειαν, διὰ δὲ τοῦτο καὶ θρεμμάτων· μέλιτι δὲ χρῆσθαι καὶ γάλακτι καὶ
τυρῷ ζῶντας καθ' ἡσυχίαν, διὰ δὲ τοῦτο καλεῖσθαι θεοσεβεῖς τε καὶ
καπνοβάτας· εἶναι δέ τινας τῶν Θρᾳκῶν, οἳ χωρὶς γυναικὸς ζῶσιν, οὓς κτίστας
καλεῖσθαι, ἀνιερῶσθαί τε διὰ τιμὴν καὶ μετὰ ἀδείας ζῆν· τούτους δὴ
συλλήβδην ἅπαντας τὸν ποιητὴν εἰπεῖν ἀγαυοὺς Ἱππημολγοὺς
γλακτοφάγους ἀβίους τε, δικαιοτάτους ἀνθρώπους. Ἀβίους δὲ προσαγορεύειν
μάλιστα, ὅτι χωρὶς γυναικῶν, ἡγούμενον ἡμιτελῆ τινα βίον τὸν χῆρον,
καθάπερ καὶ τὸν οἶκον ἡμιτελῆ τὸν Πρωτεσιλάου διότι χῆρος· ἀγχεμάχους δὲ
τοὺς Μυσούς, ὅτι ἀπόρθητοι, καθὰ οἱ ἀγαθοὶ πολεμισταί· δεῖν δὲ ἐν τῷ
{τρισκαι}δεκάτῳ ἐγγράφειν ἀντὶ τοῦ Μυσῶν τ' ἀγχεμάχων {Μοισῶν τ'
ἀγχεμάχων}.
| [7,3,3] Suivant Posidonius, ces Mysiens {d'Europe} sont des populations
tranquilles et pieuses qui, par dévotion, s'abstiennent de rien manger
qui ait eu vie et se privent à cause de cela de la chair même de leurs
troupeaux, pour ne se nourrir que de miel, de lait et de fromage, ce qui
les a fait appeler quelquefois "théosèbes" et "capnobates" ; mais il existe
en outre chez tous les peuples Thraces des hommes, appelés "ctistes",
qui se vouent au célibat et qui, revêtus par là comme qui dirait d'un
caractère sacré, sont honorés des populations et protégés contre toute
insulte ; et, à en croire Posidonius, Homère n'aurait fait que combiner,
que réunir ces différentes données quand il nous a dépeint ces
vertueux Hippémolges, ces peuples qui ne se nourrissent que de lait
(g-galaktophagous), et qui, étrangers à toutes les jouissances de la vie
(g-abious), peuvent bien être appelés les plus justes des hommes. En
employant notamment le mot "abious" Homère aurait voulu faire allusion
à ces voeux de célibat, jugeant suivant toute apparence qu'une vie de
perpétuel veuvage, une vie sans hymen est une vie incomplète,
incomplète au même degré que l'était la maison de Protésilas, une fois
privée et veuve de son chef. Quant à l'épithète d'g-agchemachous, que
le poète a jointe au nom des Mysiens, Posidonius l'explique en disant
que les Mysiens {d'Europe} sont effectivement à l'occasion de bons et
de braves soldats qui soutiennent sans en être ébranlés (g-aporthêtoi) le
choc impétueux de l'ennemi. Seulement il voudrait que, dans le
treizième livre de l'Iliade, à la leçon g-Musohn g-t' g-agchemachohn on substituât
celle-ci g-Moisohn g-t' g-agchemachohn {autrement dit qu'on substituât le nom
de Moesiens à celui de Mysiens.}
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