[7,3,2] Οἱ τοίνυν Ἕλληνες τούς (τε) Γέτας Θρᾷκας ὑπελάμβανον· ᾤκουν δ' ἐφ'
ἑκάτερα τοῦ Ἴστρου καὶ οὗτοι καὶ οἱ Μυσοί, Θρᾷκες ὄντες καὶ αὐτοί, καὶ οὓς
νῦν Μοισοὺς καλοῦσιν· ἀφ' ὧν ὡρμήθησαν καὶ οἱ νῦν μεταξὺ Λυδῶν καὶ
Φρυγῶν καὶ Τρώων οἰκοῦντες Μυσοί. Καὶ αὐτοὶ δ' οἱ Φρύγες Βρίγες εἰσί,
Θρᾴκιόν τι ἔθνος, καθάπερ καὶ Μυγδόνες καὶ Βέβρυκες καὶ Μαιδοβιθυνοὶ καὶ
Βιθυνοὶ καὶ Θυνοί, δοκῶ δὲ καὶ τοὺς Μαριανδυνούς. Οὗτοι μὲν οὖν τελέως
ἐκλελοίπασι πάντες τὴν Εὐρώπην, οἱ δὲ Μυσοὶ συνέμειναν. Καὶ Ὅμηρον {δ'}
ὀρθῶς εἰκάζειν μοι δοκεῖ Ποσειδώνιος (δὲ) τοὺς ἐν τῇ Εὐρώπῃ Μυσοὺς
κατονομάζειν (λέγω δὲ τοὺς ἐν τῇ Θρᾴκῃ), ὅταν φῇ·
αὐτὸς δὲ πάλιν τρέπεν ὄσσε φαεινώ,
νόσφιν ἐφ' ἱπποπόλων Θρῃκῶν καθορώμενος αἶαν
Μυσῶν τ' ἀγχεμάχων·
ἐπεὶ εἴ γε τοὺς κατὰ τὴν Ἀσίαν Μυσοὺς δέχοιτό τις, ἀπηρτημένος ἂν εἴη ὁ
λόγος. Τὸ γὰρ ἀπὸ τῶν Τρώων τρέψαντα τὴν ὅρασιν ἐπὶ τὴν Θρᾳκῶν γῆν
συγκαταλέγειν ταύτῃ τὴν τῶν Μυσῶν, τῶν οὐ νόσφιν ὄντων, ἀλλ' ὁμόρων τῇ
Τρῳάδι καὶ ὄπισθεν αὐτῆς ἱδρυμένων καὶ ἑκατέρωθεν, διειργομένων δ' ἀπὸ
τῆς Θρᾴκης πλατεῖ Ἑλλησπόντῳ, συγχέοντος ἂν εἴη τὰς ἠπείρους καὶ ἅμα τῆς
φράσεως οὐκ ἀκούοντος. Τὸ γὰρ πάλιν τρέπεν μάλιστα μέν ἐστιν εἰς τοὐπίσω·
ὁ δ' ἀπὸ τῶν Τρώων μεταφέρων τὴν ὄψιν ἐπὶ τοὺς μὴ ὄπισθεν αὐτῶν ἢ ἐκ
πλαγίων ὄντας προσωτέρω μὲν μεταφέρει, εἰς τοὐπίσω δ' οὐ πάνυ. Καὶ τὸ
ἐπιφερόμενον δ' αὐτοῦ τούτου μαρτύριον, ὅτι τοὺς ἱππημολγοὺς καὶ
γαλακτοφάγους καὶ ἀβίους συνῆψεν αὐτοῖς, οἵπερ εἰσὶν οἱ ἁμάξοικοι Σκύθαι
καὶ Σαρμάται. Καὶ γὰρ νῦν ἀναμέμικται ταῦτα τὰ ἔθνη τοῖς Θρᾳξὶ καὶ τὰ
Βασταρνικά, μᾶλλον μὲν τοῖς ἐκτὸς Ἴστρου, ἀλλὰ καὶ τοῖς ἐντός. Τούτοις δὲ
καὶ τὰ Κελτικά, οἵ τε Βόιοι καὶ Σκορδίσκοι καὶ Ταυρίσκοι. Τοὺς δὲ Σκορδίσκους
ἔνιοι Σκορδίστας καλοῦσι· καὶ τοὺς Ταυρίσκους δὲ Λιγυρίσκους καὶ Ταυρίστας
φασί.
| [7,3,2] Or, nous voyons que les anciens Grecs faisaient des Gètes un
peuple Thrace, que ce peuple habitait dans le principe les deux rives
de l'Ister et cela en compagnie des Mysiens, ou, comme on les appelle
aujourd'hui, des Moesiens, Thraces aussi d'origine et de qui sont issus
ces Mysiens actuellement établis entre la Lydie, la Phrygie et la
Troade. Ajoutons que les Phrygiens ne sont autres que les Briges et
qu'ils sont par conséquent eux-mêmes d'origine thracique, comme les
Mygdoniens, les Bébryces, les Maedobithyniens, les Bithyniens, les
Thynes et peut-être aussi les Mariandyniens ; seulement ces peuples
Thraces ont complètement abandonné l'Europe, tandis que les Mysiens
y ont conservé des établissements. Posidonius estime (et suivant moi il
a raison) que ce sont ces Mysiens d'Europe qu'Homère a voulu
désigner quand il a dit {en parlant de Jupiter} (Iliade, XIII, 3) :
«Ses yeux étincelants se détournent et regardant à l'opposite il
contemple la terre qui nourrit les Thraces, dompteurs de chevaux, et
les belliqueux Mysiens, si redoutables dans la mêlée».
Et en effet, que l'on entende ceci des Mysiens de l'Asie, le sens du
passage, aussitôt, devient incohérent : vouloir que Jupiter en
détournant la vue de la Troade ait embrassé d'un même regard à la
fois la Thrace et la Mysie, la Mysie que rien ne sépare de la Troade, et
qui y touche, qui la presse par derrière et de chaque côté, tandis
qu'elle est séparée de la Thrace par toute la largeur de l'Hellespont,
mais c'est confondre les continents, c'est ignorer, qui plus est, le sens
de l'expression employée par Homère ! Détourner les yeux (g-palin
g-trepen) ne peut vouloir dire ici que regarder derrière soi : or, concevons
que de la Troade notre vue se porte sur les pays qui y sont adossés ou
qui s'étendent à droite et à gauche ; c'est devant nous apparemment
que nous regarderons et non pas derrière. Et la preuve se trouve
complétée par la suite du passage, puisqu'au nom des Mysiens le
poète a joint ceux des Hippémolges, des Galactophages et des
Abiens, qui ne sont autres que des Scythes et des Sarmates
hamaxoeques, et qu'aujourd'hui encore l'on trouve ces peuples, avec
des tribus Bastarniques, mêlés aux Thraces, plus à vrai dire aux
Thraces de la rive ultérieure de l'Ister, mais pourtant aussi à ceux de la
rive citérieure, lesquels sont mélangés en outre de populations
celtiques, telles que les Boïens, les Scordisques et les Taurisques.
Notons en passant que certains auteurs donnent aux Scordisques le
nom de Scordistes et que les Taurisques sont quelquefois appelés et
Teurisques et Tauristes.
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