| [7,3,1] ΚΕΦ. Γ'.   
1. Τὸ δὲ νότιον μέρος τῆς Γερμανίας τὸ πέραν τοῦ Ἄλβιος τὸ μὲν συνεχὲς 
ἀκμὴν ὑπὸ τῶν Σοήβων κατέχεται· εἶτ' εὐθὺς ἡ τῶν Γετῶν συνάπτει γῆ, κατ' 
ἀρχὰς μὲν στενή, παρατεταμένη τῷ Ἴστρῳ κατὰ τὸ νότιον μέρος, κατὰ δὲ 
τοὐναντίον τῇ παρωρείᾳ τοῦ Ἑρκυνίου δρυμοῦ, μέρος τι τῶν ὀρῶν καὶ αὐτὴ 
κατέχουσα, εἶτα πλατύνεται πρὸς τὰς ἄρκτους μέχρι Τυρεγετῶν· τοὺς δὲ 
ἀκριβεῖς ὅρους οὐκ ἔχομεν φράζειν. Διὰ δὲ τὴν ἄγνοιαν τῶν τόπων τούτων οἱ 
τὰ Ῥιπαῖα ὄρη καὶ τοὺς Ὑπερβορείους μυθοποιοῦντες λόγου ἠξίωνται, καὶ ἃ 
Πυθέας ὁ Μασσαλιώτης κατεψεύσατο  ταῦτα τῆς παρωκεανίτιδος, 
προσχήματι χρώμενος τῇ περὶ τὰ οὐράνια καὶ τὰ μαθηματικὰ ἱστορίᾳ. Ἐκεῖνοι 
μὲν οὖν ἐάσθωσαν· οὐδὲ γὰρ εἴ τινα Σοφοκλῆς τραγῳδεῖ περὶ τῆς Ὠρειθυίας 
λέγων, ὡς ἀναρπαγεῖσα ὑπὸ Βορέου κομισθείη 
ὑπέρ τε πόντον πάντ' ἐπ' ἔσχατα χθονὸς 
νυκτός τε πηγὰς οὐρανοῦ τ' ἀναπτυχάς,  
Φοίβου (τε) παλαιὸν κῆπον, 
οὐδὲν ἂν εἴη πρὸς τὰ νῦν, ἀλλ' ἐατέον, ὥσπερ καὶ ἐν τῷ Φαίδρῳ ὁ Σωκράτης. Ἃ 
δὲ ἔκ τε τῆς παλαιᾶς ἱστορίας καὶ τῆς νῦν παρειλήφαμεν, ταῦτα λέγωμεν.  
 | [7,3,1] CHAPITRE III. 
1. Pour ce qui est de la Germanie méridionale au delà de l'Elbe, nous 
dirons qu'elle se trouve, dans la partie du moins qui touche au fleuve, 
encore occupée par des tribus Suéviques, mais qu'aux Suèves 
succèdent bientôt les Gètes. Le pays qu'habitent ceux-ci commence 
par être fort resserré : bordé au midi par l'Ister, il longe du côté opposé 
les montagnes de la forêt Hercynienne, qui y projette même quelques 
contreforts, après quoi il s'élargit et s'étend vers le N. jusqu'au pays 
des Tyrégètes. Nous ne pouvons pas malheureusement déterminer 
avec précision la limite qui sépare les deux peuples. On est si ignorant 
de la topographie de ces contrées qu'on a admis l'existence des Monts 
Rhipées et des Hyperboréens et pris au sérieux cette double fiction 
des mythographes, ainsi que les mensonges du Massaliote sur les 
pays qui bordent l'Océan boréal, mensonges à vrai dire habilement 
déguisés sous un grand appareil de science astronomique et 
mathématique. Mais nous ne saurions, nous, avoir recours à de 
semblables autorités. Il y a bien encore ce fameux passage d'une des 
tragédies de Sophocle où l'on voit Orithye enlevée par Borée «de 
l'autre côté du Pont, à l'extrémité de la terre» et transportée là «aux 
sources mêmes de la nuit et au seuil des immenses plaines du ciel, 
antique jardin de Phébus». Mais ce ne serait pas là non plus une 
autorité à faire valoir ici. Imitons donc la réserve de Socrate dans le 
Phèdre de Platon, et, écartant ce mythe d'Orithye, tenons-nous-en aux 
données positives de l'histoire, tant ancienne que moderne. 
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