[6,1,9] Τοῦ δὲ Ἅληκος ποταμοῦ τοῦ διορίζοντος τὴν Ῥηγίνην ἀπὸ τῆς Λοκρίδος
βαθεῖαν φάραγγα διεξιόντος ἴδιόν τι συμβαίνει τὸ περὶ τοὺς τέττιγας: οἱ μὲν γὰρ
ἐν τῇ τῶν Λοκρῶν περαίᾳ φθέγγονται, τοῖς δ' ἀφώνοις εἶναι συμβαίνει: τὸ δ'
αἴτιον εἰκάζουσιν ὅτι τοῖς μὲν παλίνσκιόν ἐστι τὸ χωρίον ὥστ' ἐνδρόσους ὄντας
μὴ διαστέλλειν τοὺς ὑμένας, τοὺς δ' ἡλιαζομένους ξηροὺς καὶ κερατώδεις ἔχειν
ὥστ' ἀπ' αὐτῶν εὐφυῶς ἐκπέμπεσθαι τὸν φθόγγον.
ἐδείκνυτο δ' ἀνδριὰς ἐν Λοκροῖς Εὐνόμου τοῦ κιθαρῳδοῦ τέττιγα ἐπὶ τὴν κιθάραν
καθήμενον ἔχων. φησὶ δὲ Τίμαιος Πυθίοις ποτὲ ἀγωνιζομένους τοῦτόν τε καὶ
Ἀρίστωνα Ῥηγῖνον ἐρίσαι περὶ τοῦ κλήρου: τὸν μὲν δὴ Ἀρίστωνα δεῖσθαι τῶν Δελφῶν
ἑαυτῷ συμπράττειν:
ἱεροὺς γὰρ εἶναι τοῦ θεοῦ τοὺς προγόνους αὐτοῦ καὶ τὴν ἀποικίαν ἐνθένδε
ἐστάλθαι: τοῦ δ' Εὐνόμου φήσαντος ἀρχὴν μηδὲ μετεῖναι ἐκείνοις τῶν περὶ
φωνὴν ἀγωνισμάτων, παρ' οἷς καὶ οἱ τέττιγες εἶεν ἄφωνοι τὰ εὐφθογγότατα τῶν
ζῴων, ὅμως εὐδοκιμεῖν μηδὲν ἧττον τὸν Ἀρίστωνα καὶ ἐν ἐλπίδι τὴν νίκην ἔχειν,
νικῆσαι μέντοι τὸν Εὔνομον καὶ ἀναθεῖναι τὴν λεχθεῖσαν εἰκόνα ἐν τῇ πατρίδι,
ἐπειδὴ κατὰ τὸν ἀγῶνα μιᾶς τῶν χορδῶν ῥαγείσης ἐπιστὰς τέττιξ ἐκπληρώσειε
τὸν φθόγγον. τὴν δ' ὑπὲρ τῶν πόλεων τούτων μεσόγαιαν Βρέττιοι κατέχουσι: καὶ
πόλις ἐνταῦθα Μαμέρτιον καὶ ὁ δρυμὸς ὁ φέρων τὴν ἀρίστην πίτταν τὴν
Βρεττίαν, ὃν Σίλαν καλοῦσιν, εὔδενδρός τε καὶ εὔυδρος, μῆκος ἑπτακοσίων σταδίων.
| [6,1,9] On observe sur les bords de l'Halex, fleuve dont le
cours profondément encaissé forme la séparation du territoire
de Locres et de celui de Rhegium, on observe, dis-je,
relativement aux cigales, un phénomène curieux : tandis
qu'elles chantent sur la rive locrienne, elles restent muettes
sur la rive opposée. Or, on attribue cette différence à ce
que, l'une des deux rives étant très ombragée, le corps des
cigales y est toujours chargé de rosée, ce qui empêche leurs
membranes sonores de se tendre, tandis que sur l'autre
rive, où elles sont continuellement exposées au plein soleil,
ces membranes deviennent sèches et dures comme de la
corne, et d'autant plus aptes à vibrer.
On voyait naguère à Locres une statue qui représentait Eunomos,
le fameux citharède, ayant sa cithare à la main et sur sa cithare
une cigale. Timée nous en donne la raison : « Eunomos, dit-il,
se présentait aux jeux Pythiens comme concurrent d'Ariston
de Rhegium. L'un et l'autre se disputèrent le pas :
Ariston, pour intéresser les Delphiens en sa faveur, rappelait
que ses ancêtres avaient été voués à Apollon et que
la colonie qui avait fondé Rhegium était partie de Delphes;
Eunomos, lui, prétendait qu'on n'aurait même pas
dû admettre à concourir pour le prix du chant un homme
dont le pays était le seul sur la terre où la cigale, l'animal
chanteur par excellence, demeurât muette. Ariston n'en
avait pas moins eu un grand succès, si grand même qu'il
avait pu espérer un moment de triompher; mais, la victoire
ayant été finalement attribuée à Eunomos, celui-ci avait fait
hommage à sa patrie de la statue en question, destinée surtout
à rappeler que, pendant qu'il chantait devant les juges
du concours , une des cordes de sa cithare était venue à
casser, et qu'une cigale s'était trouvée là juste à point
pour compléter et suppléer l'accord. — L'intérieur du
pays au-dessus des villes que nous venons de nommer est
occupé par les Brettiens {ou Brutiens}. On y rencontre,
avec la ville de Mamertium, la forêt de Sila. Cette forêt,
qui produit la meilleure espèce de poix, la poix dite brettienne,
et qui se fait remarquer en outre par la beauté de ses arbres
et l'abondance de ses eaux, couvre un espace de 700 stades.
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