| [6,1,10] μετὰ δὲ Λοκροὺς Σάγρα, ὃν θηλυκῶς ὀνομάζουσιν, ἐφ' οὗ βωμοὶ 
Διοσκούρων, περὶ οὓς Λοκροὶ μύριοι μετὰ Ῥηγίνων πρὸς δεκατρεῖς μυριάδας 
Κροτωνιατῶν συμβαλόντες ἐνίκησαν: ἀφ' οὗ τὴν παροιμίαν πρὸς τοὺς 
ἀπιστοῦντας ἐκπεσεῖν φασιν “ἀληθέστερα τῶν ἐπὶ Σάγρᾳ.” προσμεμυθεύκασι δ' 
ἔνιοι καὶ διότι αὐθημερὸν τοῦ ἀγῶνος ἐνεστῶτος Ὀλυμπίασιν ἀπαγγελθείη τοῖς 
ἐκεῖ τὸ συμβάν, καὶ εὑρεθείη τὸ τάχος τῆς ἀγγελίας ἀληθές. ταύτην δὲ τὴν 
συμφορὰν αἰτίαν τοῖς Κροτωνιάταις φασὶ τοῦ μὴ πολὺν ἔτι συμμεῖναι χρόνον διὰ 
τὸ πλῆθος τῶν τότε πεσόντων ἀνδρῶν. μετὰ δὲ τὴν Σάγραν Ἀχαιῶν κτίσμα 
Καυλωνία, πρότερον δ' Αὐλωνία λεγομένη διὰ τὸν προκείμενον αὐλῶνα. ἔστι δ' 
ἔρημος: οἱ γὰρ ἔχοντες εἰς Σικελίαν ὑπὸ τῶν βαρβάρων ἐξέπεσον καὶ τὴν ἐκεῖ 
Καυλωνίαν ἔκτισαν. μετὰ δὲ ταύτην Σκυλλήτιον ἄποικος Ἀθηναίων τῶν μετὰ 
Μενεσθέως νῦν δὲ Σκυλάκιον καλεῖταἰ, Κροτωνιατῶν δ' ἐχόντων Διονύσιος 
Λοκροῖς προσώρισεν. ἀπὸ δὲ τῆς πόλεως καὶ ὁ κόλπος Σκυλλητικὸς ὠνόμασται, 
ποιῶν τὸν εἰρημένον ἰσθμὸν πρὸς τὸν Ἱππωνιάτην κόλπον. ἐπεχείρησε δ' ὁ 
Διονύσιος καὶ διατειχίζειν τὸν ἰσθμὸν στρατεύσας ἐπὶ Λευκανούς, λόγῳ μὲν ὡς 
ἀσφάλειαν παρέξων ἀπὸ τῶν ἐκτὸς βαρβάρων τοῖς ἐντὸς ἰσθμοῦ, τὸ δ' ἀληθὲς 
λῦσαι τὴν πρὸς ἀλλήλους κοινωνίαν τῶν Ἑλλήνων βουλόμενος, ὥστ' ἄρχειν 
ἀδεῶς τῶν ἐντός: ἀλλ' ἐκώλυσαν οἱ ἐκτὸς εἰσελθόντες. 
 | [6,1,10] Passé la ville de Locres, on atteint le fleuve Sagra, 
la Sagra pour mieux dire (car le nom est féminin). 
Sur les bords de ce fleuve s'élèvent les Autels des Dioscures : 
c'est là auprès que 10.000 Locriens, aidés seulement 
de quelques Rhégiens, attaquèrent et défirent soi-disant 
130.000 Crotoniates, ce qui donna lieu au proverbe : « c'est 
toujours plus vrai que l'événement de la Sagra! » lequel 
s'entend des choses invraisemblables et difficiles à faire 
accepter. Certains auteurs ajoutent ce détail fabuleux, que 
le jour de la bataille, le jour même, et par un prodige de 
célérité qui ne put être cependant révoqué en doute, on 
en apprit l'issue à Olympie, où se célébraient alors les jeux. 
En tout cas, c'est à ce désastre et aux pertes énormes essuyées 
par les Crotoniates dans cette journée qu'on attribue 
la prompte décadence de ce peuple. De l'autre côté de 
la Sagra, s'élevait la ville de Caulonia, qui avait été bâtie 
par les Achéens et appelée d'abord Aulonia, de l'aulôn ou 
vallée, qui la précède. L'emplacement en est aujourd'hui 
désert, ses habitants ayant été chassés par les Barbares 
et forcés de passer en Sicile, où ils ont fondé cette autre 
ville de Caulonia. Puis vient Scylletium, ou, comme on 
l'appelle aujourd'hui, Scyllacium, qui passe pour avoir 
été fondée par les Athéniens, compagnons de Ménesthée. 
Cette ville appartenait aux Crotoniates, quand Denys en 
attribua la possession aux Locriens. La même ville a donné 
son nom au golfe Scyllénique, lequel forme, avons-nous dit, 
avec le golfe Posidoniate, cet isthme que Denys, dans 
sa guerre contre les Lucaniens, entreprit de fermer par 
un mur, soi-disant pour protéger contre les Barbares de 
l'extérieur les populations comprises au dedans de l'isthme, 
mais en réalité pour rompre l'espèce de ligue qui unissait 
les villes grecques les unes aux autres et pour aflermir ainsi 
sa propre domination sur l'intérieur de l'isthme : par 
bonheur, une incursion des peuples du dehors vint 
l'empêcher de mettre à exécution son projet.
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