HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Strabon, Geographica, livre VI

Chapitre 1

  Para 8

[6,1,8] πρῶτοι δὲ νόμοις ἐγγράπτοις χρήσασθαι πεπιστευμένοι εἰσί: καὶ πλεῖστον χρόνον εὐνομηθέντας Διονύσιος ἐκπεσὼν ἐκ τῆς Συρακουσσίων ἀνομώτατα πάντων διεχρήσατο, ὅς γε προεγάμει μὲν παρεισιὼν εἰς τὸ δωμάτιον τὰς νυμφοστοληθείσας, συναγαγὼν δὲ τὰς ὡραίας παρθένους περιστερὰς κολοπτέρους ἐν τοῖς συμποσίοις ἠφίει, κἀκείνας ἐκέλευσε θηρεύειν γυμνάς, τινὰς δὲ καὶ σανδάλια ὑποδουμένας ἄζυγα, τὸ μὲν ὑψηλὸν τὸ δὲ ταπεινόν, περιδιώκειν τὰς φάσσας τοῦ ἀπρεποῦς χάριν. δίκας μέντοι ἔτισεν, ἐπειδὴ πάλιν εἰς τὴν Σικελίαν ἐπανῆλθεν ἀναληψόμενος τὴν ἀρχήν: καταλύσαντες γὰρ οἱ Λοκροὶ τὴν φρουρὰν ἠλευθέρωσαν σφᾶς καὶ τῆς γυναικὸς αὐτοῦ καὶ τῶν παιδίων κύριοι κατέστησαν: δύο δ' ἦσαν αἱ θυγατέρες καὶ τῶν υἱῶν νεώτερος ἤδη μειράκιον: ἅτερος γὰρ Ἀπολλοκράτης συνεστρατήγει τῷ πατρὶ τὴν κάθοδον. πολλὰ δὲ δεομένῳ τῷ Διονυσίῳ καὐτῷ καὶ Ταραντίνοις ὑπὲρ αὐτοῦ προέσθαι τὰ σώματα ἐφ' οἷς ἂν ἐθελήσωσιν οὐκ ἔδοσαν, ἀλλὰ πολιορκίαν ὑπέμειναν καὶ πόρθησιν τῆς χώρας, τὸν δὲ θυμὸν εἰς τὰς θυγατέρας τὸν πλεῖστον ἐξέχεαν: καταπορνευθείσας γὰρ ἐστραγγάλησαν, εἶτα καύσαντες τὰ σώματα κατήλεσαν τὰ ὀστᾶ καὶ κατεπόντωσαν. τῆς δὲ τῶν Λοκρῶν νομογραφίας μνησθεὶς Ἔφορος, ἣν Ζάλευκος συνέταξεν ἔκ τε τῶν Κρητικῶν νομίμων καὶ Λακωνικῶν καὶ ἐκ τῶν Ἀρεοπαγιτικῶν, φησὶν ἐν τοῖς πρώτοις καινίσαι τοῦτο τὸν Ζάλευκον ὅτι, τῶν πρότερον τὰς ζημίας τοῖς δικασταῖς ἐπιτρεψάντων ὁρίζειν ἐφ' ἑκάστοις τοῖς ἀδικήμασιν, ἐκεῖνος ἐν τοῖς νόμοις διώρισεν, ἡγούμενος τὰς μὲν γνώμας τῶν δικαστῶν οὐχὶ τὰς αὐτὰς εἶναι περὶ τῶν αὐτῶν, {τὰς δὲ ζημίας} δεῖν εἶναι τὰς αὐτάς: ἐπαινεῖ {δὲ} καὶ τὸ ἁπλουστέρως αὐτὸν περὶ τῶν συμβολαίων διατάξαι. Θουρίους δ' ὕστερον ἀκριβοῦν θέλοντας πέρα τῶν Λοκρῶν ἐνδοξοτέρους μὲν γενέσθαι, χείρονας δέ: εὐνομεῖσθαι γὰρ οὐ τοὺς ἐν τοῖς νόμοις ἅπαντα φυλαττομένους τὰ τῶν συκοφαντῶν, ἀλλὰ τοὺς ἐμμένοντας τοῖς ἁπλῶς κειμένοις. τοῦτο δὲ καὶ Πλάτων εἴρηκεν ὅτι παρ' οἷς πλεῖστοι νόμοι καὶ δίκαι παρὰ τούτοις καὶ βίοι μοχθηροί, καθάπερ καὶ παρ' οἷς ἰατροὶ πολλοὶ καὶ νόσους εἰκὸς εἶναι πολλάς. [6,1,8] On croit généralement que les Locriens ont été les premiers à posséder des lois écrites. Ils goûtaient depuis longtemps déjà les fruits d'une législation excellente, quand Denys, chassé de Syracuse, vint leur faire connaître par ses excès et ses violences le régime le plus contraire aux lois : il se glissait, par exemple, dans la chambre préparée pour l'hymen et jouissait de l'épouse avant l'époux, ou bien il se faisait amener les plus belles filles de la ville, et, sous les yeux de ses convives, les forçait à courir toutes nues, quelques-unes même chaussées de sandales d'inégale hauteur (d'une sandale très élevée et d'une autre très basse pour que le spectacle fût plus obscène apparemment), à courir, dis-je, en cet état, autour de la salle du banquet après une volée de colombes dont on avait eu soin précédemment de rogner les ailes. Le tyran, du reste, expia chèrement sa conduite, quand plus tard il voulut repasser en Sicile pour essayer de reprendre possession de son trône, car les Locriens, s'étant débarrassés aussitôt de la garnison qu'il leur avait laissée, se déclarèrent indépendants et firent main-basse sur sa femme et sur ses enfants, sinon sur tous, au moins sur ses deux filles et sur son fils cadet, jeune garçon déjà entré dans l'adolescence. Quant au fils aîné, Apollocratès, il avait accompagné son père dans cette expédition qui devait lui rouvrir les portes de Syracuse. Denys eut beau supplier lui-même les Locriens de mettre leurs prisonniers en liberté à telles conditions qu'il leur plairait fixer, les Tarentins eurent beau intercéder en sa faveur, les Locriens ne se laissèrent point fléchir et aimèrent mieux supporter les horreurs d'un siége et la dévastation de leurs campagnes. Puis, reversant toute leur colère sur les filles du tyran, ils les condamnèrent à la prostitution, les firent ensuite étrangler par la main du bourreau, et exigèrent, qui plus est, que leurs corps fussent brûlés, leurs os broyés et leurs cendres jetées à la mer. Ephore a parlé des lois de Zaleucus, de ces lois écrites pour les Locriens, et dont les éléments avaient été puisés dans les coutumes crétoises, lacédémoniennes et aréopagitiques. Suivant lui, la principale innovation introduite par Zaleucus consistait en ce qu'à la différence des anciens, qui avaient toujours laissé aux juges le soin de fixer une peine pour chaque délit particulier, il avait, lui, inscrit et déterminé la peine dans ses lois, persuadé apparemment que pour un même délit les sentences des juges ne sont pas toujours identiques, tandis que {la peine} doit être invariablement la même. Ephore loue aussi Zaleucus d'avoir simplifié les formalités relatives aux contrats. Il ajoute que les Thuriens, en voulant pousser la précision et l'exactitude plus loin encore que les Locriens, donnèrent à leurs lois plus de relief peut-être, mais assurément moins de vertu, le mérite des lois consistant non pas à prévenir toutes les subtilités de la chicane, mais à maintenir avec fermeté un petit nombre de principes simples et généraux : ce qui revient à cette pensée de Platon, que la multiplicité des lois implique l'abondance des procès et le règne des mauvaises moeurs, tout comme le grand nombre des médecins suppose le grand nombre des maladies.


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Dernière mise à jour : 7/12/2005