HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Strabon, Geographica, livre VI

Chapitre 1

  Para 6

[6,1,6] κτίσμα δ' ἐστὶ τὸ Ῥήγιον Χαλκιδέων, οὓς κατὰ χρησμὸν δεκατευθέντας τῷ Ἀπόλλωνι δι' ἀφορίαν ὕστερον ἐκ Δελφῶν ἀποικῆσαι δεῦρό φασι παραλαβόντας καὶ ἄλλους τῶν οἴκοθεν: ὡς δ' Ἀντίοχός φησι, Ζαγκλαῖοι μετεπέμψαντο τοὺς Χαλκιδέας καὶ οἰκιστὴν Ἀντίμνηστον συνέστησαν ἐκείνων. ἦσαν δὲ τῆς ἀποικίας καὶ οἱ Μεσσηνίων φυγάδες τῶν ἐν Πελοποννήσῳ καταστασιασθέντες ὑπὸ τῶν μὴ βουλομένων δοῦναι δίκας ὑπὲρ τῆς φθορᾶς τῶν παρθένων τῆς ἐν Λίμναις γενομένης τοῖς Λακεδαιμονίοις, ἃς καὶ αὐτὰς ἐβιάσαντο πεμφθείσας ἐπὶ τὴν ἱερουργίαν, καὶ τοὺς ἐπιβοηθοῦντας ἀπέκτειναν. παραχωρήσαντες οὖν εἰς Μάκιστον οἱ φυγάδες πέμπουσιν εἰς θεοῦ, μεμφόμενοι τὸν Ἀπόλλω καὶ τὴν Ἄρτεμιν εἰ τοιούτων τυγχάνοιεν ἀνθ' ὧν ἐτιμώρουν αὐτοῖς, καὶ πυνθανόμενοι πῶς ἂν σωθεῖεν ἀπολωλότες. δ' Ἀπόλλων ἐκέλευσε στέλλεσθαι μετὰ Χαλκιδέων εἰς τὸ Ῥήγιον καὶ τῇ ἀδελφῇ αὐτοῦ χάριν ἔχειν: οὐ γὰρ ἀπολωλέναι αὐτοὺς ἀλλὰ σεσῶσθαι μέλλοντάς γε δὴ μὴ συναφανισθήσεσθαι τῇ πατρίδι ἁλωσομένῃ μικρὸν ὕστερον ὑπὸ Σπαρτιατῶν: οἱ δ' ὑπήκουσαν. διόπερ οἱ τῶν Ῥηγίνων ἡγεμόνες μέχρι Ἀναξίλα τοῦ Μεσσηνίων γένους ἀεὶ καθίσταντο. Ἀντίοχος δὲ τὸ παλαιὸν ἅπαντα τὸν τόπον τοῦτον οἰκῆσαί φησι Σικελοὺς καὶ Μόργητας, διᾶραι δ' εἰς τὴν Σικελίαν ὕστερον ἐκβληθέντας ὑπὸ τῶν Οἰνωτρῶν. φασὶ δέ τινες καὶ τὸ Μοργάντιον ἐντεῦθεν τὴν προσηγορίαν ἀπὸ τῶν Μοργήτων ἔχειν. ἴσχυσε δὲ μέγιστον τῶν Ῥηγίνων πόλις καὶ περιοικίδας ἔσχε συχνάς, ἐπιτείχισμά τε ὑπῆρξεν ἀεὶ τῇ νήσῳ καὶ πάλαι καὶ νεωστὶ ἐφ' ἡμῶν, ἡνίκα Σέξτος Πομπήιος ἀπέστησε τὴν Σικελίαν. ὠνομάσθη δὲ Ῥήγιον εἴθ', ὥς φησιν Αἰσχύλος, διὰ τὸ συμβὰν πάθος τῇ χώρᾳ ταύτῃ: ἀπορραγῆναι γὰρ ἀπὸ τῆς ἠπείρου τὴν Σικελίαν ὑπὸ σεισμῶν ἄλλοι τε κἀκεῖνος εἴρηκεν ἀφ' οὗ δὴ Ῥήγιον κικλήσκεται. τεκμαίρονται δ' ἀπὸ τῶν περὶ τὴν Αἴτνην συμπτωμάτων καὶ τῶν κατ' ἄλλα μέρη τῆς Σικελίας καὶ τῶν κατὰ Λιπάραν καὶ τὰς περὶ αὐτὴν νήσους, ἔτι δὲ τῶν κατὰ τὰς Πιθηκούσσας καὶ τὴν προσεχῆ περαίαν ἅπασαν οὐκ ἀπεικὸς ὑπάρχειν καὶ τοῦτο συμβῆναι. νυνὶ μὲν οὖν ἀνεῳγμένων τῶν στομάτων, δι' ὧν τὸ πῦρ ἀναφυσᾶται καὶ μύδροι καὶ ὕδατα ἐκπίπτει, σπάνιόν τι σείεσθαί φασι τὴν περὶ τὸν πορθμὸν γῆν, τότε δὲ πάντων ἐμπεφραγμένων τῶν εἰς τὴν ἐπιφάνειαν πόρων, ὑπὸ γῆς σμυχόμενον τὸ πῦρ καὶ τὸ πνεῦμα σεισμοὺς ἀπειργάζετο σφοδρούς, μοχλευόμενοι δ' οἱ τόποι πρὸς τὴν βίαν τῶν ἀνέμων ὑπεῖξάν ποτε καὶ ἀναρραγέντες ἐδέξαντο τὴν ἑκατέρωθεν θάλατταν καὶ ταύτην καὶ τὴν μεταξὺ τῶν ἄλλων τῶν ταύτῃ νήσων. καὶ γὰρ Προχύτη καὶ Πιθηκοῦσσαι ἀποσπάσματα τῆς ἠπείρου καὶ αἱ Καπρίαι καὶ Λευκωσία καὶ Σειρῆνες καὶ αἱ Οἰνωτρίδες. αἱ δὲ καὶ ἐκ τοῦ πελάγους ἀνέδυσαν, καθάπερ καὶ νῦν πολλαχοῦ συμβαίνει: τὰς μὲν γὰρ πελαγίας ἐκ βυθοῦ μᾶλλον ἀνενεχθῆναι πιθανόν, τὰς δὲ προκειμένας τῶν ἀκρωτηρίων καὶ πορθμῷ διῃρημένας ἐντεῦθεν ἀπερρωγέναι δοκεῖν εὐλογώτερον. πλὴν εἴτε διὰ ταῦτα τοὔνομα τῇ πόλει γέγονεν, εἴτε διὰ τὴν ἐπιφάνειαν τῆς πόλεως ὡς ἂν βασίλειον τῇ Λατίνῃ φωνῇ προσαγορευσάντων Σαυνιτῶν διὰ τὸ τοὺς ἀρχηγέτας αὐτῶν κοινωνῆσαι Ῥωμαίοις τῆς πολιτείας καὶ ἐπὶ πολὺ χρήσασθαι τῇ Λατίνῃ διαλέκτῳ, πάρεστι σκοπεῖν, ὁποτέρως ἔχει τἀληθές. ἐπιφανῆ δ' οὖν πόλιν οὖσαν καὶ πολλὰς μὲν πόλεις οἰκίσασαν πολλοὺς δ' ἄνδρας παρασχομένην ἀξίους λόγου, τοὺς μὲν κατὰ πολιτικὴν ἀρετὴν τοὺς δὲ κατὰ παιδείαν, κατασκάψαι Διονύσιον αἰτιασάμενον, ὅτι αἰτησαμένῳ κόρην πρὸς γάμον τὴν τοῦ δημίου θυγατέρα προὔτειναν: δ' υἱὸς αὐτοῦ μέρος τι τοῦ κτίσματος ἀναλαβὼν Φοιβίαν ἐκάλεσεν. ἐπὶ Πύρρου δ' τῶν Καμπανῶν φρουρὰ παρασπονδηθέντας διέφθειρε τοὺς πλείστους: μικρὸν δὲ πρὸ τῶν Μαρσικῶν καὶ σεισμοὶ κατήρειψαν πολὺ τῆς κατοικίας. Πομπήιον δ' ἐκβαλὼν τῆς Σικελίας Σεβαστὸς Καῖσαρ ὁρῶν λιπανδροῦσαν τὴν πόλιν συνοίκους ἔδωκεν αὐτῇ τῶν ἐκ τοῦ στόλου τινάς, καὶ νῦν ἱκανῶς εὐανδρεῖ. [6,1,6] Rhegium a eu pour fondateurs des Chalcidiens, sortis, nous dit-on, de leur patrie à l'occasion d'une disette et venus à Delphes sur l'ordre d'un oracle qui avait, au nom d'Apollon, exigé de Chalchis la dîme de sa population, puis repartis de Delphes pour l'Italie où ils étaient arrivés après s'être grossis en chemin d'autres Chalcidiens, émigrants volontaires. Mais, suivant Antiochus, cette colonie chalcidienne n'aurait fait que répondre à l'appel des Zancléens, qui lui auraient même donné un des leurs, Antimnestos, pour archégète. Un certain nombre de Messéniens du Péloponnèse s'étaient joints aussi aux Chalcidiens : chassés de leurs foyers à la suite de discordes civiles et par le parti qui s'était opposé à ce qu'on accordât aux Lacédémoniens aucune éparation de l'injure qui leur avait été faite à Limnae, où des jeunes filles, venues de Sparte avec la mission d'offrir un sacrifice à Diane, avaient été violées et leurs défenseurs massacrés, ces Messéniens s'étaient retirés d'abord à Macistos et avaient envoyé de là à Delphes une députation chargée de reprocher à Apollon ainsi qu'à Diane d'avoir laissé opprimer de la sorte et chasser de leur patrie ceux qui avaient pris en main leur cause, mais chargée en même temps de savoir du Dieu quel moyen de salut pouvait leur rester dans une pareille détresse. Or, Apollon leur avait commandé de partir pour Rhegium avec les Chalcidiens et de rendre des actions de grâces à la déesse, sa soeur, qui, loin de les perdre, les avait au contraire sauvés en empêchant qu'ils ne fussent enveloppés dans la ruine de leur patrie, destinée en effet à tomber prochainement sous le joug des Spartiates. Les Messéniens avaient obéi, et c'est ce qui explique comment les tyrans de Rhegium jusqu'à Anaxilaüs ont toujours été d'origine messénienne. Antiochus affirme, d'autre part, que, primitivement, tout ce canton était occupé par les Sicèles et les Mergèles, mais que ceux-ci avaient fini par se retirer devant les OEnotriens et par passer en Sicile. Quelques auteurs veulent même que la ville de Morgantium {en Italie} ait emprunté son nom des Morgètes. Pour en revenir à Rhegium, disons que cette ville, très forte par elle-même et par le grand nombre de colonies dont elle s'était entourée, a été de tout temps le boulevard de l'Italie contre la Sicile; on en a eu la preuve de nos jours encore, quand Sextus Pompée souleva les populations de cette île. D'où est venu maintenant ce nom de Rhegium qui lui a été donné? S'il faut en croire Eschyle, il rappellerait l'antique cataclysme survenu en ces contrées. Eschyle, en effet, et maint auteur comme lui supposent qu'à la suite de forts tremblements de terre la Sicile a été détachée, arrachée du continent, g-aporragehnai, « mot, ajoute le poète, dont on a fait Rhegium, le nom même de la ville » Se fondant sur l'aspect et la nature des lieux, tant aux environs de l'Ætna que dans telle autre partie de la Sicile, à Lipara et dans les îles qui l'entourent, à Pithécusses enfin et sur toute la côte vis-à vis, ces auteurs jugent par analogie que les choses ont dû se passer de même pour la formation du détroit. Aujourd'hui, à vrai dire, qu'on voit ici à la surface du sol tant d'orifices béants par où le feu intérieur fait éruption et rejette ces masses ignées et ces torrents d'eau chaude, on ne parle plus guère de tremblements de terre aux environs du détroit. Mais anciennement, lorsque toutes ces issues étaient encore obstruées, le feu et l'air comprimés dans les entrailles de la terre produisaient de violentes secousses ; et l'on conçoit qu'ébranlées par ces secousses, en même temps qu'elles étaient battues par les vents, les terres aient fini un jour par céder et qu'elles aient en se déchirant livré passage aux deux mers, à la mer de Sicile d'une part et à la mer Tyrrhénienne de l'autre, d'autant que cette dernière mer s'est frayé maints passages semblables entre les différentes îles de la côte d'Italie, témoin Prochyté et Pithécusses qui ne sont assurément que des fragments détachés du continent, témoin aussi Caprée, Leucosie, les Sirènes et les OEnotrides. D'autres îles, je le sais, passent pour être sorties du sein de la mer, et c'est même là, j'en conviens, pour les îles situées au large, l'origine la plus vraisemblable; mais, quand il s'agit d'îles situées dans le voisinage de promontoires et séparées de la côte rien que par d'étroits canaux, il y a plus d'apparence qu'elles auront été détachées, arrachées de la terre ferme. Est-ce là pourtant ce qui a tait donner à la ville en question le nom de Rhegium? Ou le doit-elle à sa propre illustration, les Samnites l'ayant appelée ainsi du mot qui en latin signifie royal, parce que ses premiers magistrats jouissaient du droit de cité romaine et se servaient habituellement de la langue latine? Je laisse à d'autres le soin de décider quelle est la plus plausible des deux explications. Du reste, ni l'illustration de son nom, ni la multitude de ses colonies, ni le grand nombre d'hommes distingués qu'elle avait produits soit dans la politique , soit dans les sciences, n'empêchèrent que Denys ne détruisît cette ville de fond en comble, pour se venger de ce qu'en réponse à sa demande d'épouser une jeune fille de Rhegium on lui avait envoyé la fille du bourreau. Denys le jeune, il est vrai, restaura un quartier de l'ancienne ville et l'appela Phoebia. Mais, plus tard, lors des guerres de Pyrrhus, les Campaniens formant la garnison de Rhegium égorgèrent, par une odieuse violation des traités, un très grand nombre d'habitants. Puis il y eut, peu de temps avant la guerre Marsique, de terribles tremblements de terre, qui renversèrent une bonne partie des maisons de la ville. Enfin César-Auguste, revenant de la Sicile, où il était allé pour en chasser Pompée, fut frappé de l'état de dépopulation dans lequel était tombé Rhegium : il y établit à demeure un certain nombre de soldats de sa flotte, et, grâce à cette mesure, cette ville se trouve aujourd'hui de nouveau passablement peuplée.


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Dernière mise à jour : 7/12/2005