[6,3,5] ἡ δ' ἑξῆς τῶν Ἰαπύγων χώρα παραδόξως ἐστὶν ἀστεία: ἐπιπολῆς γὰρ
φαινομένη τραχεῖα εὑρίσκεται βαθύγειος σχιζομένη, ἀνυδροτέρα δ' οὖσα
εὔβοτος οὐδὲν ἧττον καὶ εὔδενδρος ὁρᾶται. εὐάνδρησε δέ ποτε καὶ τοῦτο σφόδρα
τὸ χωρίον σύμπαν καὶ ἔσχε πόλεις τρισκαίδεκα, ἀλλὰ νῦν πλὴν Τάραντος καὶ
Βρεντεσίου τἆλλα πολισμάτιά ἐστιν: οὕτως ἐκπεπόνηνται. τοὺς δὲ Σαλεντίνους
Κρητῶν ἀποίκους φασίν: ἐνταῦθα δ' ἐστὶ καὶ τὸ τῆς Ἀθηνᾶς ἱερὸν πλούσιόν ποτε
ὑπάρξαν, καὶ ὁ σκόπελος, ὃν καλοῦσιν ἄκραν Ἰαπυγίαν, πολὺς ἐκκείμενος εἰς τὸ
πέλαγος καὶ τὰς χειμερινὰς ἀνατολάς, ἐπιστρέφων δέ πως ἐπὶ τὸ Λακίνιον
ἀνταῖρον ἀπὸ τῆς ἑσπέρας αὐτῷ καὶ κλεῖον τὸ στόμα τοῦ Ταραντίνου κόλπου
πρὸς αὐτόν. καὶ τὰ Κεραύνια δ' ὁμοίως ὄρη κλείει πρὸς αὐτὸν τὸ στόμα τοῦ
Ἰονίου κόλπου, καὶ ἔστι τὸ δίαρμα ὅσον ἑπτακοσίων σταδίων ἀπ' αὐτοῦ πρός τε
τὰ Κεραύνια καὶ πρὸς τὸ Λακίνιον. περίπλους δ' ἐκ Τάραντός ἐστιν εἰς
Βρεντέσιον μέχρι μὲν Βάριδος πολίχνης ἑξακόσιοι στάδιοι: καλοῦσι δὲ Βᾶριν οἱ
νῦν Ὀυερητόν, κεῖται δ' ἐπὶ τοῖς ἄκροις τῆς Σαλεντίνης, καὶ τὸ πολὺ πεζῇ μᾶλλον
ἢ κατὰ πλοῦν εἰς αὐτὴν ἐκ τοῦ Τάραντος εὐμαρὴς ἡ ἄφιξίς ἐστιν. ἔνθεν εἰς τὰ
Λευκὰ στάδιοι ὀγδοήκοντα, πολίχνιον καὶ τοῦτο, ἐν ᾧ δείκνυται πηγὴ δυσώδους
ὕδατος: μυθεύουσι δ' ὅτι τοὺς περιλειφθέντας τῶν γιγάντων ἐν τῇ κατὰ
Καμπανίαν Φλέγρᾳ Λευτερνίους καλουμένους Ἡρακλῆς ἐξελάσειε,
καταφυγόντες {δὲ} δεῦρο ὑπὸ γῆς περισταλεῖεν, ἐκ δὲ ἰχώρων τοιοῦτον ἴσχοι
ῥεῦμα ἡ πηγή: διὰ τοῦτο δὲ καὶ τὴν παραλίαν ταύτην Λευτερνίαν
προσαγορεύουσιν. ἐκ δὲ τῶν Λευκῶν εἰς Ὑδροῦντα πολίχνην ἑκατὸν
πεντήκοντα: ἐντεῦθεν δ' εἰς Βρεντέσιον τετρακόσιοι: οἱ δ' ἴσοι καὶ εἰς Σάσωνα τὴν
νῆσον, ἥτις μέση πως ἵδρυται τοῦ διάρματος τοῦ ἐκ τῆς Ἠπείρου πρὸς τὸ
Βρεντέσιον: διόπερ οἱ μὴ δυνάμενοι κρατεῖν τῆς εὐθυπλοίας καταίρουσιν ἐν
ἀριστερᾷ ἐκ τοῦ Σάσωνος πρὸς τὸν Ὑδροῦντα, ἐντεῦθεν δὲ τηρήσαντες φορὸν
πνεῦμα προσέχουσι τοῖς μὲν Βρεντεσίνων λιμέσιν, ἐκβάντες δὲ πεζεύουσι
συντομώτερον ἐπὶ Ῥοδιῶν πόλεως Ἑλληνίδος, ἐξ ἧς ἦν ὁ ποιητὴς Ἔννιος. ἔοικεν
οὖν χερρονήσῳ τὸ περιπλεόμενον χωρίον ἐκ Τάραντος εἰς Βρεντέσιον: ἡ δ' ἐκ
Βρεντεσίου πεζευομένη ὁδὸς εἰς τὸν Τάραντα, εὐζώνῳ μιᾶς οὖσα ἡμέρας, τὸν
ἰσθμὸν ποιεῖ τῆς εἰρημένης χερρονήσου, ἣν Μεσσαπίαν τε καὶ Ἰαπυγίαν καὶ
Καλαβρίαν καὶ Σαλεντίνην κοινῶς οἱ πολλοὶ προσαγορεύουσι: τινὲς δὲ
διαιροῦσιν, ὡς ἐλέγομεν πρότερον.
| [6,3,5] La partie de la Iapygie qui fait suite à Tarente offre
un aspect riant qu'on s'explique difficilement : le sol, en effet,
y est âpre et raboteux à la surface, mais il laisse voir, pour
peu qu'on l'ouvre avec la charrue, une grande profondeur
de terre végétale; d'autre part, le peu d'eau dont elle est
arrosée n'empêche pas qu'on n'y voie partout de gras pâturages
et des bois magnifiques. J'ajouterai que tout ce pays
fut naguère extrêmement peuplé et que l'on y comptait
jusqu'à treize villes; mais il a tant souffert qu'aujourd'hui,
sauf Tarente et Brentesium, on n'y rencontre plus que de
très petites localités. Les Salentins passent pour descendre
d'une colonie crétoise. Le fameux temple de Minerve, naguère
si riche, est situé dans les limites de leur territoire,
ainsi que le rocher connu sous le nom de promontoire
lapygien. Ce promontoire, après s'être avancé droit au
levant d'hiver jusqu'à une grande distance en mer, se recourbe
vers l'O. dans la direction du Lacinium et détermine
avec ce cap, situé juste vis-à-vis, l'entrée du golfe de
Tarente. Les monts Cérauniens déterminent de même, avec
le promontoire Iapygien, l'entrée du golfe Ionien, et l'on
compte 700 stades environ pour le trajet dudit rocher ou
promontoire soit au Lacinium soit aux monts Cérauniens.
Le périple se décompose ainsi qu'il suit de Tarente à
Brentesium. On compte d'abord 600 stades jusqu'à Baris.
Cette petite ville de Baris, qu'on nomme aujourd'hui
plus volontiers Veretum, est située à la partie extrême
du territoire salentin, et il est en général plus aisé de s'y
rendre de Tarente par terre que par mer. On compte ensuite
80 stades jusqu'à Leuca, autre ville fort petite, où se
trouve une source remarquable par l'odeur fétide qui
s'exhale de ses eaux. Suivant les mythographes, ceux des
géants qui avaient survécu au désastre de Phlegra, en Campanie
(autrement dits les géants Leuterniens), auraient, pour
échapper à la poursuite d'Hercule, cherché un asile en ce
lieu et l'y auraient trouvé, la terre elle-même s'étant ouverte
pour les recevoir dans son sein; mais de la partie
séreuse de leur sang se serait formé le courant qui alimente
cette source, en même temps que de leur nom toute cette
côte aurait été appelée la Leuternie. Il y a, maintenant,
150 stades de Leuca à la petite ville d'Hydrûs ou d'Hydronte,
et 400 stades d'Hydronte à Brentesium, 400 aussi
d'Hydronte à l'île Sason, laquelle se trouve située à peu
près à la moitié du trajet de la côte d'Epire à Brentesium,
de sorte que, quand la traversée ne peut s'opérer en ligne
droite, on gouverne à gauche sur Hydronte, à partir de
l'île Sason, soit pour y attendre un vent favorable qui
permette de gagner l'un des ports de Brentesium, soit pour
y débarquer et achever le voyage par terre en passant à
Rhodiae (Rudize), ville d'origine grecque et patrie du poéte
Ennius ce qui est plus court. On fait donc le tour d'une
véritable presqu'île lorsqu'on se rend ainsi, par mer, de Tarente
à Brentesium; quant à l'isthme de la presqu'île, il est
représenté par la route qui va directement de Brentesium à
Tarente et qui se trouve être d'une journée de marche pour
un piéton non chargé. La plupart des auteurs emploient
indifféremment les noms de Messapie, de Iapygie, de Calabre
et de Salentine, pour désigner cette presqu'île, quelques-uns
pourtant les distinguent, ainsi que nous l'avons
marqué plus haut. — Toutes les petites places que nous
venons d'énumérer sont situées sur la côte même.
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