[6,3,4] ἴσχυσαν δέ ποτε οἱ Ταραντῖνοι καθ' ὑπερβολὴν πολιτευόμενοι δημοκρατικῶς:
καὶ γὰρ ναυτικὸν ἐκέκτηντο μέγιστον τῶν ταύτῃ καὶ πεζοὺς ἔστελλον
τρισμυρίους, ἱππέας δὲ τρισχιλίους, ἱππάρχους δὲ χιλίους. ἀπεδέξαντο δὲ καὶ τὴν
Πυθαγόρειον φιλοσοφίαν, διαφερόντως δ' Ἀρχύτας, ὃς καὶ προέστη τῆς πόλεως
πολὺν χρόνον. ἐξίσχυσε δ' ἡ ὕστερον τρυφὴ διὰ τὴν εὐδαιμονίαν, ὥστε τὰς
πανδήμους ἑορτὰς πλείους ἄγεσθαι κατ' ἔτος παρ' αὐτοῖς ἢ τὰς ἡμέρας: ἐκ δὲ
τούτου καὶ χεῖρον ἐπολιτεύοντο. ἓν δὲ τῶν φαύλων πολιτευμάτων τεκμήριόν ἐστι
τὸ ξενικοῖς στρατηγοῖς χρῆσθαι: καὶ γὰρ τὸν Μολοττὸν Ἀλέξανδρον
μετεπέμψαντο ἐπὶ Μεσσαπίους καὶ Λευκανούς, καὶ ἔτι πρότερον Ἀρχίδαμον τὸν
Ἀγησιλάου καὶ ὕστερον Κλεώνυμον καὶ Ἀγαθοκλέα, εἶτα Πύρρον, ἡνίκα
συνέστησαν πρὸς Ῥωμαίους. οὐδ' ἐκείνοις δ' εὐπειθεῖν ἠδύναντο οὓς
ἐπεκαλοῦντο, ἀλλ' εἰς ἔχθραν αὐτοὺς καθίστασαν. ὁ γοῦν Ἀλέξανδρος τὴν
κοινὴν Ἑλλήνων τῶν ταύτῃ πανήγυριν, ἣν ἔθος ἦν ἐν Ἡρακλείᾳ συντελεῖν τῆς
Ταραντίνης, μετάγειν ἐπειρᾶτο εἰς τὴν Θουρίαν κατὰ ἔχθος, ἐκέλευέ τε κατὰ τὸν
Ἀκάλανδρον ποταμὸν τειχίζειν τόπον, ὅπου ἔσοιντο αἱ σύνοδοι: καὶ δὴ καὶ ἡ
συμβᾶσα αὐτῷ κακοπραγία διὰ τὴν ἐκείνων ἀγνωμοσύνην ἀπαντῆσαι λέγεται.
πρὸς δὲ Μεσσαπίους ἐπολέμησαν περὶ Ἡρακλείας, ἔχοντες συνεργοὺς τόν τε
τῶν Δαυνίων καὶ τὸν τῶν Πευκετίων βασιλέα. περί τε τὰ Ἀννίβεια καὶ τὴν
ἐλευθερίαν ἀφῃρέθησαν, ὕστερον δ' ἀποικίαν Ῥωμαίων δεξάμενοι καθ' ἡσυχίαν
ζῶσι καὶ βέλτιον ἢ πρότερον.
| [6,3,4] L'ancienne Tarente avec sa constitution démocratique,
était parvenue à un degré de puissance extraordinaire :
elle possédait la plus forte marine de tout le littoral
et pouvait mettre sur pied des armées de 30000 fantassins,
de 3000 cavaliers, et de 1000 hipparques. Elle comptait
en outre dans son sein beaucoup d'adeptes de la philosophie
Pythagoricienne, l'un des plus distingués, notamment,
Archytas, connu aussi pour être resté de longues années
à la tête du gouvernement de son pays. Mais l'excès de la
prospérité finit par engendrer la mollesse, et celle-ci fit de
tels progrès à Tarente que le nombre des jours de fête arriva
à y dépasser celui des jours ordinaires. De là naturellement
une grave altération des moeurs et des institutions des
Tarentins. Il me suffira, du reste, de rappeler un détail de
leur administration pour en faire sentir tous les vices : je
veux parler de l'emploi si fréquent fait par ce peuple de
généraux étrangers. Indépendamment d'Alexandre, roi des
Molosses, dont ils avaient imploré le secours contre les
Messapiens et les Lucaniens, indépendamment d'Archidamus,
fils d'Agésilas, à qui ils avaient eu recours plus
anciennement, ils appelèrent encore dans la suite Cléonyme,
Agathocle, et finalement Pyrrhus pour lutter contre
Rome. Et notez qu'en appelant ces étrangers à leur aide
ils ne pouvaient pourtant s'astreindre à leur obéir, de
sorte qu'ils ne tardaient pas à s'en faire des ennemis C'est
ainsi qu'Alexandre voulut, uniquement en haine de leur indocilité,
transporter sur le territoire de Thurium le siége
de l'assemblée générale des Grecs italiotes, qui s'était toujours
tenue à Héraclée, sur le territoire tarentin : il choisit
sur les bords da fleuve Acalandre un vaste terrain, et,
l'ayant fait entourer de murailles, décida que les synodes ou
réunions générales se tiendraient là dorénavant. On s'accorde
aussi généralement à regarder comme une conséquence
de leur ingratitude la malencontreuse entreprise
qui mit fin aux jours de ce prince. {Disons pourtant que
dans la guerre contre les Messapiens au sujet d'Héraclée,
ils surent agir de concert avec le roi des Dauniens et celui
des Peucétiens.} La part qu'ils prirent ensuite aux guerres
d'Annibal contre Rome leur fit perdre jusqu'à la liberté;
mais ils reçurent dans leurs murs une colonie romaine,
et, de ce jour, la sécurité leur a été rendue, leur situation
est même devenue meilleure qu'auparavant.
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