[6,2,8] πλησίον δὲ τῶν Κεντορίπων ἐστὶ πόλισμα ἡ μικρὸν ἔμπροσθεν λεχθεῖσα
Αἴτνη τοὺς ἀναβαίνοντας ἐπὶ τὸ ὄρος δεχομένη καὶ παραπέμπουσα: ἐντεῦθεν
γὰρ ἀρχὴ τῆς ἀκρωρείας. ἔστι δὲ ψιλὰ τὰ ἄνω χωρία καὶ τεφρώδη καὶ χιόνος
μεστὰ τοῦ χειμῶνος, τὰ κάτω δὲ δρυμοῖς καὶ φυτείαις διείληπται παντοδαπαῖς.
ἔοικε δὲ λαμβάνειν μεταβολὰς πολλὰς τὰ ἄκρα τοῦ ὄρους διὰ τὴν νομὴν τοῦ
πυρός, τοτὲ μὲν εἰς ἕνα κρατῆρα συμφερομένου τοτὲ δὲ σχιζομένου, καὶ τοτὲ μὲν
ῥύακας ἀναπέμποντος τοτὲ δὲ φλόγας καὶ λιγνῦς, ἄλλοτε δὲ καὶ μύδρους
ἀναφυσῶντος: ἀνάγκη δὲ τοῖς πάθεσι τούτοις τούς τε ὑπὸ γῆν πόρους
συμμεταβάλλειν καὶ τὰ στόμια ἐνίοτε πλείω {ὄντα} κατὰ τὴν ἐπιφάνειαν τὴν
πέριξ. οἱ δ' οὖν νεωστὶ ἀναβάντες διηγοῦντο ἡμῖν ὅτι καταλάβοιεν ἄνω πεδίον
ὁμαλὸν ὅσον εἴκοσι σταδίων τὴν περίμετρον, κλειόμενον ὀφρύι τεφρώδει τειχίου
τὸ ὕψος ἔχοντι, ὥστε δεῖν καθάλλεσθαι τοὺς εἰς τὸ πεδίον προελθεῖν
βουλομένους: ὁρᾶν τ' ἐν τῷ μέσῳ βουνὸν τεφρώδη τὴν χρόαν, οἵαπερ καὶ ἡ
ἐπιφάνεια καθεωρᾶτο τοῦ πεδίου, ὑπὲρ δὲ τοῦ βουνοῦ νέφος ὄρθιον διανεστηκὸς
εἰς ὕψος ὅσον διακοσίων ποδῶν ἠρεμοῦν ̔εἶναι γὰρ καὶ νηνεμίαν̓, εἰκάζειν δὲ καπνῷ:
δύο δὲ τολμήσαντας προελθεῖν εἰς τὸ πεδίον, ἐπειδὴ θερμοτέρας ἐπέβαινον
τῆς ψάμμου καὶ βαθυτέρας, ἀναστρέψαι μηδὲν ἔχοντας περιττότερον
φράζειν τῶν φαινομένων τοῖς πόρρωθεν ἀφορῶσι. νομίζειν δ' ἐκ τῆς τοιαύτης
ὄψεως πολλὰ μυθεύεσθαι καὶ μάλιστα οἷά φασί τινες περὶ Ἐμπεδοκλέους, ὅτι
καθάλοιτο εἰς τὸν κρατῆρα καὶ καταλίποι τοῦ πάθους ἴχνος τῶν ἐμβάδων τὴν
ἑτέραν ἃς ἐφόρει χαλκᾶς: εὑρεθῆναι γὰρ ἔξω μικρὸν ἄπωθεν τοῦ χείλους τοῦ
κρατῆρος ὡς ἀνερριμμένην ὑπὸ τῆς βίας τοῦ πυρός: οὔτε γὰρ προσιτὸν εἶναι τὸν
τόπον οὔθ' ὁρατόν, εἰκάζειν τε μηδὲ καταρριφῆναί τι δύνασθαι ἐκεῖσε ὑπὸ τῆς
ἀντιπνοίας τῶν ἐκ βάθους ἀνέμων καὶ τῆς θερμότητος, ἣν προαπαντᾶν εὔλογον
πόρρωθεν πρὶν ἢ τῷ στομίῳ τοῦ κρατῆρος προσπελάσαι: εἰ δὲ καταρριφείη,
φθάνοι ἂν διαφθαρὲν πρὶν ἀναρριφῆναι πάλιν ὁποῖον παρελήφθη πρότερον. τὸ
μὲν οὖν ἐκλείπειν ποτὲ τὰ πνεύματα καὶ τὸ πῦρ ἐπιλειπούσης τῆς ὕλης, οὐκ
ἄλογον, οὐ μὴν ἐπὶ τοσοῦτόν γε ὥστ' ἀντὶ τῆς τοσαύτης βίας ἐφικτὸν ἀνθρώπῳ
γενέσθαι τὸν πλησιασμόν.
ὑπέρκειται δ' ἡ Αἴτνη μᾶλλον μὲν τῆς κατὰ τὸν πορθμὸν καὶ τὴν Καταναίαν παραλίας,
ἀλλὰ καὶ τῆς κατὰ τὸ Τυρρηνικὸν πέλαγος καὶ τὰς Λιπαραίων νήσους. νύκτωρ μὲν οὖν
καὶ φέγγη φαίνεται λαμπρὰ ἐκ τῆς κορυφῆς, μεθ' ἡμέραν δὲ καπνῷ καὶ ἀχλύι κατέχεται.
| [6,2,8] Non loin de Centoripa est la petite ville d'AEtna, dont
nous parlions tout à l'heure. AEtna est le repos et le point
de départ des voyageurs qui font L'ascension du volcan;
car c'est là que commence, à proprement parler, la région
du sommet. Dans toute cette région supérieure, la
montagne est nue et stérile, le sol est comme de la cendre,
et disparaît l'hiver sous la neige amoncelée, ce qui forme un
contraste avec les beaux bois et l'abondante végétation de la
région inférieure. Le sommet, qui plus est, paraît sujet à de
fréquents changements par suite de la nature capricieuse
des éruptions volcaniques, et cela se conçoit : comme le feu
intérieur tantôt se porte tout vers un seul cratère et tantôt
se divise entre plusieurs, et que de ces cratères sortent
tantôt des flots de lave, tantôt rien que des flammes et de la
fumée, tantôt aussi de grosses masses ignées; cette irrégularité
des éruptions affecte aussi nécessairement les conduits
souterrains et en change la direction, et il n'est pas
rare de voir s'ouvrir sur tout le pourtour du sommet de nouveaux
cratères ou orifices. Des voyageurs qui ont fait récemment
l'ascension de l'AEtna nous ont dit avoir trouvé, une fois
au haut de la montagne, un plateau tout uni, de 20 stades de
circuit environ, et bordé circulairement d'une sorte de bourrelet
de cendre, de la hauteur d'un mur ordinaire, qui lui
sert de clôture et par-dessus lequel il faut sauter, pour peu
qu'on veuille s'avancer sur le plateau. Au milieu de cette
enceinte, on apercevait une butte ayant cette même couleur
cendrée que le sol conserve sur toute la surface du plateau,
et juste au-dessus de la butte un nuage ou pour mieux
dire une colonne de fumée pouvant avoir deux cents pieds
de hauteur perpendiculaire et paraissant complétement immobile
(il est vrai que c'était par un temps de calme).
Deux de ces voyageurs avaient osé s'avancer sur le plateau, mais,
comme ils avaient senti que le sol sous leurs pieds était par
trop brûlant et qu'ils y enfonçaient trop, ils avaient vite rétrogradé,
sans avoir rien pu reconnaître de plus que ce que
l'on observait en se tenant à distance. Le peu qu'ils avaient
vu avait suffi toutefois à les convaincre que la fable tient
une grande place dans tout ce qu'on a débité au sujet du
volcan, et notamment dans ce qu'on raconte d'Empédocle,
qu'il se serait précipité au fond du cratère, sans laisser
après lui d'autre indice de sa mort qu'une des sandales
d'airain qu'il portait avant l'événement et qu'on aurait retrouvée
à une faible distance du bord du cratère, rejetée là
apparemment par la violence du feu. Suivant eux, en effet,
on ne saurait approcher du cratère ni le voir; ils ne concevaient
même pas qu'on y pût rien jeter, vu la résistance des
vents qui soufflent incessamment des profondeurs de l'abîme
et l'excès de la chaleur qui ne manquerait pas de vous arrêter
longtemps avant que vous eussiez atteint le bord du
cratère. Supposé d'ailleurs qu'un corps quelconque eût pu y
être lancé, ce corps n'eût pas manqué d'être complétement
altéré et défiguré; à coup sûr, il n'eût pas été rejeté tel qu'il
était d'abord. Sans doute il pourrait se faire (et rien n'em-
pêche de l'admettre) que, pour un temps et faute d'aliments,
ces exhalaisons d'air et de feu éprouvassent quelque interruption,
jamais pourtant l'interruption ne serait assez complète
ni assez longue pour permettre à l'homme d'affronter
l'approche d'obstacles si énergiques.
L'AEtna, qui commande plus particulièrement le côté du détroit et le
territoire de Catane, domine également les rivages de la mer
Tyrrhénienne et les îles des Liparaeens : son sommet, pendant la
nuit, s'illumine de clartés étincelantes; en revanche, il
demeure tout le jour enveloppé de fumée et d'épaisses ténèbres.
|