[6,2,9] ἀνταίρει δὲ τῇ Αἴτνῃ τὰ Νεβρώδη ὄρη ταπεινότερα μὲν πλάτει δὲ πολὺ
παραλλάττοντα. ἅπασα δ' ἡ νῆσος κοίλη κατὰ γῆς ἐστι, ποταμῶν καὶ πυρὸς
μεστή, καθάπερ τὸ Τυρρηνικὸν πέλαγος, ὡς εἰρήκαμεν, μέχρι τῆς Κυμαίας.
θερμῶν γοῦν ὑδάτων ἀναβολὰς κατὰ πολλοὺς ἔχει τόπους ἡ νῆσος, ὧν τὰ μὲν
Σελινούντια καὶ τὰ Ἱμεραῖα ἁλμυρά ἐστι, τὰ δὲ Αἰγεσταῖα πότιμα περὶ
Ἀκράγαντα δὲ λίμναι τὴν μὲν γεῦσιν ἔχουσαι θαλάττης, τὴν δὲ φύσιν διάφορον:
οὐδὲ γὰρ τοῖς ἀκολύμβοις βαπτίζεσθαι συμβαίνει ξύλων τρόπον ἐπιπολάζουσιν.
οἱ Παλικοὶ δὲ κρατῆρας ἔχουσιν ἀναβάλλοντας ὕδωρ εἰς θολοειδὲς ἀναφύσημα
καὶ πάλιν εἰς τὸν αὐτὸν δεχομένους μυχόν. τὸ δὲ περὶ Μάταυρον σπήλαιον ἐντὸς
ἔχει σύριγγα εὐμεγέθη καὶ ποταμὸν δι' αὐτῆς ῥέοντα ἀφανῆ μέχρι πολλοῦ
διαστήματος, εἶτ' ἀνακύπτοντα πρὸς τὴν ἐπιφάνειαν, καθάπερ Ὀρόντης ἐν τῇ
Συρίᾳ καταδὺς εἰς τὸ μεταξὺ χάσμα Ἀπαμείας καὶ Ἀντιοχείας, ὃ καλοῦσι
Χάρυβδιν, ἀνατέλλει πάλιν ἐν τετταράκοντα σταδίοις: τὰ δὲ παραπλήσια καὶ ὁ
Τίγρις ἐν τῇ Μεσοποταμίᾳ καὶ ὁ Νεῖλος ἐν τῇ Λιβύῃ μικρὸν πρὸ τῶν πηγῶν. τὸ δὲ
περὶ Στύμφαλον ὕδωρ ἐπὶ διακοσίους σταδίους ὑπὸ γῆν ἐνεχθὲν ἐν τῇ Ἀργείᾳ
τὸν Ἐρασῖνον ἐκδίδωσι ποταμόν, καὶ πάλιν τὸ πρὸς τὴν Ἀρκαδικὴν Ἀσέαν
ὑποβρύχιον ὠσθὲν ὀψέ ποτε τόν τ' Εὐρώταν καὶ τὸν Ἀλφειὸν ἀναδίδωσιν, ὥστε
καὶ πεπιστεῦσθαι μυθῶδές τι, ὅτι τῶν ἐπιφημισθέντων στεφάνων ἑκατέρῳ καὶ
ῥιφέντων εἰς τὸ κοινὸν ῥεῦμα ἀναφαίνεται κατὰ τὸν ἐπιφημισμὸν ἑκάτερος ἐν
τῷ οἰκείῳ ποταμῷ. εἴρηται δὲ καὶ τὸ λεγόμενον περὶ τοῦ Τιμαύου.
| [6,2,9] Les monts Nébrodes, situés juste à l'opposite de
l'Etna, lui sont inférieurs en élévation, mais de beaucoup
supérieurs en étendue. Ce que nous avons dit de la partie
de la mer Tyrrhénienne comprise entre la Sicile et la côte
de Cume est vrai aussi de la Sicile : partout elle est minée
par des cours d'eau et des feux souterrains, ce qui explique
la quantité d'eaux chaudes, tantôt salées, comme celles de
Sélinonte et d'Himère, tantôt douces et potables, comme
celles d'AEgeste, qu'on y voit jaillir à la surface du sol.
Dans certains lacs ou étangs voisins d'Agrigente, les eaux
ont le même goût que celles de la mer, tout en étant de nature
bien différente, puisque, sans savoir nager, on s'y soutient
à la surface et que le corps de l'homme y flotte ni plus
ni moins que le bois. A Palici, l'eau jaillit de bassins profonds
semblables à des cratères et y retombe en formant
une sorte de voûte. Enfin la grotte qu'on visite auprès
d'Imachare contient une immense galerie dans laquelle
un fleuve circule à couvert et parcourt ainsi un très long
trajet, pour surgir ensuite à la surface du sol, comme fait
le fleuve Oronte en Syrie, qui, après s'être perdu entre
Apamée et Antioche, dans un gouffre appelé Charybde,
reparaît 40 stades plus loin. La même chose, on le sait,
arrive au Tigre, en Mésopotamie, et au Nil, en Libye,
un peu au-dessous de ses sources. On cite encore les eaux
de Stymphale, qui, après avoir coulé sous terre l'espace
de 200 stades, reparaissent en Argolide et forment le fleuve
Erasinus. Quant aux eaux qu'on voit se perdre auprès d'Asée
en Arcadie, elles mettent encore plus de temps à reparaitre
et forment alors deux fleuves distincts, l'Alphée et l'Eurotas,
ce qui avait naguère accrédité cette fable, que deux
couronnes offertes, l'une à l'Alphée et l'autre à l'Eurotas,
et jetées ensemble dans le courant commun, obéissaient au
voeu du donateur, chacune d'elles reparaissant dans le fleuve
auquel elle avait été spécialement adressée. Enfin nous avons
rapporté plus haut ce que l'on dit d'analogue touchant le Timave.
|