[6,2,5] τῶν δὲ λοιπῶν τῆς Σικελίας πλευρῶν ἡ μὲν ἀπὸ τοῦ Παχύνου πρὸς Λιλύβαιον
διήκουσα ἐκλέλειπται τελέως, ἴχνη τινὰ σώζουσα τῶν ἀρχαίων κατοικιῶν, ὧν ἦν
καὶ Καμάρινα ἄποικος Συρακουσίων: Ἀκράγας δὲ Γελῴων οὖσα καὶ τὸ ἐπίνειον
καὶ Λιλύβαιον ἔτι συμμένει. τῇ γὰρ Καρχηδονίᾳ τούτων μάλιστα ὑποπιπτόντων
τῶν μερῶν, μακροὶ καὶ συνεχεῖς οἱ πόλεμοι γενόμενοι τὰ πολλὰ κατέφθειραν. ἡ
δὲ λοιπὴ καὶ μεγίστη πλευρά, καίπερ οὐδ' αὐτὴ πολυάνθρωπος οὖσα ὅμως
ἱκανῶς συνοικεῖται. καὶ γὰρ Ἄλαισα καὶ Τυνδαρὶς καὶ τὸ τῶν Αἰγεσταίων
ἐμπόριον καὶ Κεφαλοιδὶς πολίσματά ἐστι: Πάνορμος δὲ καὶ Ῥωμαίων ἔχει
κατοικίαν. τὴν δὲ Αἰγεσταίαν κτισθῆναί φασιν ὑπὸ τῶν μετὰ Φιλοκτήτου
διαβάντων εἰς τὴν Κροτωνιᾶτιν, καθάπερ ἐν τοῖς Ἰταλικοῖς εἴρηται, παρ' αὐτοῦ
σταλέντων εἰς τὴν Σικελίαν μετὰ Αἰγέστου τοῦ Τρωός. οἰκεῖται δὲ καὶ ὁ Ἔρυξ
λόφος ὑψηλός, ἱερὸν ἔχων Ἀφροδίτης τιμώμενον διαφερόντως ἱεροδούλων
γυναικῶν πλῆρες τὸ παλαιόν, ἃς ἀνέθεσαν κατ' εὐχὴν οἵ τ' ἐκ τῆς Σικελίας καὶ
ἔξωθεν πολλοί: νυνὶ δ' ὥσπερ αὐτὴ ἡ κατοικία λιπανδρεῖ καὶ τῶν ἱερῶν σωμάτων
ἐκλέλοιπε τὸ πλῆθος. ἀφίδρυμα δ' ἐστὶ καὶ ἐν Ῥώμῃ τῆς θεοῦ ταύτης τὸ πρὸ τῆς
πύλης τῆς Κολλίνης ἱερὸν Ἀφροδίτης Ἐρυκίνης λεγόμενον, ἔχον καὶ νεὼν καὶ
στοὰν περικειμένην ἀξιόλογον.
| [6,2,5] Des deux autres côtés de la Sicile, celui qui va du cap
Pachynus au cap Lilybéen est aujourd'hai entièrement dépeuplé
et offre à peine quelques vestiges des nombreux établissements
que les anciens y avaient fondés, et entre lesquels
on distinguait Camarina, colonie de Syracuse. Les seules
villes qui y soient restées debout sont Agrigente, colonie
de Géla, le port d'Agrigente et Lilybée. Etant plus rapproché
que les deux autres de Carthage, ce côté de la
Sicile s'est trouvé être naturellement l'objet d'attaques continuelles
de la part des Carthaginois et le théâtre de longues
guerres qui ont en grande partie ruiné le pays. Quant au
dernier côté (qui est aussi le plus grand des trois), et compte,
sans être encore très peuplé, un assez grand nombre de
lieux habités, Alaesa, par exemple, et Tyndaris, et l'emporium
ou comptoir des Ægestéens, et Cephalaedès, qui sont
même à proprement parler autant de petites villes, puis
Panorme, ville élevée aujourd'hui au rang de colonie romaine,
et l'antique AEgeste, fondée, dit-on, par ces compagnons
de Philoctète dont nous avons déjà parlé dans
notre description de l'Italie, et qui, par ordre du héros,
quittèrent la Crotoniatide et passèrent en Sicile sous
la conduite du Troyen Aegeste. Citons encore sur cette
côte, parmi les lieux habités, la haute montagne d'Eryx,
avec son temple de Vénus, objet en tout temps d'une
vénération extraordinaire, et rempli autrefois de femmes
esclaves que, dans leur piété, les Siciliens et mainte autre
nation étrangère vouaient au culte de la déesse. Aujourd'hui
pourtant la ville d'Eryx ne compte plus qu'un petit
nombre d'habitants; le temple, de son côté, a perdu toute
cette population vouée au culte de Vénus. Sur le modèle de
ce temple on a bâti à Rome, en avant de la porte Colline,
le temple dit de Vénus Erycine, remarquable par le beau
portique qui en entoure la cella.
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