[6,1,14] μετὰ δὲ Θουρίους Λαγαρία φρούριον, Ἐπειοῦ καὶ Φωκέων κτίσμα, ὅθεν καὶ ὁ
Λαγαριτανὸς οἶνος, γλυκὺς καὶ ἁπαλὸς καὶ παρὰ τοῖς ἰατροῖς σφόδρα εὐδοκιμῶν:
καὶ ὁ Θουρῖνος δὲ τῶν ἐν ὀνόματι οἴνων ἐστίν. εἶθ' Ἡράκλεια πόλις μικρὸν ὑπὲρ
τῆς θαλάττης, καὶ ποταμοὶ δύο πλωτοὶ Ἄκιρις καὶ Σῖρις, ἐφ' οὗ πόλις ἦν
ὁμώνυμος Τρωική: χρόνῳ δὲ τῆς Ἡρακλείας ἐντεῦθεν οἰκισθείσης ὑπὸ
Ταραντίνων, ἐπίνειον αὕτη τῶν Ἡρακλεωτῶν ὑπῆρξε. διεῖχε δ' Ἡρακλείας μὲν
τέτταρας καὶ εἴκοσι σταδίους, Θουρίων δὲ περὶ τριακοσίους τριάκοντα. τῆς δὲ τῶν
Τρώων κατοικίας τεκμήριον ποιοῦνται τὸ τῆς Ἀθηνᾶς τῆς Ἰλιάδος ξόανον
ἱδρυμένον αὐτόθι, ὅπερ καταμῦσαι μυθεύουσιν ἀποσπωμένων τῶν ἱκετῶν ὑπὸ
Ἰώνων τῶν ἑλόντων τὴν πόλιν: τούτους γὰρ ἐπελθεῖν οἰκήτορας φεύγοντας τὴν
Λυδῶν ἀρχήν, καὶ βίᾳ λαβεῖν τὴν πόλιν Χώνων οὖσαν, καλέσαι δὲ αὐτὴν
Πολίειον: δείκνυσθαι δὲ καὶ νῦν καταμῦον τὸ ξόανον. ἰταμὸν μὲν οὖν καὶ τὸ οὕτω
μυθεύειν, ὥστε μὴ καταμῦσαι ἀναινόμενον, καθάπερ καὶ ἐν Ἰλίῳ ἀποστραφῆναι
κατὰ τὸν Κασάνδρας βιασμόν, ἀλλὰ καὶ καταμῦον δείκνυσθαι: πολὺ δὲ
ἰταμώτερον τὸ τοσαῦτα ποιεῖν ἐξ Ἰλίου κεκομισμένα ξόανα, ὅσα φασὶν οἱ
συγγραφεῖς: καὶ γὰρ ἐν Ῥώμῃ καὶ ἐν Λαουινίῳ καὶ ἐν Λουκερίᾳ καὶ ἐν Σειρίτιδι
Ἰλιὰς Ἀθηνᾶ καλεῖται ὡς ἐκεῖθεν κομισθεῖσα. καὶ τὸ τῶν Τρῳάδων δὲ τόλμημα
περιφέρεται πολλαχοῦ καὶ ἄπιστον φαίνεται καίπερ δυνατὸν ὄν. τινὲς δὲ καὶ
Ῥοδίων κτίσμα φασὶ καὶ Σειρῖτιν καὶ τὴν ἐπὶ τοῦ Τράεντος Σύβαριν. φησὶ δ'
Ἀντίοχος τοὺς Ταραντίνους Θουρίοις καὶ Κλεανδρίδᾳ τῷ στρατηγῷ φυγάδι ἐκ
Λακεδαίμονος πολεμοῦντας περὶ τῆς Σειρίτιδος συμβῆναι, καὶ συνοικῆσαι μὲν
κοινῇ, τὴν δ' ἀποικίαν κριθῆναι Ταραντίνων, Ἡράκλειαν δ' ὕστερον κληθῆναι
μεταβαλοῦσαν καὶ τοὔνομα καὶ τὸν τόπον.
| [6,1,14] A Thurii succède Lagaria, ville forte bâtie par
Epeus et les Phocéens : son territoire produit le Lagaritain,
vin léger et doux, que les médecins pour cette
raison prescrivent volontiers. Le vin de Thurii compte
aussi du reste parmi les vins en renom de l'Italie. La ville
d'Héraclée qui vient ensuite est située un peu au-dessus de
la mer; puis l'on rencontre deux cours d'eau navigables.
l'Aciris et le Siris. A l'embouchure de ce dernier s'élevait
naguère une ville de même nom, d'origine troyenne; mais,
quand les Tarentins eurent transporté à Héraclée l'établissement
primitif, cette ville de Siris ne fut plus que le port
des Héracléotes; elle était à 26 stades seulement d'Héraclée
et à 330 de Thurii. On donne pour preuve de l'établissement
des Troyens en ce lieu la présence de la statue de
Minerve Troyenne et cette tradition qui s'y rapporte que,
lors de la prise de la ville par les Ioniens (la ville était au pouvoir
des Chônes, quand les Ioniens, qui venaient de se soustraire
au joug des Lydiens, la leur enlevèrent, s'y établirent
à leur place et changèrent son nom en celui de Polieum),
ladite statue aurait baissé les paupières pour ne pas voir le
vainqueur arracher les suppliants du pied de ses autels, prodige
qui se renouvellerait même encore soi-disant de temps
à autre. Mais s'il y a déjà de l'effronterie à {reproduire deux
fois la même fiction}, à nous montrer la statue de la déesse,
à Siris, abaissant ses paupières {pour ne pas voir l'attentat
des Ioniens}, comme elle avait, à Troie, détourné les yeux
pour ne pas être témoin du viol de Cassandre; s'il y en a
quelque peu aussi à prétendre que le prodige s'observe de
nos jours encore, c'est porter, suivant nous, l'effronterie à
son comble que de multiplier, comme le font les historiens,
ces statues de Minerve Troyenne : à ce compte-là, en effet,
Rome, Lavinium, Lucérie et Siris se trouvent avoir chacune
sa Minerve, venue directement d'Ilion. Nous en dirons autant
de ce trait d'audace des femmes troyennes ; bien qu'il n'offre
rien en soi d'impossible, il est certain qu'on lui ôte beaucoup
de vraisemblance, à le transporter comme on fait sur
tant de scènes différentes. Certains auteurs voient dans la
ville de Siris et dans celle de Sybaris-sur-Tarente une double
fondation des Rhodiens. Suivant Antiochus, il y aurait
eu, pour la possession de Siris et de son territoire, une longue
guerre entre les Tarentins et les Thuriens, commandés
alors par Cleandridas, proscrit spartiate ; mais un traité serait
intervenu, qui, en laissant les deux peuples occuper le
pays en commun, en aurait attribué la propriété aux Tarentins;
plus tard, seulement, la colonie se serait transportée
en un autre lieu, et, changeant de nom en même temps
que de place, se serait appelée désormais Héraclée.
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