[6,1,13] ἐφεξῆς δ' ἐστὶν {ἐν} διακοσίοις σταδίοις Ἀχαιῶν κτίσμα ἡ Σύβαρις δυεῖν
ποταμῶν μεταξύ, Κράθιδος καὶ Συβάριδος: οἰκιστὴς δ' αὐτῆς ὁ Ἶσ{ος} Ἑλικεύς.
τοσοῦτον δ' εὐτυχίᾳ διήνεγκεν ἡ πόλις αὕτη τὸ παλαιὸν ὥστε τεττάρων μὲν
ἐθνῶν τῶν πλησίον ἐπῆρξε, πέντε δὲ καὶ εἴκοσι πόλεις ὑπηκόους ἔσχε, τριάκοντα
δὲ μυριάσιν ἀνδρῶν ἐπὶ Κροτωνιάτας ἐστράτευσεν, πεντήκοντα δὲ σταδίων
κύκλον συνεπλήρουν οἰκοῦντες ἐπὶ τῷ Κράθιδι. ὑπὸ μέντοι τρυφῆς καὶ ὕβρεως
ἅπασαν τὴν εὐδαιμονίαν ἀφῃρέθησαν ὑπὸ Κροτωνιατῶν ἐν ἡμέραις
ἑβδομήκοντα: ἑλόντες γὰρ τὴν πόλιν ἐπήγαγον τὸν ποταμὸν καὶ κατέκλυσαν.
ὕστερον δ' οἱ περιγενόμενοι συνελθόντες ἐπῴκουν ὀλίγοι: χρόνῳ δὲ καὶ οὗτοι
διεφθάρησαν ὑπὸ Ἀθηναίων καὶ ἄλλων Ἑλλήνων, οἳ συνοικήσοντες μὲν ἐκείνοις
ἀφίκοντο, καταφρονήσαντες δὲ αὐτῶν τοὺς μὲν διεχειρίσαντο ... τὴν δὲ πόλιν εἰς
ἕτερον τόπον μετέθηκαν πλησίον καὶ Θουρίους προσηγόρευσαν ἀπὸ κρήνης
ὁμωνύμου. ὁ μὲν οὖν Σύβαρις τοὺς πίνοντας ἵππους ἀπ' αὐτοῦ πτυρτικοὺς ποιεῖ:
διὸ καὶ τὰς ἀγέλας ἀπείργουσιν ἀπ' αὐτοῦ: ὁ δὲ Κρᾶθις τοὺς ἀνθρώπους
ξανθοτριχεῖν καὶ λευκοτριχεῖν ποιεῖ λουομένους καὶ ἄλλα πολλὰ πάθη ἰᾶται.
Θούριοι δ' εὐτυχήσαντες πολὺν χρόνον ὑπὸ Λευκανῶν ἠνδραποδίσθησαν,
Ταραντίνων δ' ἀφελομένων ἐκείνους ἐπὶ Ῥωμαίους κατέφυγον. οἱ δὲ πέμψαντες
συνοίκους ὀλιγανδροῦσι μετωνόμασαν Κωπιὰς τὴν πόλιν.
| [6,1,13] A 200 stades de Crotone, entre le cours du Sybaris
et celui du Crathis, les Achéens avaient fondé une ville
appelée également Sybaris : le chef ou archégète de la
colonie était Is{sos} d'Hélicé. Cette ville jouit anciennement
d'une prospérité extraordinaire : ainsi elle commandait
à quatre peuples, ses voisins, et comptait dans sa dépendance
immédiate jusqu'à vingt-cinq villes ; elle put
armer 300.000 hommes contre Crotone, et son enceinte près
des bords du Crathis mesurait une circonférence de 50 stades.
Mais par la faute de ses habitants, par un effet de leur
mollesse et de leur indolence, toute cette prospérité fut
anéantie par les Crotoniates, et cela dans l'espace de
soixante-dix jours. Les Crotoniates maîtres de la ville détournèrent
le cours du Crathis, et la noyèrent sous les eaux de ce
fleuve. Plus tard, il est vrai, le peu d'habitants qui avaient
survécu essayèrent de se réunir et de réoccuper les mêmes
lieux, mais ils furent exterminés à leur tour par des colons
venus d'Athènes et d'autres parties de la Grèce : ces colons
avaient eu d'abord l'intention de s'associer à eux, mais indignés,
dégoûtés {par le spectacle de leur mollesse}, ils en
avaient égorgé une partie, avaient {réduit le reste en esclavage},
et, déplaçant la ville elle-même, l'avaient transportée
non loin de là dans le voisinage d'une source, dont le nom,
Thurii, était devenu celui de la nouvelle ville. Les eaux du
Sybaris rendent très ombrageux les chevaux qui s'y abreuvent;
on a soin, à cause de cela, d'en écarter le bétail. Quant
aux eaux du Crathis, elles blondissent et blanchissent les
cheveux, pour peu que l'on s'y baigne; elles ont cependant
aussi la propriété de guérir de mainte affection grave. Après
une longue période de prospérité, la ville de Thurii tomba
sous le joug des Lucaniens; plus tard, les Tarentins l'enlevèrent
aux Lucaniens, elle eut recours alors à la protection
des Romains, qui, la voyant presque déserte, y envoyèrent
une colonie, et, à cette occasion, changèrent son nom en
celui de Copiae.
|