[5,4,12] Περὶ δὲ Σαυνιτῶν καὶ τοιοῦτός τις λόγος φέρεται, διότι πολεμοῦντες
Σαβῖνοι πολὺν χρόνον πρὸς τοὺς Ὀμβρικοὺς εὔξαντο, καθάπερ τῶν Ἑλλήνων
τινές, τὰ γενόμενα τῷ ἔτει τούτῳ καθιερῶσαι, νικήσαντες δὲ τῶν γενομένων
τὰ μὲν κατέθυσαν τὰ δὲ καθιέρωσαν· ἀφορίας δὲ γενηθείσης, εἶπέ τις ὡς ἐχρῆν
καθιερῶσαι καὶ τὰ τέκνα. Οἱ δ´ ἐποίησαν τοῦτο καὶ τοὺς γενομένους τότε
παῖδας Ἄρεως ἐπεφήμισαν, ἀνδρωθέντας δ´ ἔστειλαν εἰς ἀποικίαν, ἡγήσατο δὲ
ταῦρος· ἐν δὲ τῇ τῶν Ὀπικῶν κατευνασθέντος (ἐτύγχανον δὲ κωμηδὸν ζῶντες),
ἐκβαλόντες ἐκείνους ἱδρύθησαν αὐτόθι καὶ τὸν ταῦρον ἐσφαγίασαν τῷ Ἄρει
τῷ δόντι αὐτὸν ἡγεμόνα κατὰ τὴν τῶν μάντεων ἀπόφασιν. Εἰκὸς δὲ διὰ τοῦτο
καὶ Σαβέλλους αὐτοὺς ὑποκοριστικῶς ἀπὸ τῶν γονέων προσαγορευθῆναι,
Σαμνίτας δ´ ἀπ´ ἄλλης αἰτίας, οὓς οἱ Ἕλληνες Σαυνίτας λέγουσι. Τινὲς δὲ καὶ
Λάκωνας συνοίκους αὐτοῖς γενέσθαι φασὶ καὶ διὰ τοῦτο καὶ φιλέλληνας
ὑπάρξαι, τινὰς δὲ καὶ Πιτανάτας καλεῖσθαι. Δοκεῖ δὲ καὶ Ταραντίνων πλάσμα
τοῦτ´ εἶναι, κολακευόντων ὁμόρους καὶ μέγα δυναμένους ἀνθρώπους καὶ ἅμα
ἐξοικειουμένων, οἵ γε καὶ ὀκτὼ μυριάδας ἔστελλόν ποτε τῆς πεζῆς στρατιᾶς,
ἱππέας δ´ ὀκτακισχιλίους. Φασὶ δὲ νόμον εἶναι παρὰ τοῖς Σαυνίταις καλὸν καὶ
προτρεπτικὸν πρὸς ἀρετήν· οὐ γὰρ ἔξεστι διδόναι τὰς θυγατέρας οἷς ἂν
ἐθέλωσιν, ἀλλὰ κρίνεσθαι κατὰ ἔτος δέκα μὲν παρθένους δέκα δὲ τῶν νέων
τοὺς ἀρίστους καὶ τὰς ἀρίστας· τούτων τῷ πρώτῳ τὴν πρώτην δίδοσθαι, τῷ
δευτέρῳ τὴν δευτέραν καὶ ἑξῆς οὕτως· ἐὰν δ´ ὁ λαβὼν τὸ γέρας μεταβαλόμενος
γένηται πονηρός, ἀτιμάζουσι καὶ ἀφαιροῦνται τὴν δοθεῖσαν. Ἑξῆς δ´ εἰσὶν
Ἱρπῖνοι, καὐτοὶ Σαυνῖται· τοὔ νομα δ´ ἔσχον ἀπὸ τοῦ ἡγησαμένου λύκου τῆς
ἀποικίας· ἵρπον γὰρ καλοῦσιν οἱ Σαυνῖται τὸν λύκον· συνάπτουσι δὲ
Λευκανοῖς τοῖς μεσογαίοις. Περὶ μὲν Σαυνιτῶν ταῦτα.
| [5,4,12] Relativement à l'origine des Samnites, voici ce que marque la tradition.
Les populations de la Sabine se trouvaient engagées depuis longues
années dans une guerre contre les Ombriens; elles firent un voeu (que les
peuples de la Grèce ont fait souvent en pareille circonstance), celui de
consacrer à la Divinité tous les produits de l'année : la guerre finit à leur
avantage, et on les vit en effet immoler comme victimes ou consacrer à
titre de pieuses offrandes les produits de leurs troupeaux et de leurs
champs. Mais cela n'empêcha point que l'année suivante ne fût une année
de disette. Quelqu'un dit alors qu'on aurait dû consacrer également à la
Divinité les enfants nouveau-nés. C'est ce qu'on fit : tous les enfants nés à
cette époque furent voués à Mars, puis, quand cette génération eut grandi,
on l'envoya au loin tout entière fonder une colonie. Un taureau servait de
guide à ces jeunes émigrants : arrivé sur le territoire des Opiques, il se
coucha pour se reposer; aussitôt les Sabins se jetèrent sur les Opiques
(lesquels vivaient encore dispersés dans de simples bourgades), et, les
ayant chassés de leurs terres, s'y établirent à leur place. Ils voulurent
ensuite rendre grâce à la Divinité qui leur avait envoyé ce guide, et, sur
l'indication de leurs devins, ils immolèrent le taureau au dieu Mars. Il y a
lieu de penser, d'après ce qui précède, que le nom de Sabelli pris par le
nouveau peuple rappelait son origine et qu'il ne faut y voir qu'un diminutif
du nom des Sabins; mais celui de Samnites ou de Saunites (pour
employer la forme grecque) dérive sans doute de quelque autre cause.
Certains auteurs prétendent qu'une colonie lacédémonienne vint se joindre
à celle qui était sortie de la Sabine, ils expliquent même ainsi l'amitié dont
les Samnites furent toujours portés pour les Grecs et la présence parmi
eux d'un certain nombre de familles désignées sous le nom de Pitanates. Il
semble avéré cependant que c'est là une invention des Tarentins, lesquels
auront voulu flatter leurs voisins, leurs puissants voisins, pour se ménager
ainsi l'alliance d'un peuple qui pouvait à l'occasion mettre sur pied 80.000
hommes d'infanterie et 8000 hommes de cavalerie. On vante beaucoup
certaine loi restée en vigueur chez les Samnites, loi effectivement fort
belle, et qui paraît bien faite pour exciter les coeurs à la vertu. D'après
cette loi, il est interdit aux pères de choisir eux-mêmes les maris de leurs
filles; mais on élit chaque année dix jeunes garçons et dix jeunes filles, les
meilleurs sujets des deux sexes; on unit le premier des garçons à la
première des filles, le second des garçons à la seconde des filles, et ainsi
de suite; et, s'il arrive qu'un de ces jeunes garçons, après avoir été honoré
d'une semblable distinction, change de conduite et se pervertisse, on lui
fait subir une sorte de dégradation en lui enlevant la compagne qu'on lui
avait donnée. Les Hirpins, qui succèdent aux Samnites, sont eux-mêmes
originaires du Samnium ; leur nom vient de ce que la colonie aurait eu
soi-disant un loup pour guide : le mot hirpos, en effet, signifie loup dans la
langue des Samnites. Le territoire des Hirpins se prolonge jusqu'à la
Haute-Lucanie. Mais nous n'en dirons pas davantage au sujet des Samnites.
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