[5,2,4] Τοὺς δὲ Πελασγούς, ὅτι μὲν ἀρχαῖόν τι φῦλον κατὰ τὴν Ἑλλάδα πᾶσαν
ἐπιπολάσαν καὶ μάλιστα παρὰ τοῖς Αἰολεῦσι τοῖς κατὰ Θετταλίαν,
ὁμολογοῦσιν ἅπαντες σχεδόν τι. Νομίζειν δέ φησιν Ἔφορος τὸ ἀνέκαθεν
Ἀρκάδας ὄντας ἑλέσθαι στρατιωτικὸν βίον, εἰς δὲ τὴν αὐτὴν ἀγωγὴν
προτρέποντας πολλοὺς ἅπασι τοῦ ὀνόματος μεταδοῦναι καὶ πολλὴν
ἐπιφάνειαν κτήσασθαι καὶ παρὰ τοῖς Ἕλλησι καὶ παρὰ τοῖς ἄλλοις, παρ´ ὅσους
ποτὲ ἀφιγμένοι τετυχήκασι. Καὶ γὰρ τῆς Κρήτης ἔποικοι γεγόνασιν, ὥς φησιν
Ὅμηρος· λέγει γοῦν Ὀδυσσεὺς πρὸς Πηνελόπην·
Ἄλλη δ´ ἄλλων γλῶσσα μεμιγμένη· ἐν μὲν Ἀχαιοί,
ἐν δ´ Ἐτεόκρητες μεγαλήτορες, ἐν δὲ Κύδωνες,
Δωριέες τε τριχάικες, δῖοί τε Πελασγοί.
Καὶ τὸ Πελασγικὸν Ἄργος ἡ Θετταλία λέγεται, τὸ μεταξὺ τῶν ἐκβολῶν τοῦ
Πηνειοῦ καὶ τῶν Θερμοπυλῶν ἕως τῆς ὀρεινῆς τῆς κατὰ Πίνδον, διὰ τὸ
ἐπάρξαι τῶν τόπων τούτων τοὺς Πελασγούς. Τόν τε Δία τὸν Δωδωναῖον αὐτὸς
ὁ ποιητὴς ὀνομάζει Πελασγικόν·
Ζεῦ ἄνα, Δωδωναῖε, Πελασγικέ.
Πολλοὶ δὲ καὶ τὰ Ἠπειρωτικὰ ἔθνη Πελασγικὰ εἰρήκασιν, ὡς καὶ μέχρι δεῦρο
ἐπαρξάντων· Πελασγούς τε πολλοὺς καὶ τῶν ἡρώων ὄνομα καλέσαντες, οἱ
ὕστερον ἀπ´ ἐκείνων πολλὰ τῶν ἐθνῶν ἐπώνυμα πεποιήκασι· καὶ γὰρ τὴν
Λέσβον Πελασγίαν εἰρήκασι, καὶ τοῖς ἐν τῇ Τρῳάδι Κίλιξιν Ὅμηρος εἴρηκε τοὺς
ὁμόρους Πελασγούς·
Ἱππόθοος δ´ ἄγε φῦλα Πελασγῶν ἐγχεσιμώρων,
τῶν οἳ Λάρισαν ἐριβώλακα ναιετάασκον.
Τῷ δ´ Ἐφόρῳ τοῦ ἐξ Ἀρκαδίας εἶναι τὸ φῦλον τοῦτο ἦρξεν Ἡσίοδος. Φησὶ γάρ·
Υἱεῖς ἐξεγένοντο Λυκάονος ἀντιθέοιο,
ὅν ποτε τίκτε Πελασγός.
Αἰσχύλος δ´ ἐκ τοῦ περὶ Μυκήνας Ἄργους φησὶν ἐν Ἱκέτισι καὶ Δαναΐσι τὸ
γένος αὐτῶν. Καὶ τὴν Πελοπόννησον δὲ Πελασγίαν φησὶν Ἔφορος κληθῆναι,
καὶ Εὐριπίδης δ´ ἐν Ἀρχελάῳ φησὶν ὅτι
Δαναὸς ὁ πεντήκοντα θυγατέρων πατὴρ
ἐλθὼν ἐς Ἄργος ᾤκισ´ Ἰνάχου πόλιν,
Πελασγιώτας δ´ ὠνομασμένους τὸ πρὶν
Δαναοὺς καλεῖσθαι νόμον ἔθηκ´ ἀν´ Ἑλλάδα.
Ἀντικλείδης δὲ πρώτους φησὶν αὐτοὺς τὰ περὶ Λῆμνον καὶ Ἴμβρον κτίσαι, καὶ
δὴ τούτων τινὰς καὶ μετὰ Τυρρηνοῦ τοῦ Ἄτυος εἰς τὴν Ἰταλίαν συνᾶραι. Καὶ οἱ
τὴν Ἀτθίδα συγγράψαντες ἱστοροῦσι περὶ τῶν Πελασγῶν ὡς καὶ Ἀθήνησι
γενομένων· διὰ δὲ τὸ πλανήτας εἶναι καὶ δίκην ὀρνέων ἐπιφοιτᾶν ἐφ´ οὓς ἔτυχε
τόπους Πελαργοὺς ὑπὸ τῶν Ἀττικῶν κληθῆναι.
| [5,2,4] Les Pélasges (c'est l'opinion presque universelle) formaient une race ou
nation fort ancienne répandue par toute la Grèce, mais principalement en
Thessalie, dans la région appelée Aeolide. Éphore incline à penser que les
premiers Pélasges furent des soldats, Arcadiens d'origine, qui donnèrent
leur nom à de nombreux compagnons gagés bientôt par leur exemple à la
profession des armes, et qui s'acquirent une grande célébrité non
seulement en Grèce, mais partout où le hasard poussa leurs pas. Homère
nous les montre déjà établis en Crète, puisqu'il fait dire à Ulysse dans son
récit à Pénélope : « Ici les peuples ne parlent point tous la même langue :
mais on trouve mêlés ensemble l'Achéen, le noble Étéocrète le Cydonien,
la triple nation Dorienne et les PÉLASGES issus des dieux. »
D'autre part, en donnant le nom d'Argos Pélasgique à la partie de la
Thessalie qui est comprise entre les bouches du Pénée et les
Thermopyles et qui se prolonge jusqu'à la chaîne du Pinde, Homère
semble attester que les Pélasges ont longtemps aussi dominé en ce pays.
II est remarquable enfin qu'il joigne au nom de Jupiter-Dodonéen l'épithète
de Pélasgique:
«Tout-puissant Jupiter, Jupiter Dodonéen, Jupiter Pélasgique! »
Beaucoup d'auteurs, du reste, qualifient de Pélasgiques les
populations mêmes de l'Épire, comme pour mieux marquer que la
domination des Pélasges s'était étendue sur toute cette contrée. Il est
arrivé en outre que la dénomination de Pélasges, attribué dans le principe
à divers héros individuellement, s'est transportée avec le temps des héros
aux pays mêmes {témoins de leurs exploits}. C'est ainsi notamment qu'on
en est venu à qualifier Lesbos de Pélasgienne et qu'Homère a placé des
Pélasges dans le voisinage immédiat des Ciiciens de la Troade :
« Hippothoüs conduisait les belliqueux Pélasges, les Pélasges de la riche
et fertile Larisse. »
Peut-être même Éphore n'a-t-il placé en Arcadie l'origine de la nation
Pélasgique que parce qu'Hésiode lui en avait suggéré l'idée en disant
quelque part :
« Les fils du divin Lycaon, né lui-même de PELASGUS. »
Du moins Æschyle, dans sa tragédie des Suppliantes, et dans celle des
Danaïdes, assigne-t-il pour point de départ aux Pélasges Argos, Argos
près Mycènes. On sait aussi que le Péloponnèse s'était appelé
primitivement la Pélasgie, Ephore lui-même le constate et on lit dans
l'Archélaüs d'Euripide que :
« Le père des cinquante Danaïdes, étant venu dans Argos, « s'établit en
maître dans la ville d'Inachus, et que bientôt, à cause de lui, la Grèce
apprit à nommer Danai ceux qu'elle avait si longtemps salués du nom de
PÉLASGES. »
Au dire d'Anticlide maintenant, Lemnos, Imbros et les îles voisines auraient
eu les Pélasges pour premiers habitants, et, parmi ces Pélasges, Tyrrhen,
fils d'Atys, aurait recruté une partie des compagnons qui le suivirent en
Italie. Enfin, s'il faut en croire les Atthidographes, les Pélasges seraient
venus même en Attique, et, en voyant leurs habitudes errantes, en les
voyant toujours prêts, comme des oiseaux de passage, à aller de contrée
en contrée, les gens du pays auraient changé leur nom en celui de Pélasges.
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