[5,2,3] Περὶ μὲν τῆς ἐπιφανείας τῶν Τυρρηνῶν ταῦτα. Καὶ ἔτι τὰ τοῖς
Καιρετανοῖς πραχθέντα · καὶ γὰρ τοὺς ἑλόντας τὴν Ῥώμην Γαλάτας
κατεπολέμησαν ἀπιοῦσιν ἐπιθέμενοι κατὰ Σαβίνους, καὶ ἃ παρ´ ἑκόντων
ἔλαβον Ῥωμαίων ἐκεῖνοι λάφυρα ἄκοντας ἀφείλοντο· πρὸς δὲ τούτοις τοὺς
καταφυγόντας παρ´ αὐτοὺς ἐκ τῆς Ῥώμης ἔσωσαν καὶ τὸ ἀθάνατον πῦρ καὶ
τὰς τῆς Ἑστίας ἱερείας. Οἱ μὲν οὖν Ῥωμαῖοι διὰ τοὺς τότε φαύλως δι οικοῦντας
τὴν πόλιν οὐχ ἱκανῶς ἀπομνημονεῦσαι τὴν χάριν αὐτοῖς δοκοῦσι· πολιτείαν
γὰρ δόντες οὐκ ἀνέγραψαν εἰς τοὺς πολίτας, ἀλλὰ καὶ τοὺς ἄλλους τοὺς μὴ
μετέχοντας τῆς ἰσονομίας εἰς τὰς δέλτους ἐξώριζον τὰς Καιρετανῶν. Παρὰ δὲ
τοῖς Ἕλλησιν εὐδοκίμησεν ἡ πόλις αὕτη διά τε ἀνδρείαν καὶ δικαιοσύνην· τῶν
τε γὰρ λῃστηρίων ἀπέσχετο, καίπερ δυναμένη πλεῖστον, καὶ Πυθοῖ τὸν
Ἀγυλλαίων καλούμενον ἀνέθηκε θησαυρόν. Ἄγυλλα γὰρ ὠνομάζετο τὸ
πρότερον ἡ νῦν Καιρέα, καὶ λέγεται Πελασγῶν κτίσμα τῶν ἐκ Θετταλίας
ἀφιγμένων· τῶν δὲ Λυδῶν, οἵπερ Τυρρηνοὶ μετωνομάσθησαν,
ἐπιστρατευσάντων τοῖς Ἀγυλλαίοις, προσιὼν τῷ τείχει τις ἐπυνθάνετο
τοὔνομα τῆς πόλεως, τῶν δ´ ἀπὸ τοῦ τείχους Θετταλῶν τινος ἀντὶ τοῦ
ἀποκρίνασθαι προσαγορεύσαντος αὐτὸν « χαῖρε » , δεξάμενοι τὸν οἰωνὸν οἱ
Τυρρηνοὶ τοῦτον ἁλοῦσαν τὴν πόλιν μετωνόμασαν. Ἡ δὲ οὕτω λαμπρὰ καὶ
ἐπιφανὴς πόλις νῦν ἴχνη σώζει μόνον, εὐανδρεῖ δ´ αὐτῆς μᾶλλον τὰ πλησίον
θερμά, ἃ καλοῦσι Καιρετανά, διὰ τοὺς φοιτῶντας θεραπείας χάριν.
| [5,2,3] A ce que nous venons de dire touchant l'illustration de la nation
Tyrrhénienne en général, ajoutons quelques détails sur l'histoire
particulière des Caerétans. Rappelons notamment qu'ils osèrent à eux
seuls attaquer les Gaulois, comme ceux-ci, après la prise de Rome se
retiraient par la Sabine, et que, les ayant vaincus, ils les forcèrent à rendre
ces riches dépouilles que Rome avait consenti à leur céder. Ils avaient en
outre sauvé la vie à une foule de Romains qui leur étaient venus demander
asile et avaient conservé le feu éternel en même temps que protégé les
vestales. Les Romains cependant (et cela par la faute des mauvais
magistrats qu'ils avaient alors à leur tête) ne reconnurent point ces
services comme ils auraient dû le faire : ils conférèrent aux Coerétans le
droit de cité, mais sans les inscrire au nombre des citoyens proprement
dits; même ils firent de leurs noms une liste, une table à part, dite "Tabulae
Cæritum", où furent relégués désormais tous ceux qu'ils excluaient de
l'isonorie. En revanche, les Grecs ont toujours distingué et honoré ce
peuple à cause de son courage et de son respect pour la justice, lui tenant
compte de ce que, malgré la supériorité de sa marine, il s'était abstenu en
tout temps d'actes de piraterie et de ce qu'il avait consacré dans le temple
de Delphes ce fameux trésor dit des Agylléens. Anciennement, en effet,
Cæré se nommait Agylla : c'étaient, à ce qu'on assure, des Pélasges
venus de Thessalie qui l'avaient fondée. Mais les Lydiens (j'entends ceux
qui prirent le nom de Tyrrhènes) ayant mis le siége devant Agylla, un des
leurs, dit-on, s'approcha du rempart et demanda qu'on lui dit le nom de la
ville, et comme, au lieu d'obtenir la réponse à sa question, il avait été salué
par un Thessalien du haut du rempart du mot g-Chaire (bonjour), les
Tyrrhènes virent là un présage heureux et firent de ce mot un nom
nouveau qu'ils donnèrent à la ville, quand ils l'eurent prise. Aujourd'hui du
reste, cette ville illustre, et naguère si florissante, n'est plus que l'ombre
d'elle-même, au point que les thermes qui se trouvent dans ses environs,
les thermes dits de Cæré, sont en réalité infiniment plus peuplés qu'elle, vu
l'affluence des gens qui s'y rendent pour raison de santé.
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