[5,2,2] Οἱ Τυρρηνοὶ τοίνυν παρὰ τοῖς Ῥωμαίοις Ἑτροῦσκοι καὶ Τοῦσκοι
προσαγορεύονται. Οἱ δ´ Ἕλληνες οὕ τως ὠνόμασαν αὐτοὺς ἀπὸ τοῦ Τυρρηνοῦ
Ἄτυος, ὥς φασι, τοῦ στείλαντος ἐκ Λυδίας ἐποίκους δεῦρο. Ἐπὶ γὰρ λιμοῦ καὶ
ἀφορίας ὁ Ἄτυς, εἷς τῶν ἀπογόνων Ἡρακλέους καὶ Ὀμφάλης, δυεῖν παίδων
ὄντων, κλήρῳ Λυδὸν μὲν κατέσχε, τῷ δὲ Τυρρηνῷ τὸν πλείω συστήσας λαὸν
ἐξέστειλεν. Ἐλθὼν δὲ τήν τε χώραν ἀφ´ ἑαυτοῦ Τυρρηνίαν ἐκάλεσε καὶ δώδεκα
πόλεις ἔκτισεν, οἰ κιστὴν ἐπιστήσας Τάρκωνα, ἀφ´ οὗ Ταρκυνία ἡ πόλις, ὃν διὰ
τὴν ἐκ παίδων σύνεσιν πολιὸν γεγεννῆσθαι μυθεύουσι. Τότε μὲν οὖν ὑφ´ ἑνὶ
ἡγεμόνι ταττόμενοι μέγα ἴσχυον, χρόνοις δ´ ὕστερον διαλυθῆναι τὸ σύστημα
εἰκὸς καὶ κατὰ πόλεις διασπασθῆναι βίᾳ τῶν πλησιοχώρων εἴξαντας· οὐ γὰρ
ἂν χώραν εὐδαίμονα ἀφέντες τῇ θαλάττῃ κατὰ λῃστείαν ἐπέθεντο, ἄλλοι πρὸς
ἄλλα τραπόμενοι πελάγη, ἐπεί, ὅπου γε συμπνεύσαιεν, ἱκανοὶ ἦσαν οὐκ
ἀμύνασθαι μόνον τοὺς ἐπιχειροῦντας αὐτοῖς, ἀλλὰ καὶ ἀντεπιχειρεῖν καὶ
μακρὰς στρατείας ποιεῖσθαι. Μετὰ δὲ τὴν τῆς Ῥώμης κτίσιν Δημάρατος
ἀφικνεῖται λαὸν ἄγων ἐκ Κορίνθου, καὶ δεξαμένων αὐτὸν Ταρκυνιτῶν γεννᾷ
Λουκούμωνα ἐξ ἐπιχωρίας γυναικός. Γενόμενος δὲ Ἄγκῳ Μαρκίῳ τῷ βασιλεῖ
τῶν Ῥωμαίων φίλος, ἐβασίλευσεν οὗτος καὶ μετωνομάσθη Λεύκιος Ταρκύνιος
Πρίσκος. Ἐκόσμησε δ´ οὖν τὴν Τυρρηνίαν καὶ αὐτὸς καὶ ὁ πατὴρ πρότερον, ὁ
μὲν εὐπορίᾳ δημιουργῶν τῶν συνακολουθησάντων οἴκοθεν, ὁ δὲ ταῖς ἐκ τῆς
Ῥώμης ἀφορμαῖς. Λέγεται δὲ καὶ ὁ θριαμβικὸς κόσμος καὶ ὑπατικὸς καὶ ἁπλῶς
ὁ τῶν ἀρχόντων ἐκ Ταρκυνίων δεῦρο μετενεχθῆναι καὶ ῥάβδοι καὶ πελέκεις καὶ
σάλπιγγες καὶ ἱεροποιίαι καὶ μαντικὴ καὶ μουσική, ὅσῃ δημοσίᾳ χρῶνται
Ῥωμαῖοι. Τούτου δ´ υἱὸς ἦν ὁ δεύτερος Ταρκύνιος ὁ Σούπερβος, ὅσπερ καὶ
τελευταῖος βασιλεύσας ἐξέπεσε. Πορσίνας δ´, ὁ τῶν Κλουσίνων βασιλεύς,
πόλεως Τυρρηνίδος, κατάγειν αὐτὸν ἐπιχειρήσας δι´ ὅπλων, ὡς οὐχ οἷός τε ἦν,
καταλυσάμενος τὴν ἔχθραν ἀπῆλθε φίλος μετὰ τιμῆς καὶ δωρεῶν μεγάλων.
| [5,2,2] Les Tyrrhènes ou Tyrrhéniens ne sont connus parmi les Romains que
sous les noms d'Etrusci et de Tusci: ce sont les Grecs qui leur ont donné
l'autre nom, en souvenir de Tyrrhen, fils d'Atys, qu'on nous dit avoir amené
naguère une colonie lydienne dans le pays. C'était à l'occasion d'une
famine, d'une disette survenue en Lydie; le roi Atys, l'un des descendants
d'Hercule et d'Omphale, ayant fait tirer au sort ses deux fils, Lydus et
Tyrrhen, retint le premier près de lui et envoya l'autre au loin avec la plus
grande partie de son peuple. Tyrrhen aborda aux rivages d'Italie, fonda
douze villes dans un même canton qui fut appelé de son nom Tyrrhénie, et
leur donna un seul et même chef pour les administrer. Ce chef s'appelait
Tarcon : son nom se retrouve dans celui de Tarquinia, l'une des douze
villes, et, comme il avait donné, étant enfant, des preuves d'une sagesse
précoce, la fable nous le représente venant au monde avec des cheveux
blancs. Tout le temps que les Tyrrhènes vécurent ainsi rangés sous le
gouvernement d'un seul, ils furent puissants et forts; mais il est probable
que le lien qui les unissait finit par se rompre et que, chaque ville s'étant
isolée, ils se trouvèrent trop faibles contre les agressions de leurs voisins
et durent reculer devant eux : autrement, les eût-on vus renoncer
d'eux-mêmes aux terres fertiles qu'ils possédaient pour tourner tout leur espoir
vers la mer, réduits désormais à infester de leurs pirateries les différentes
parties de la Méditerranée, eux, qui, en unissant leurs forces, eussent été
en état non seulement de repousser toute agression venue du dehors,
mais de prendre l'offensive et de tenter de lointaines expéditions ?
Postérieurement à la fondation de Rome, Démarate arrive dans le pays,
amenant à sa suite toute une colonie corinthienne; les Tarquinites
l'accueillent, il épouse une femme indigène et en a un fils qu'il nomme
Lucumon. Ce fils, devenu l'ami d'Ancus Marcius, roi de Rome, lui succède
et quitte son nom pour prendre celui de L. Tarquinius Priscus. Tarquin, et
déjà son père, avant lui, firent beaucoup pour l'embellissement des villes
de la Tyrrhénie, l'un par le grand nombre d'artistes amenés avec lui de
Corinthe, l'autre par les ressources de tout genre que le trône de Rome
mettait à sa disposition. C'est de Tarquinies aussi, à ce qu'on assure, que
furent importés à Rome les ornements du triomphe, les insignes non
seulement du consulat mais en général de toutes les grandes
magistratures, l'usage des faisceaux, des haches, des trompettes, les rites
des sacrifices, l'art de la divination et tout cet appareil musical dont les
Romains accompagnent habituellement leurs cérémonies publiques. Le
second Tarquin, fils du précédent, autrement dit Tarquin le Superbe, fut le
dernier roi de Rome : une révolution le chassa de son trône. Porsenna, roi
de Clusium (Clusium est l'une des principales villes de la Tyrrhénie),
essaya bien de le rétablir par la force des armes, mais n'ayant pu y réussir,
il renonça à poursuivre les hostilités, traita avec les Romains et évacua
leur territoire, ayant reçu d'eux, avec le titre d'ami, de grandes marques
d'honneur et de riches présents.
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