| [4,1,7] 7. Ἓν μὲν οὖν ἔχει παράδοξον ἡ προειρημένη παραλία, τὸ περὶ τοὺς ὀρυκτοὺς 
ἰχθῦς, ἕτερον δὲ μεῖζον τούτου σχεδόν τι τὸ λεχθησόμενον. Μεταξὺ γὰρ τῆς 
Μασσαλίας καὶ τῶν ἐκβολῶν τοῦ Ῥοδανοῦ πεδίον ἐστὶ τῆς θαλάττης διέχον 
εἰς ἑκατὸν σταδίους, τοσοῦτον δὲ καὶ τὴν διάμετρον, κυκλοτερὲς τὸ σχῆμα· 
καλεῖται δὲ Λιθῶδες ἀπὸ τοῦ συμβεβηκότος. Μεστὸν γάρ ἐστι λίθων 
χειροπληθῶν ὑποπεφυκυῖαν ἐχόντων αὑτοῖς ἄγρωστιν, ἀφ' ἧς ἄφθονοι νομαὶ 
βοσκήμασίν εἰσιν· ἐν μέσῳ δ' ὕδατα καὶ ἁλυκίδες συνίστανται καὶ ἅλες. 
Ἅπασα μὲν οὖν καὶ ἡ ὑπερκειμένη χώρα προσήνεμός ἐστι, διαφερόντως δ' εἰς 
τὸ πεδίον τοῦτο {τὸ} μελαμβόρειον καταιγίζει, πνεῦμα βίαιον καὶ φρικῶδες· 
φασὶ γοῦν σύρεσθαι καὶ κυλινδεῖσθαι τῶν λίθων ἐνίους, καταφλᾶσθαι δὲ τοὺς 
ἀνθρώπους ἀπὸ τῶν ὀχημάτων καὶ γυμνοῦσθαι καὶ ὅπλων καὶ ἐσθῆτος ὑπὸ 
τῆς ἐμπνοῆς. Ἀριστοτέλης μὲν οὖν φησιν ὑπὸ σεισμῶν, τῶν καλουμένων 
βραστῶν, ἐκπεσόντας τοὺς λίθους εἰς τὴν ἐπιφάνειαν συνολισθεῖν εἰς τὰ 
κοῖλα τῶν χωρίων. Ποσειδώνιος δὲ λίμνην οὖσαν παγῆναι μετὰ κλυδασμοῦ, 
καὶ διὰ τοῦτο εἰς πλείονας μερισθῆναι λίθους, καθάπερ τοὺς ποταμίους 
κάχληκας καὶ τὰς ψήφους τὰς αἰγιαλίτιδας, + ὁμοίους δὲ καὶ λείους καὶ 
ἰσομεγέθεις τῇ ὁμοιότητι· καὶ τὴν αἰτίαν ἀποδεδώκασιν ἀμφότεροι. Πιθανὸς 
μὲν οὖν ὁ παρ' ἀμφοῖν λόγος· ἀνάγκη γὰρ τοὺς οὕτω συνεστῶτας λίθους + οὐ 
καθ' ἑαυτοὺς ἢ ἐξ ὑγροῦ παγέντας μεταβαλεῖν, {ἢ} ἐκ πετρῶν μεγάλων 
ῥήγματα συνεχῆ λαβουσῶν ἀποκριθῆναι. Τὸ μέντοι δυσαπολόγητον Αἰσχύλος 
καταμαθὼν ἢ παρ' ἄλλου λαβὼν εἰς μῦθον ἐξετόπισε. Φησὶ γοῦν Προμηθεὺς 
παρ' αὐτῷ κα θηγούμενος Ἡρακλεῖ τῶν ὁδῶν τῶν ἀπὸ Καυκάσου πρὸς τὰς Ἑσπερίδας· 
ἥξεις δὲ Λιγύων εἰς ἀτάρβητον στρατόν,  
ἔνθ' οὐ μάχης, σάφ' οἶδα, καὶ θοῦρός περ ὢν 
 μέμψει· πέπρωται γάρ σε καὶ βέλη λιπεῖν  
ἐνταῦθ' ἑλέσθαι δ' οὔ τιν' ἐκ γαίας λίθον  
ἕξεις, ἐπεὶ πᾶς χῶρός ἐστι μαλθακός.  
Ἰδὼν δ' ἀμηχανοῦντά σε Ζεὺς οἰκτερεῖ,  
νεφέλην δ' ὑποσχὼν νιφάδι γογγύλων πέτρων  
ὑπόσκιον θήσει χθόν', οἷς ἔπειτα σὺ  
βαλὼν διώσει ῥᾳδίως Λίγυν στρατόν· 
ὥσπερ οὐ κρεῖττον ὄν, φησὶν ὁ Ποσειδώνιος, εἰς αὐτοὺς τοὺς Λίγυας ἐμβαλεῖν 
τοὺς λίθους καὶ καταχῶσαι πάντας, ἢ τοσούτων δεόμενον ποιῆσαι λίθων τὸν 
Ἡρακλέα. Τὸ μὲν οὖν τοσούτων, ἀναγκαῖον ἦν, εἴπερ καὶ πρὸς ὄχλον 
παμπληθῆ· ὥστε ταύτῃ γε πιθανώτερος ὁ μυθογράφος τοῦ ἀνασκευάζοντος 
τὸν μῦθον. Ἀλλὰ καὶ τὰ ἄλλα πεπρῶσθαι φήσας ὁ ποιητὴς οὐκ ἐᾷ μέμφεσθαι 
φιλαιτίως. Καὶ γὰρ ἐν τοῖς περὶ τῆς προνοίας καὶ τῆς εἱμαρμένης λόγοις εὕροι 
τις ἂν πολλὰ τοιαῦτα τῶν ἀνθρωπίνων καὶ τῶν φύσει γινομένων, ὥστ' ἐπ' 
αὐτῶν φάναι πολὺ κρεῖττον εἶναι τόδε ἢ τόδε γενέσθαι, οἷον εὔομβρον εἶναι 
τὴν Αἴγυπτον, ἀλλὰ μὴ τὴν Αἰθιοπίαν ποτίζειν τὴν γῆν· καὶ τὸν Πάριν εἰς 
Σπάρτην πλέοντα ναυαγίῳ περιπεσεῖν, ἀλλὰ μὴ τὴν Ἑλένην ἁρπάσαντα 
δίκας τῖσαι τοῖς ἀδικηθεῖσιν ὕστερον, ἡνίκα τοσοῦτον ἀπείργαστο φθόρον 
Ἑλλήνων καὶ βαρβάρων· ὅπερ Εὐριπίδης ἀνήνεγκεν εἰς τὸν Δία·  
Ζεὺς γὰρ κακὸν μὲν Τρωσὶ πῆμα δ' Ἑλλάδι  
θέλων γενέσθαι ταῦτ' ἐβούλευσεν πατήρ. 
 | [4,1,7] 7. Bien que le fait de ces poissons qu'on peut pêcher en creusant la 
terre soit déjà merveilleux en lui-même, la côte que nous venons de 
décrire nous offre quelque chose de plus merveilleux encore si l'on 
peut dire. Il s'agit d'une plaine située entre Massalia et les bouches du 
Rhône à une distance de 100 stades de la mer, et dont le diamètre 
(elle est de forme circulaire) a également 100 stades. Son aspect lui a 
fait donner le nom de Champ des Cailloux : elle est couverte, en effet, 
de cailloux gros comme le poing, sous lesquels pousse de l'agrostis, 
en assez grande quantité pour nourrir de nombreux troupeaux. Il s'y 
trouve de plus vers le milieu des eaux {saumâtres qui en se 
concentrant} deviennent des étangs salés {et qui en s'évaporant} 
laissent du sel. Toute cette plaine, ainsi que le pays situé au-dessus, 
se trouve fort exposée aux vents, mais surtout aux ravages du 
mélamborée, bise glaciale assez forte, dit-on, pour soulever et faire 
rouler une partie de ces cailloux, voire même pour précipiter des 
hommes à bas de leurs chariots, en leur enlevant du coup armes et 
vêtements. Aristote pense que toutes ces pierres ont été vomies à la 
surface du sol à la suite de quelque tremblement de terre, de la nature 
de ceux qu'on connaît sous le nom de brastes, et qu'entraînées par 
leur poids elles ont tout naturellement glissé vers ce fond et s'y sont 
entassées. Mais, suivant Posidonius, cette plaine n'est autre chose 
qu'un ancien lac, dont la surface, par suite d'une agitation ou 
fluctuation violente, s'est solidifiée, puis disloquée en une infinité de 
pierres toutes également polies, toutes de même forme et de 
même volume, comme sont les cailloux des rivières et les galets des 
plages, ressemblance du reste qui avait frappé Aristote aussi bien que 
Posidonius, mais dont ces auteurs ont cherché la cause, chacun à sa 
manière. En somme, la double explication qu'ils ont donnée du 
phénomène offre en soi de la vraisemblance, car il faut 
nécessairement que des pierres ayant cet aspect et cette disposition 
aient perdu leur nature primitive et se soient formées d'une concrétion 
de l'élément liquide, ou détachées de grandes masses rocheuses par 
le fait de déchirures incessantes {et régulières}. Toutefois Eschyle, qui 
connaissait déjà le phénomène, soit pour l'avoir observé {par lui-
même}, soit pour en avoir entendu parler à d'autres, l'avait jugé 
inexplicable et comme tel l'avait converti en fable. Voici en effet ce qu'il 
fait dire à Prométhée dans ses vers pour indiquer à Hercule la route 
qu'il doit suivre du Caucase aux Hespérides: 
« Puis tu rencontreras l'intrépide armée des Ligyens, et, si grande que 
soit ta vaillance, crois-moi, elle ne trouvera rien à redire au combat qui 
t'attend : à un certain moment (c'est l'arrêt du destin) les flèches te 
manqueront, sans que ta main puisse trouver sur le sol une seule 
pierre pour s'en armer, car tout ce terrain est mou. Heureusement, 
Jupiter aura pitié de ton embarras, il amassera au-dessous du ciel de 
lourds et sombres nuages, et fera disparaître la surface de la terre 
sous une grêle de cailloux arrondis, nouvelles armes qui te permettront 
alors de disperser sans peine l'innombrable armée des Ligyens. » 
Sur ce, Posidonius demande s'il n'eût pas mieux valu faire  pleuvoir 
ces pierres sur les Ligyens eux-mêmes et les en écraser tous que 
d'imaginer qu'un héros comme Hercule ait pu avoir besoin de tant de 
pierres {pour se défendre !}. - Mais non, dirons-nous à notre tour, car il 
fallait bien donner au héros des armes innombrables, du moment qu'on 
lui opposait d'innombrables ennemis. Voilà donc un premier point, ce 
semble, sur lequel le mythographe a raison contre le philosophe; 
ajoutons que tout le reste du passage échappe de même à la critique 
par la précaution que le poète a prise de s'y retrancher derrière un 
arrêt formel du destin; et en effet, que l'on se mette une fois à discuter 
les arrêts de la Providence et du destin, et l'on ne trouvera que trop 
d'occasions semblables de dire, soit à propos des événements de la 
vie humaine, soit à propos des phénomènes naturels, que les choses 
arrangées de certaine façon eussent été mieux que comme elles sont; 
qu'il eût mieux valu, par exemple, que l'Égypte dût sa fertilité à des 
pluies abondantes et non aux crues de l'Éthiopie, qu'il eût mieux valu 
aussi que Pâris, en faisant voile vers Sparte, pérît dans un naufrage au 
lieu d'expier tardivement, sous les coups de ceux qu'il avait offensés, 
l'injuste enlèvement d'Hélène, et le trépas de tant de Grecs et de 
barbares, ce qu'Euripide n'a pas manqué de rapporter à la volonté 
même de Jupiter 
« Car Jupiter, voulant la ruine des Troyens et le châtiment de la Grèce, 
avait décidé qu'il en serait ainsi. » 
 |