[4,1,6] 6. Ἅμα δ' ἥ τε τῶν Σαλύων ὀρεινὴ πρὸς ἄρκτον ἀπὸ τῆς ἑσπέρας κλίνει
μᾶλλον καὶ τῆς θαλάττης ἀφίσταται κατὰ μικρόν, καὶ ἡ παραλία παρὰ τὴν
ἑσπέραν περινεύει· μικρὸν δ' ἀπὸ τῆς πόλεως τῶν Μασσαλιωτῶν προελθοῦσα
ὅσον εἰς ἑκατὸν σταδίους ἐπὶ ἄκραν εὐμεγέθη πλησίον λατομιῶν τινων
ἐντεῦθεν ἄρχεται κολποῦσθαι καὶ ποιεῖν τὸν Γαλατικὸν κόλπον πρὸς τὸ
Ἀφροδίσιον, τὸ τῆς Πυρήνης ἄκρον· καλοῦσι δ' αὐτὸν καὶ Μασσαλιωτικόν.
Ἔστι δ' ὁ κόλπος διπλοῦς· ἐν γὰρ τῇ αὐτῇ περιγραφῇ δύο κόλπους ἀφορίζον
ἔκκειται τὸ Σήτιον ὄρος, προσλαβὸν καὶ τὴν Βλάσκωνα νῆσον πλησίον
ἱδρυμένην· τῶν δὲ κόλπων ὁ μὲν μείζων ἰδίως πάλιν καλεῖται Γαλατικός, εἰς ὃν
ἐξερεύγεται τὸ τοῦ Ῥοδανοῦ στόμα, ὁ δ' ἐλάττων ὁ κατὰ Νάρβωνά ἐστι μέχρι
Πυρήνης. Ἡ μὲν οὖν Νάρβων ὑπέρκειται τῶν τοῦ Ἄτακος ἐκβολῶν καὶ τῆς
λίμνης τῆς Ναρβωνίτιδος, μέγιστον ἐμπόριον τῶν ταύτῃ, πρὸς δὲ τῷ Ῥοδανῷ
πόλις ἐστὶ καὶ ἐμπόριον οὐ μικρόν, Ἀρελᾶτε· ἴσον δέ πως διέχει τὰ ἐμπόρια
ταῦτα ἀλλήλων τε καὶ τῶν εἰρημένων ἄκρων, ἡ μὲν Νάρβων τοῦ Ἀφροδισίου,
τὸ δ' Ἀρελᾶτε τῆς Μασσαλίας. Ἑκατέρωθεν δὲ τῆς Νάρβωνος ἄλλοι ποταμοὶ
ῥέουσιν οἱ μὲν ἐκ τῶν Κεμμένων ὀρῶν, οἱ δ' ἐκ τῆς Πυρήνης, πόλεις ἔχοντες,
εἰς ἃς ἀνάπλους οὐ πολύς ἐστι μικροῖς πλοίοις. Ἐκ μὲν τῆς Πυρήνης ὅ τε
Ῥουσκίνων καὶ ὁ Ἰλίβιρρις, πόλιν ἔχων ὁμώνυμον ἑκάτερος αὐτῶν, τοῦ δὲ
Ῥουσκίνωνος καὶ λίμνη πλησίον ἐστὶ καὶ χωρίον ὕφυδρον μικρὸν ὑπὲρ τῆς
θαλάττης, ἁλυκίδων μεστόν, τὸ τοὺς ὀρυκτοὺς κεστρεῖς ἔχον· δύο γὰρ ἢ τρεῖς
ὀρύξαντι πόδας καὶ καθέντι τριόδοντα εἰς ὕδωρ ἰλυῶδες ἔστι περιπεῖραι τὸν
ἰχθὺν ἀξιόλογον τὸ μέγεθος· τρέφεται δὲ ἀπὸ τῆς ἰλύος καθάπερ αἱ ἐγχέλυες.
Οὗτοι μὲν ἐκ τῆς Πυρήνης ῥέουσιν οἱ ποταμοὶ μεταξὺ Νάρβωνος καὶ τοῦ
Ἀφροδισίου. Ἐπὶ θάτερα δὲ μέρη τῆς Νάρβωνος ἐκ τοῦ Κεμμένου φέρονται
πρὸς τὴν θάλατταν, ἐξ οὗπερ καὶ ὁ Ἄταξ, ὅ τε Ὄρβις καὶ ὁ + Ῥαύραρις. Τούτων
ἐφ' οὗ μὲν Βαίτερρα πόλις ἀσφαλὴς ἵδρυται πλησίον τῆς Νάρβωνος, ἐφ' οὗ δὲ
Ἀγάθη, κτίσμα Μασσαλιωτῶν.
| [4,1,6] 6. En même temps que la chaîne de montagnes, où habitent les
Salyens, se détourne du couchant et prend une direction plus
septentrionale, s'éloignant ainsi peu à peu de la mer, la direction de la
côte vers l'ouest tend au contraire à devenir plus marquée; mais un
peu plus loin que Massalia, à 100 stades environ de la ville et à partir
d'un grand promontoire qu'avoisinent des carrières de pierre, elle
commence à décrire une courbe pour former avec l'Aphrodisium,
extrémité du mont Pyréné, le golfe Galatique ou Massaliotique. Ce
golfe est double, car du milieu de l'arc qu'il dessine se détache le mont
Setius qui, avec l'île voisine de Blascon, divise le golfe en deux
bassins. Le plus grand de ces deux bassins forme le golfe Galatique
proprement dit, c'est celui où le Rhône décharge ses eaux, le plus petit
est le golfe de Narbonne, qui s'étend jusqu'au mont Pyréné. Située
au-dessus des bouches de l'Atax et de l'étang Narbonitis, Narbonne est le
plus grand emporium ou marché de ces contrées. Il y a pourtant sur
les bords du Rhône une autre ville, la ville d'Arelate, dont le marché ne
manque pas non plus d'importance. Ces deux villes sont à peu près
aussi éloignées l'une de l'autre qu'elles le sont respectivement des
promontoires dont nous venons de parler, c'est-à-dire aussi éloignées
que Narbonne l'est de l'Aphrodisium et que l'est Arelate du {cap de}
Massalia. A droite et à gauche de Narbonne, on voit déboucher
différents cours d'eau qui descendent les uns des monts Cemmènes,
les autres du mont Pyréné, et qui se trouvent bordés de villes assez
peu distantes de la côte pour que de petites embarcations puissent
remonter jusque-là. Ceux qui descendent du mont Pyréné sont le
Ruscinon et l'Illibirris : ils baignent chacun une ville de même nom.
Ajoutons que le Ruscinon passe dans le voisinage d'un lac ou étang,
dans le voisinage aussi d'un terrain humide et tout rempli de sources
salées, qui n'est qu'à une faible distance de la mer et où l'on n'a qu'à
creuser pour pêcher des muges: on fait à cette intention un trou de
deux à trois pieds, puis on enfonce dans l'eau bourbeuse un trident, et
l'on a bien des chances pour ramener à la surface quelque muge de
belle taille, car ce poisson, comme l'anguille, se nourrit de vase. Les
deux cours d'eau que nous venons de nommer et qui descendent du
mont Pyréné se jettent dans la mer entre Narbonne et l'Aphrodisium;
quant à ceux qu'on voit déboucher de l'autre côté de Narbonne, ils
descendent tous du mont Cemmène : c'est de cette chaîne de
montagnes, par exemple, que viennent, indépendamment de l'Atax,
l'Orbis et l'Arauris, lesquels passent, le premier à Bæterra, ville forte
voisine de Narbonne, et le second à Agathé, colonie de Massalia.
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