[4,1,5] 5. Διοικοῦνται δ' ἀριστοκρατικῶς οἱ Μασσαλιῶται πάντων εὐνομώτατα,
ἀνδρῶν ἑξακοσίων καταστήσαντες συνέδριον, διὰ βίου ταύτην ἐχόντων τὴν
τιμήν, οὓς τιμούχους καλοῦσι. Πεντεκαίδεκα δ' εἰσὶ τοῦ συνεδρίου προεστῶτες,
τούτοις δὲ τὰ πρόχειρα διοικεῖν δέδοται. Πάλιν δὲ τῶν πεντεκαίδεκα
προκάθηνται τρεῖς οἱ πλεῖστον ἰσχύοντες, τούτων δὲ εἷς· τιμοῦχος {δ'} οὐ
γίνεται μὴ τέκνα ἔχων, μηδὲ διὰ τριγονίας ἐκ πολιτῶν γεγονώς. Οἱ δὲ νόμοι
Ἰωνικοί, πρόκεινται δὲ δημοσίᾳ. Χώραν δ' ἔχουσιν ἐλαιόφυτον μὲν καὶ
κατάμπελον, σίτῳ δὲ λυπροτέραν διὰ τὴν τραχύτητα, ὥστε πεποιθότες τῇ
θαλάττῃ μᾶλλον ἢ τῇ γῇ τὸ πρὸς ναυτιλίας εὐφυὲς εἵλοντο μᾶλλον. Ὕστερον
μέντοι ταῖς ἀνδραγαθίαις ἴσχυσαν προσλαβεῖν τινα τῶν πέριξ πεδίων ἀπὸ τῆς
αὐτῆς δυνάμεως· ἀφ' ἧς καὶ τὰς πόλεις ἔκτισαν, ἐπιτειχίσματα τὰς μὲν κατὰ
τὴν Ἰβηρίαν τοῖς Ἴβηρσιν, οἷς καὶ τὰ ἱερὰ τῆς Ἐφεσίας Ἀρτέμιδος παρέδοσαν
τὰ πάτρια, ὥστε ἑλληνιστὶ θύειν, τὴν δὲ Ῥόην Ἀγάθην τοῖς περὶ τὸν ποταμὸν
οἰκοῦσι τὸν Ῥοδανὸν βαρβάροις, τὸ δὲ Ταυροέντιον καὶ τὴν Ὀλβίαν καὶ
Ἀντίπολιν καὶ Νίκαιαν τῷ τῶν Σαλύων ἔθνει καὶ τοῖς Λίγυσι τοῖς τὰς Ἄλπεις
οἰκοῦσιν. Εἰσὶ δὲ καὶ νεώσοικοι παρ' αὐτοῖς καὶ ὁπλοθήκη· πρότερον δὲ καὶ
πλοίων εὐπορία καὶ ὅπλων καὶ ὀργάνων τῶν τε πρὸς τὰς ναυτιλίας χρησίμων
καὶ τῶν πρὸς πολιορκίας, ἀφ' ὧν πρός τε τοὺς βαρβάρους ἀντέσχον, καὶ
Ῥωμαίους ἐκτήσαντο φίλους, καὶ πολλὰ καὶ αὐτοὶ χρήσιμοι κατέστησαν
ἐκείνοις, κἀκεῖνοι προσέλαβον τῆς αὐξήσεως αὐτῶν. Σέξτιος γοῦν ὁ
καταλύσας τοὺς Σάλυας, οὐ πολὺ ἄπωθεν τῆς Μασσαλίας κτίσας πόλιν
ὁμώνυμον ἑαυτοῦ τε καὶ τῶν ὑδάτων τῶν θερμῶν, ὧν τινὰ μεταβεβληκέναι
φασὶν εἰς ψυχρά, ἐνταῦθά τε φρουρὰν κατῴκισε Ῥωμαίων, καὶ ἐκ τῆς
παραλίας τῆς εἰς τὴν Ἰταλίαν ἀγούσης ἀπὸ Μασσαλίας ἀνέστειλε τοὺς
βαρβάρους, οὐ δυναμένων τῶν Μασσαλιωτῶν ἀνείργειν αὐτοὺς τελέως. Οὐδ'
αὐτὸς δὲ πλέον ἴσχυσεν, ἀλλ' ἢ τοσοῦτον μόνον, ὅσον κατὰ μὲν τὰ εὐλίμενα
ἀπὸ τῆς θαλάττης ἀπελθεῖν (ἐπὶ) τοὺς βαρβάρους ἐπὶ δώδεκα σταδίους, κατὰ
δὲ τοὺς τραχῶνας ἐπὶ ὀκτώ· τὴν δὲ λειφθεῖσαν ὑπ' ἐκείνων τοῖς Μασσαλιώταις
παραδέδωκεν. Ἀνάκειται δ' ἐν πόλει συχνὰ τῶν ἀκροθινίων, ἃ ἔλαβον
καταναυμαχοῦντες ἀεὶ τοὺς ἀμφισβητοῦντας τῆς θαλάττης ἀδίκως. Πρότερον
μὲν οὖν εὐτύχουν διαφερόντως, περί τε τἆλλα καὶ περὶ τὴν πρὸς Ῥωμαίους
φιλίαν, ἧς πολλὰ ἄν τις λάβοι σημεῖα· καὶ δὴ καὶ τὸ ξόανον τῆς Ἀρτέμιδος τῆς
ἐν τῷ Ἀβεντίνῳ οἱ Ῥωμαῖοι τὴν αὐτὴν διάθεσιν ἔχον τῷ παρὰ τοῖς
Μασσαλιώταις ἀνέθεσαν. Κατὰ δὲ τὴν Πομπηίου πρὸς Καίσαρα στάσιν τῷ
κρατηθέντι μέρει προσθέμενοι τὴν πολλὴν τῆς εὐδαιμονίας ἀπέβαλον, ὅμως
δ' οὖν ἴχνη λείπεται τοῦ παλαιοῦ ζήλου παρὰ τοῖς ἀνθρώποις, καὶ μάλιστα
περὶ τὰς ὀργανοποιίας καὶ τὴν ναυτικὴν παρασκευήν. Ἐξημερουμένων δ' ἀεὶ
τῶν ὑπερκειμένων βαρβάρων, καὶ ἀντὶ τοῦ πολεμεῖν τετραμμένων ἤδη πρὸς
πολιτείας καὶ γεωργίας διὰ τὴν τῶν Ῥωμαίων ἐπικράτειαν, οὐδ' αὐτοῖς ἔτι
τούτοις συμβαίνοι ἂν περὶ τὰ λεχθέντα τοσαύτη σπουδή. Δηλοῖ δὲ τὰ
καθεστηκότα νυνί· πάντες γὰρ οἱ χαρίεντες πρὸς τὸ λέγειν τρέπονται καὶ
φιλοσοφεῖν, ὥσθ' ἡ πόλις μικρὸν μὲν πρότερον τοῖς βαρβάροις ἀνεῖτο
παιδευτήριον, καὶ φιλέλληνας κατεσκεύαζε τοὺς Γαλάτας, ὥστε καὶ τὰ
συμβόλαια ἑλληνιστὶ γράφειν· ἐν δὲ τῷ παρόντι καὶ τοὺς γνωριμωτάτους
Ῥωμαίων πέπεικεν, ἀντὶ τῆς εἰς Ἀθήνας ἀποδημίας ἐκεῖσε φοιτᾶν, φιλομαθεῖς
ὄντας. Ὁρῶντες δὲ τούτους οἱ Γαλάται καὶ ἅμα εἰρήνην ἄγοντες, τὴν σχολὴν
ἄσμενοι πρὸς τοὺς τοιούτους διατίθενται βίους οὐ κατ' ἄνδρα μόνον, ἀλλὰ καὶ
δημοσίᾳ· σοφιστὰς γοῦν ὑποδέχονται τοὺς μὲν ἰδίᾳ, τοὺς δὲ (πόλεις) κοινῇ
μισθούμεναι, καθάπερ καὶ ἰατρούς. Τῆς δὲ λιτότητος τῶν βίων καὶ τῆς
σωφροσύνης τῶν Μασσαλιωτῶν οὐκ ἐλάχιστον ἄν τις θείη τοῦτο τεκμήριον· ἡ
γὰρ μεγίστη προὶξ αὐτοῖς ἐστιν ἑκατὸν χρυσοῖ καὶ εἰς ἐσθῆτα πέντε καὶ πέντε
εἰς χρυσοῦν κόσμον· πλέον δ' οὐκ ἔξεστι. Καὶ ὁ Καῖσαρ δὲ καὶ οἱ μετ' ἐκεῖνον
ἡγεμόνες πρὸς τὰς ἐν τῷ πολέμῳ γενηθείσας ἁμαρτίας ἐμετρίασαν,
μεμνημένοι τῆς φιλίας, καὶ τὴν αὐτονομίαν ἐφύλαξαν, ἣν ἐξ ἀρχῆς εἶχεν ἡ
πόλις, ὥστε μὴ ὑπακούειν τῶν εἰς τὴν ἐπαρχίαν πεμπομένων στρατηγῶν μήτε
αὐτὴν μήτε τοὺς ὑπηκόους. Περὶ μὲν Μασσαλίας ταῦτα.
| [4,1,5] 5. La constitution de Massalia, avec sa forme aristocratique, peut être
citée comme le modèle des gouvernements. Un premier conseil est
établi, qui compte 600 membres nommés à vie et appelés timouques.
Cette assemblée est présidée par une commission supérieure de
quinze membres chargée de régler les affaires courantes et présidée
elle-même par trois de ses membres, qui, sous la présidence enfin de
l'un d'eux, exercent le souverain pouvoir. On ne peut être timouque, si
l'on n'a point d'enfants et si l'on n'appartient point à une famille ayant
droit de cité depuis trois générations. Les lois sont les lois ioniennes ;
elles sont toujours exposées en public. Les Massaliotes occupent un
territoire dont le sol, favorable à la culture de l'olivier et de la vigne, est,
en revanche, par sa nature âpre, beaucoup trop pauvre en blé; aussi
les vit-on dès le principe, plus confiants dans les ressources que
pouvait leur offrir la mer que dans celles de l'agriculture, chercher à
utiliser de préférence les conditions heureuses où ils se trouvaient
placés pour la navigation et le commerce maritime. Plus tard
cependant, à force d'énergie et de bravoure, les Massaliotes réussirent
à s'emparer d'une partie des campagnes qui entourent leur ville.
Ajoutons qu'ils avaient employé leurs forces militaires à fonder un
certain nombre de places destinées à leur servir de boulevards contre
les Barbares : les unes, situées sur la frontière d'Ibérie, devaient les
couvrir contre les incursions des Ibères, de ce même peuple à qui ils
ont communiqué avec le temps les rites de leur culte national (le culte
de Diane d'Éphèse), et que nous voyons aujourd'hui sacrifier à la façon
même des Grecs; les autres, telles que Rhodanusia et Agathé,
devaient les défendre contre les Barbares des bords du Rhône;
d'autres enfin, à savoir Tauroentium, Olbia, Antipolis et Nicaea,
devaient arrêter les Salyens et les Ligyens des Alpes. Massalia
possède encore des cales ou abris pour les vaisseaux et tout un
arsenal; mais ses habitants n'ont plus ce grand nombre de vaisseaux
qu'ils possédaient naguère, ni cette quantité d'engins et de machines
pour l'armement des navires et les siéges de villes, qui leur avaient
servi à repousser les agressions des Barbares et à se ménager, qui
plus est, l'amitié des Romains, en les mettant à même de rendre à
ceux-ci maints services, que les Romains, à leur tour, avaient
reconnus en contribuant à leur agrandissement. C'est ainsi que
Sextius, après avoir vaincu les Salyens et fondé, non loin de Massalia,
la ville d'Aquæ-Sextiae, laquelle reçut ce nom en l'honneur de son
fondateur et en commémoration de ces sources thermales si célèbres
naguère, mais si dégénérées aujourd'hui, puisqu'une partie, dit-on, ne
donne plus que de l'eau froide, entreprit, avec l'aide de la garnison qu'il
avait mise dans cette ville, de dégager la route qui va de la frontière
d'Italie à Massalia, en expulsant du littoral les Barbares, que les
Massaliotes n'avaient pas encore réussi à en éloigner complètement.
Par le fait, Sextius ne réussit pas beaucoup mieux dans son entreprise,
car tout ce qu'il put obtenir se réduisit à ceci, que, dans les parties
facilement accessibles aux vaisseaux, les Barbares se tiendraient
désormais à une distance de 12 stades de la côte et à une distance de
8 stades dans les parties bordées de rochers; mais il s'empressa de
livrer aux Massaliotes le peu de terrain qu'abandonnaient les Barbares.
Beaucoup de trophées et de dépouilles encore exposés dans la ville
rappellent maintes victoires navales, remportées jadis par les
Massaliotes sur les différents ennemis dont l'ambition jalouse leur
contestait le libre usage de la mer. On voit donc qu'anciennement la
prospérité des Massaliotes était arrivée à son comble, et qu'entre
autres biens ils possédaient pleinement l'amitié des Romains, comme
le marque assez, du reste, parmi tant de preuves qu'on en pourrait
donner, la présence sur l'Aventin d'une statue de Diane, disposée
absolument de même que celle de Massalia. Par malheur, lorsque
éclata la guerre civile entre César et Pompée, ils prirent fait et cause
pour le parti qui eut le dessous, et leur prospérité en fut gravement
compromise. Ils ne renoncèrent pourtant pas encore complètement à
leur ancien goût pour la construction des machines de guerre et pour
les armements maritimes. Mais comme, par le bienfait de la
domination romaine, les Barbares qui les entourent se civilisent
chaque jour davantage et renoncent à leurs habitudes guerrières pour
se tourner vers la vie publique et l'agriculture, le goût dont nous
parlons n'aurait plus eu, à proprement parler, d'objet; ils ont donc
compris qu'ils devaient donner eux aussi un autre cours à leur activité.
En conséquence, tout ce qu'ils comptent aujourd'hui de beaux esprits
se porte avec ardeur vers l'étude de la rhétorique et de la philosophie;
et, non contents d'avoir fait dès longtemps de leur ville la grande école
des Barbares et d'avoir su rendre leurs voisins philhellènes au point
que ceux-ci ne rédigeaient plus leurs contrats autrement qu'en grec, ils
ont réussi à persuader aux jeunes patriciens de Rome eux-mêmes de
renoncer désormais au voyage d'Athènes pour venir au milieu d'eux
perfectionner leurs études. Puis, l'exemple des Romains ayant gagné
de proche en proche, les populations de la Gaule entière, obligées
d'ailleurs maintenant à une vie toute pacifique, se sont vouées à leur
tour à ce genre d'occupations, et notez que ce goût chez elles n'est
pas seulement individuel, mais qu'il a passé en quelque sorte dans
l'esprit public, puisque nous voyons particuliers et communautés à
l'envi appeler et entretenir richement nos sophistes et nos médecins.
{Malgré ce changement}, les mœurs des Massaliotes sont restées
simples et leurs habitudes modestes, rien ne l'atteste mieux que
l'usage suivant: la dot la plus forte chez eux est de cent pièces d'or, à
quoi l'on peut ajouter encore cinq pièces pour les habits et cinq pour
les bijoux d'orfèvrerie, mais la loi ne permet pas davantage. Du reste,
César et les princes, ses successeurs, en souvenir de l'ancienne
alliance de Rome avec Massalia, se sont montrés indulgents pour les
fautes qu'elle avait commises pendant la guerre civile, et lui ont
conservé l'autonomie dont elle avait joui de tout temps, de sorte
qu'aujourd'hui elle n'obéit pas, non plus que les villes qui dépendent
d'elle, aux préfets envoyés de Rome pour administrer la province. -
Voilà ce que nous avions à dire au sujet de Massalia.
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